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La France d’outre-mer entre deux eaux

Situation difficile pour le tourisme ultramarin : les grèves en Guadeloupe et Martinique restent dans les mémoires, la crise a ramené la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie des années en arrière, Saint-Martin attire peu, la Réunion résiste avec peine, la Guyane demeure une niche…

C’était il y a un an tout juste. Après plusieurs semaines de paralysie, la grève générale prenait fin en Guadeloupe et en Martinique. Un hiver plus tard, peut-on parler de retour à la normale pour le tourisme antillais ? La réponse est très largement variable selon les tour-opérateurs. Dans le camp des optimistes, Exotismes annonce des ventes supérieures aux meilleures prévisions, tandis que Nouvelles Frontières parle de réservations en hausse de 30 % par rapport à l’an dernier. À l’inverse, Tourinter enregistre une chute de 20 % par rapport à 2009. « Les hôtels ont fait le plein pendant les vacances de février, mais sont vides le reste du temps, confie Christophe Perot, le PDG du TO. Pour l’instant, beaucoup d’agences ne veulent plus entendre parler des Antilles. » François Bénard, le PDG de Nouvelles Antilles, renchérit : « Dans le meilleur des cas, il va nous falloir deux à trois ans pour remonter complètement la pente. »

« DES SERVICES PLUS EUROPÉENS »

La crise antillaise a-t-elle néanmoins été à l’origine de retombées positives pour d’autres destinations ultramarines françaises ? Pas pour Saint-Martin, manifestement. L’île caribéenne que se partagent la France et les Pays-Bas ne parvient toujours pas à se relancer. Le cas de l’hôtel Radisson est, à cet égard, exemplaire. Rouvert en décembre 2008, après deux ans et demi de rénovation, l’établissement a dû se contenter, l’an dernier, d’un taux d’occupation moyen de 40 % et d’une clientèle provenant à 65 % des États-Unis, les Français ne représentant quant à eux que 10 % des volumes. Résultat : l’hôtel prépare de nouveaux travaux, « afin d’offrir des services plus européens et plus haut de gamme », explique Jeff Lesker, son directeur. Reste que la partie française de l’île souffre d’un manque cruel de capacités hôtelières, d’une qualité de service encore insuffisante, et de la concurrence de la partie hollandaise, dotée d’une fiscalité avantageuse et du seul port capable d’accueillir les paquebots de croisière, dont les milliers de passagers se ruent dans les magasins de luxe détaxés. La Réunion, elle non plus, n’a pas bénéficié de véritable effet de report lors des grèves antillaises. Certes, l’île a accueilli 422 000 visiteurs l’an dernier, soit 6,4 % de plus qu’en 2008 (ce qui ne lui permet toujours pas de revenir au niveau de l’avant-chikungunya), mais cette croissance est principalement portée par le tourisme affinitaire et familial. Les hôtels de l’île, au contraire, ont enregistré une baisse de fréquentation de 6 % sur l’année. « Ce sont surtout les combinés Réunion-Maurice qui marchent bien », commente Didier Sylvestre, directeur général d’Exotismes. Chez Tourinter, cependant, les efforts de production ont été récompensés par une progression des ventes de 25 % en 2009. Mais la dynamique s’est rompue en ce début d’année, marqué par un recul des réservations de 2 % chez le spécialiste des îles.

INQUIÉTUDES SUR LE PACIFIQUE

La situation est bien plus préoccupante dans l’océan Pacifique. En enregistrant une baisse de fréquentation totale de 18,3 % l’an dernier (- 7,4 % sur le marché métropolitain), la Polynésie française est retombée au niveau d’il y a vingt-cinq ans, tandis que la Nouvelle-Calédonie, dont le nombre de visiteurs a baissé de 4 % (et de 13 % pour la clientèle hexagonale), affiche des résultats comparables à ceux enregistrés il y a quinze ans. À l’origine de ces mauvais chiffres, la crise économique internationale, bien sûr. Mais pas seulement. La concurrence d’autres destinations de la région, qui attirent des clientèles de proximité grâce à des prix bien moins élevés, mais aussi de l’océan Indien, plus proche et moins cher pour les Européens, joue un rôle déterminant. Pour s’aligner et éviter de se retrouver vides, les hôtels polynésiens ont cassé les prix jusqu’au maximum possible, au risque de finir par s’asphyxier. Les TO, en revanche, semblent satisfaits de leurs résultats polynésiens : pour 2009, Exotismes annonce une hausse de 31 % du nombre de ses clients par rapport à 2008 ; Austral Lagons une légère baisse ; Tourinter une progression de 18 % sur le début 2010. La Nouvelle-Calédonie est, en revanche, en passe de devenir un casse-tête pour les voyagistes. « On était habitués à des croissances à deux chiffres depuis deux ans, mais on constate désormais un désintérêt de la clientèle », regrette Hervé Papin, directeur commercial d’Australie tours.

UN MARCHÉ À PRENDRE EN GUYANE

Sur ce marché des destinations ultramarines de niche, la Guyane semble à peine mieux lotie. Certes, les avions au départ de Paris font le plein. Air Caraïbes, venu s’attaquer au monopole d’Air France en décembre 2008, a ainsi enregistré durant sa première année d’exploitation des résultats supérieurs aux espérances. Mais à destination, les hôtels sont loin d’en dire autant : selon l’Insee, le nombre de nuitées a reculé de 21 % l’an dernier. Et les volumes de ventes des TO demeurent anecdotiques, preuve que le marché reste à conquérir.

« On était habitués à des croissances à deux chiffres depuis deux ans, mais on constate un désintérêt pour la Nouvelle-Calédonie »

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