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La Corse voit son image encore écornée

Les professionnels de l'île ont dû trouver rapidement des solutions de secours pour résoudre le blocus des ports. A leurs frais. L'impact des grèves sur le futur risque d'être important.

 

Une fois encore, l'image de la Corse en a pris un sérieux coup avec environ 15 000 personnes bloquées pendant trois jours au cours du premier week-end d'octobre. Et des images relayées par les médias montrant des passagers pris en otage, terriblement préjudiciables pour le devenir de la destination.

Au cours de ce week-end maudit, Jean Ferrandini, président de la Chambre régionale du Snav en Corse, et " patron " de Corse Voyages à Calvi, recevait justement les présidents régionaux du Snav. A défaut de leur faire découvrir les charmes de l'île de Beauté en arrière-saison, il leur a démontré la capacité des professionnels à résoudre une crise. " Avec les conflits récurrents de la SNCM, nous avons appris à gérer ce type de situation. Un comité de pilotage a été chargé d'identifier tous les scénarios avec trois mots clés : informer, rassurer, aider ", résume Bernard Gras, directeur général d'Ollandini Voyages, leader de la destination (67 800 clients en 2004). " Nous avons envoyé des informations aux agences en contact direct avec les clients et joint ces derniers par SMS. Toutes les solutions ont été recherchées pour les acheminer, y compris un transit par la Sardaigne, via Bonifacio, le lundi ", précise-t-il. Air France est pointée du doigt. " La compagnie a refusé de reporter les billets des groupes, que nous avons dû racheter au prix fort. Les seuls qui ont joué le jeu sont les hôteliers et les autocaristes locaux ", indiquent d'une seule voix les professionnels.

Il a aussi fallu gérer la " rouspétance "

Après un été satisfaisant qui a vu la fréquentation progresser de 6 % par rapport à 2004 (certes médiocre), les conséquences économiques de ce conflit pourraient être désastreuses. " Il tombe mal, car c'est la fin de saison qui permet de gagner notre vie ", confie Jean-Marc Ettori, de Corsicatours (35 000 clients en 2004), qui a dû annuler une vingtaine de groupes. " Nous avons dû aussi rapatrier en avion les occupants d'un car entier, en payant la différence. Sans compter la « rouspétance » qu'il a fallu gérer ".

Nouvelles Frontières a eu plus de chance. Le TO a pu partiellement " passer entre les gouttes " car ce premier week-end d'octobre coïncidait avec les deux derniers vols charters de la saison. " Mais cette situation va certainement ternir l'image de la Corse ", explique Frédéric Langlois, directeur de la zone Méditerranée du groupe NF/TUI. Il estime que les clients sont de plus en plus nombreux à choisir une traversée en bateau avec Corsica Ferries (avec leur véhicule personnel), une solution moins onéreuse pour une famille qu'un vol et une location de voiture. " Après un début de saison très moyen, l'automne s'annonçait bien ", regrette également Jean-Marc Ettori.

Tour de Corse 2005 et escales de croisières menacés

Le pire est peut-être encore à venir pour les professionnels car se rajoute la crainte de voir annuler le Tour de Corse, du 20 au 23 octobre. Cette épreuve du Championnat du monde des rallyes assure un taux de remplissage de 95 % aux hôtels et rapporte 11 millions d'euros à l'économie insulaire.

A plus long terme, outre la frilosité de la clientèle, les bateaux de croisières pourraient se détourner des ports corses. " Beaucoup d'escales se feront en Sardaigne en 2006 ", grogne Bernard Gras chez Ollandini Voyages, qui chiffre son manque à gagner à 400 000EE, dont la moitié avec l'activité générée par les croisières. Pour redorer son blason, l'Agence du tourisme de la Corse prévoit de lancer une campagne de communication dès qu'une solution durable sera trouvée pour la SNCM.

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