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Jérôme Mercier (Campings.com) : « Chaque semaine qui passe aura un impact sur la rentabilité du secteur »

Jérôme Mercier, le directeur général de Campings.com, constate un ralentissement des recherches liées au camping – et des réservations qui en découlent – depuis le début de l’invasion militaire russe en Ukraine.

L’Echo touristique : La plupart des acteurs de l’industrie ont vécu un très beau mois de février, mais l’invasion militaire russe en Ukraine semble avoir enrayé ce dynamisme

Jérôme Mercier : Campings.com a vécu un début de saison sur les chapeaux de roue, avec un très fort redémarrage, c’est vrai. La saisonnalité des réservations demeure décalée par rapport à une année habituelle, mais ça n’est pas comparable avec ce que nous avons vécu depuis deux ans. Théoriquement, le mois de mars correspond à une réelle montée en charge au niveau des réservations. Nous étions donc très optimistes. Mais le contexte géopolitique entre l’Ukraine et la Russie a, en effet, ralenti l’activité.

De quelle façon pouvez-vous le mesurer ? L’Ukraine semble loin des produits vendus par Campings.com, souvent situés en France…

Jérôme Mercier : Nous avons différents outils qui nous permettent de constater, par exemple, une baisse des recherches de mots clés phares liés à l’hôtellerie de plein air, comme « campings + Var » par exemple, de l’ordre de 20% par rapport à la même période, en 2021. Nos partenaires, qui ont la possibilité de vendre en direct, nous ont également confié qu’ils constataient une baisse franche de leurs ventes via ce canal. Les vacances de février terminées et les baisses observées dès le 25 février (jour du début de l’invasion militaire russe en Ukraine, NDLR) nous prouvent que le contexte géopolitique a bien un impact sur le comportement des Français. Ils cherchent moins à planifier leurs vacances qu’ils ne devraient le faire à cette période, et cela aura forcément un impact sur la saison.

Quels sont les leviers d’un opérateur comme Campings.com pour limiter cet impact ?

Jérôme Mercier : Tout dépendra, bien sûr, de l’évolution de la situation en Ukraine. Il faut d’ailleurs parler de la question humaine, qui est la plus importante de toute, avant d’aborder la question commerciale. Il est urgent que cette guerre prenne fin pour que les bombardements cessent et que les populations civiles, et notamment les femmes et les enfants, n’en soient plus les victimes. Cette situation géopolitique créée de l’anxiété dans l’esprit des Français, qui s’interrogent également sur leur pouvoir d’achat dans les mois à venir. De notre côté, si nous voulons soutenir notre écosystème et nos partenaires, nous devons augmenter la visibilité de notre offre sur le canal digital. C’est notre seul levier. La question est de savoir si cette crise va durer, et comment le marché finira par l’appréhender.

Une sortie de crise rapide semble inenvisageable pour le moment…

Jérôme Mercier : Les comportements du marché peuvent, eux, évoluer avec le temps. Est-ce que les Français vont, comme pendant la crise sanitaire, rester prudents et privilégier des vacances en France ? Proches de leur domicile, pour maîtriser leur budget carburant ? Nous ne le savons pas encore. Pour l’instant, nous ne constatons pas ce genre de comportements. Par exemple, depuis le 25 février, la distance entre le lieu de résidence et la destination de vacances ne semble pas montrer de baisse significative. En moyenne, les clients prévoient de parcourir 400 kilomètres, contre 435 kilomètres pour les clients ayant réservé entre le 1er octobre 2021 et le 24 février 2022. Mais le marché est attentiste, c’est évident.

La saison estivale 2022 est-elle d’ores et déjà minée par cette actualité ?

Jérôme Mercier : Tant que nous ne connaîtrons pas la durée de cette crise, c’est difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que chaque semaine qui passe aura un impact sur la rentabilité du secteur, qui réalise 80% de son chiffre d’affaires pendant la très haute saison. Si cet attentisme dure et que la fenêtre de tir pour la commercialisation se réduit, cela impactera notre taux de remplissage, notre panier moyen, etc… Et nous devrons compenser, via des efforts marketing par exemple, pour protéger notre écosystème et nos parts de marché.

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