4 roues sous 1 parapluie : « Aujourd’hui, la liberté passe par le tourisme et le voyage »
Le Covid leur a imposé de ralentir la cadence et d’adapter leur offre. Mais après avoir repris l’entreprise en juin, les deux dirigeants de 4 roues sous 1 parapluie n’attendent qu’une chose : pouvoir à nouveau mordre l’asphalte des routes de France, avec des projets plein les cartons.
Se lancer dans le tourisme en plein Covid ? Ils l’ont fait. Au printemps dernier, alors que 4 roues sous 1 parapluie soufflait ses 18 bougies, Florent Dargnies a passé les clés à Romain Jouhaud et Emmanuel Mounier. Voici donc désormais ces deux ingénieurs de formation à la tête d’une flotte de 45 2CV – sans oublier « Marguerite », la première 2CV électrique. Des petits bolides entretenus avec amour qui sillonnent les rues de Paris et Bordeaux pour des balades touristiques privatives ou des team-bulding sur le thème de l’art de vivre à la française.
« Dans notre entourage, la reprise de 4 roues sous 1 parapluie a pu sembler étonnante, confie Romain Jouhaud, nouveau Directeur Général de l’entreprise, aux côtés d’Emmanuel Mounier, qui en a pris la présidence. Mais nous sommes convaincus que nous allons sortir de cette crise d’une manière ou d’une autre. Tout le monde a plus que jamais envie de liberté et aujourd’hui, la liberté passe par le tourisme et le voyage. C’est une vraie opportunité ». Les nouveaux propriétaires prévoient déjà de déployer 4 roues sous 1 parapluie dans l’ensemble de l’Hexagone, avec plusieurs nouvelles implantations d’ici 2024, dans la région lyonnaise, à Biarritz ou Aix-en-Provence.
La douloureuse absence des touristes étrangers
Mais pour l’instant, le virus est toujours là, et les « deuches » se languissent des touristes étrangers qui représentent en temps normal 50% de leur clientèle. Bordeaux est particulièrement impactée : habituellement, les clients des winetours dans les vignobles sont Américains ou Australiens. ces deux derniers mois, seuls deux winetours ont été réalisés… contre deux par week-end avant l’épidémie. Le chiffre d’affaires s’en ressent fatalement : malgré une fébrile reprise des événements d’entreprise, il reste bien inférieur à ce qu’il était en 2019, en baisse de 50%. Insuffisant pour retrouver un fonctionnement normal de l’activité. « Nous avons encore besoin du soutien de l’Etat », souligne le chef d’entreprise, qui a souscrit un PGE pour passer le cap et a aussi dû recourir au fonds de solidarité. « Nous avons beaucoup de coûts fixes. Notamment pour maintenir la flotte en état. Ce sont des dépenses incompressibles. »
Comme beaucoup d’opérateurs touristiques, l’entreprise essaie donc se tourner vers la clientèle locale. Ce qui suppose quelques ajustements. « Nous sommes obligés de réinventer notre activité parce que notre produit est assez haut de gamme, avec chauffeur privé. C’est un produit qui convient bien à des Australiens ou à des Américains, dont les paniers moyens sont assez élevés”, explique Romain Jouhaud. “Nous essayons de travailler sur différentes activités pour capter davantage la clientèle française, poursuit-il, comme des chasses au trésor, ou des balades sans chauffeur. » L’entreprise compte aussi faire grossir l’activité tourisme d’affaires qui a plus le vent en poupe actuellement. “Les entreprises veulent rassembler leurs employés qui sont en télétravail, constate Romain Jouhaud.
Bientôt des « deuches » à hydrogène ?
De quel œil l’entrepreneur regarde-t-il la rentrée qui arrive ? « C’est mitigé, avoue-t-il. Il y a autant d’enthousiasme que d’inquiétudes. Nous avons beaucoup de demandes pour des événements d’entreprise et un peu de balades touristiques. Mais notre enjeu, c’est de générer d’ici la fin octobre assez de trésorerie pour traverser les mois d’hiver, qui sont des mois creux. Notre crainte, c’est que de nouvelles restrictions sanitaires mettent à nouveau l’activité à l’arrêt ».
Refonte de l’offre, lifting du site Internet, nouvelles grilles tarifaires… La to-do list est fournie pour Romain Jouhaud et Emmanuel Mounier (également fondateur du groupe de presse Unique Heritage Media, ndlr). L’innovation et le tourisme durable y figurent aussi. « Ce qui nous a séduits dans cette 4 roues sous 1 parapluie, c’est l’activité touristique, mais aussi le fait que c’est une entreprise qui a développé des innovations technologiques », rappelle Romain Jouhaud. En 2015, Florent Dargnies avait créé Marguerite, la première 2CV électrique. D’ici 2025, Romain Jouhaud et Emmanuel Mounier ambitionnent à leur tour de lancer la première 2CV à hydrogène. Alors que les « zones à faibles émissions » (ZFE) interdisant les voitures anciennes dans les centres-villes sont appelées à se multiplier ces prochaines années, la mythique 2CV n’a pas dit son dernier mot.