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Grèves : un “coup d’arrêt” pour l’hôtellerie

Après un mois de grève, les professionnels du secteur constatent un fléchissement de leur activité. Et craignent surtout les répercussions des mouvements sociaux sur la saison estivale.

Les annulations et reports sont désormais le lot quotidien de nombreux professionnels de l’hôtellerie. D’après les estimations du cabinet MKG, en raison des mouvements sociaux, le mois d’avril devrait se terminer avec une fréquentation en net recul en province. L’hôtellerie francilienne, en revanche, devrait afficher une progression par rapport à l’an dernier, mais en recul par rapport à un “excellent début d’année 2018″. « Pour ces hôtels, on passe d’une croissance à deux chiffres à une croissance à un chiffre », regrette ainsi le GNI dans un communiqué. C’est « un coup d’arrêt à la bonne dynamique du début d’année dans l’hôtellerie”, analyse quant à lui le cabinet MKG. Alors que les trois premiers mois de 2018 avaient montré une hausse de plus de deux points du taux d’occupation moyen par rapport à un an auparavant, “un ralentissement est clairement observé pour le première quinzaine d’avril’. « Paris s’en sort mais la province souffre, et plus particulièrement la façade atlantique qui enregistre une baisse d’activité de l’ordre de 25% » sur un an, observe de son côté Didier Chenet, président du groupement patronal de l’hôtellerie-restauration GNI. « La baisse d’activité est de 15% en Paca et en Corse, comme en Auvergne elle est de 10% en Occitanie, en Normandie et dans le Centre Val de Loire. Les Hauts de France enregistrent une baisse d’activité de 5% de leur hôtellerie », indique le groupement patronal. Laurent Duc, président de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), évoque pour sa part une « perte d’activité (qui) atteint 10% à 20% selon les régions » et s’attend à un statu quo pour le mois de juin. Car les professionnels scrutent déjà les carnets de réservation avec inquiétude pour la saison estivale.

« Les professionnels ont l’impression d’être pris en otage »

Et ce d’autant plus que la grève perlée, qui doit durer jusqu’en juin à la SNCF, pourrait être reconduite sur les mois de juillet et août d’après Le Parisien. Les réservations pour le mois de juin, mois très important pour le secteur, « sont déjà en retrait par rapport à la même date l’an dernier, jusqu’à -15% pour certains, en province et à Paris », déplore ainsi Didier Chenet. Selon Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, les mouvements sociaux risquent de profiter à d’autres pays.  « Les enquêtes d’intention montrent que les Français veulent partir, qu’ils ont envie de soleil pour les vacances d’été. L’offre aérienne est conséquente et pas seulement sur les aéroports parisiens, elle existe aussi en province », prévient-il. René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs (Seto), craint lui que ces grèves découragent carrément les Français de partir en voyage, avec des « répercussions sur tous les acteurs ». Car « nous n’avons jamais eu de grèves combinées SNCF et Air France », relève-t-il. Une situation qui a conduit Les Entreprises du voyage à demander des compensations financières à Air France sur la période des grèves. Le syndicat a en effet chiffré, pour  les agences, le coût du conflit à un million d’euros pour la seule première semaine d’avril. Un calcul basé à la fois sur la perte de productivité liée au travail supplémentaire et aux frais additionnels engagés par les professionnels. Face à cette situation de blocage, les Entreprises du Voyage ne mâchent pas leurs mots. Au sein du GNI, le ton se durcit aussi. « Tous les professionnels espèrent une sortie de crise rapide, souligne le syndicat dans un communiqué. Ils ont l’impression d’être pris en otage. Déjà des difficultés de trésorerie se présentent. Si les grèves venaient à se poursuivre sur le mois de mai comme cela est annoncé, alors il y aura de la casse. Certains devront mettre la clé sous la porte. Le GNI demande au Gouvernement d’activer la cellule de continuité économique réunie par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie pendant l’hiver 2015. Quant aux cheminots, nous leur demandons de cesser de nous prendre en otage. Ils seraient bien inspirés de reprendre le travail. »  

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