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François Baltus-Languedoc (Martinique) : « Nous espérons la levée de la septaine d’ici cet été »

A la veille de la levée des motifs impérieux, François Baltus-Languedoc, le directeur général du Comité Martiniquais du Tourisme, estime que la septaine est le dernier frein à desserrer pour une reprise structurelle de l’activité touristique en Martinique. Entretien.

L’Echo touristique : A compter du 9 juin, les voyages vers la Martinique ne seront plus conditionnés à un motif impérieux. C’est une bonne nouvelle ?             

François Baltus-Languedoc : C’est une étape décisive, tout simplement parce qu’il ne peut pas y avoir de tourisme avec ce genre de restrictions. Nous sommes agréablement surpris, car nous nous attendions une levée de ces restrictions plus tardives. Mais le troisième confinement a été vraiment bénéfique en Martinique, où le taux d’incidence est désormais inférieur à 20 pour 100 000. Depuis cette annonce, que nous attendions avec impatience, tous les professionnels du tourisme en Martinique se préparent à la réouverture.

Une septaine est toujours imposée aux voyageurs venus de métropole non vaccinés…

François Baltus-Languedoc : Ça reste un frein pour la reprise. Les touristes qui veulent entrer en Martinique, même ceux qui sont vaccinés, doivent fournir un test PCR négatif réalisé dans les 72 heures avant le départ. Ceux qui ne sont pas vaccinés s’engagent également à respecter une période d’auto-isolement de 7 jours. C’est moins problématique pour la clientèle affinitaire, qui séjourne longtemps dans l’île, que pour la clientèle familiale, qui vient profiter de la Martinique pendant la saison estivale. Nous œuvrons pour que cette obligation de septaine soit levée, et nous avons bon espoir que cela soit le cas d’ici à la fin du mois. Les indicateurs sanitaires sont meilleurs, en Martinique comme en métropole. Et l’hiver dernier a prouvé que le filtre du test PCR était efficace.           

C’est-à-dire ?    

François Baltus-Languedoc : Entre le début du mois de décembre, quand la Martinique s’est déconfinée, et la mi-janvier, nous avons reçu 40000 touristes, principalement venus de métropole et de Belgique. Les indicateurs sanitaires n’ont pas explosé, alors que l’île vivait normalement ou presque, avec les restaurants ouverts notamment. Cet exemple montre que le test PCR suffit à maîtriser l’arrivée des touristes sur l’île, et à gérer les flux.

La levée de la septaine permettrait donc à la Martinique de se remettre en selle ?  

François Baltus-Languedoc : Les tendances sont bonnes, donc on peut se montrer optimistes. La levée de la septaine nous permettrait de rentrer définitivement dans la saison estivale, qui est si agréable en Martinique. Notre ressenti est positif, et on a le sentiment qu’on va vivre un bel été, pour le tourisme de loisir comme pour le tourisme affinitaire. D’ailleurs, les avions se remplissent et les compagnies aériennes augmentent leur desserte. C’est un signe encourageant.

La question de la desserte aérienne est plus que jamais stratégique pour l’île ?

François Baltus-Languedoc : C’est ce qui nous permettra de satisfaire nos marchés les plus forts (France, Belgique, Canada, États-Unis), et de faire grandir les marchés émergents (Allemagne, Suisse, Espagne, Italie). Dans cette optique, la nouvelle liaison entre Roissy Charles de Gaulle, le hub d’Air France, et Fort-de-France, est une très bonne nouvelle. Il va permettre de faciliter les connexions de la clientèle européenne. Le fait de ne pas avoir ce vol nous a fortement pénalisés, et nous le demandons depuis plusieurs années. La pandémie a redistribué les cartes pour Air France, et c’est profitable pour la Martinique. Air France propose toujours trois vols par jour depuis Orly, comme Air Caraïbes, tandis que Corsair passe de 5 vols par semaine à 2 vols par jour. Enfin, début juillet, Air Belgium effectuera deux rotations par semaine entre Bruxelles et l’île. C’est une desserte idéale pour une reprise.

Quel est le rôle du Comité martiniquais du tourisme dans cette reprise de l’économie touristique ?

François Baltus-Languedoc : En tant qu’institution, nous devons donner l’impulsion de cette relance. Nous avons donc réfléchi, pendant toute cette pandémie, aux façons de soutenir nos professionnels du tourisme, nos petits commerçants, nos acteurs de la culture. D’abord, nous avons fait en sorte d’entretenir le lien avec les professionnels. Nos professionnels ne voyageaient plus, ne rencontraient plus, pas même leurs clients. Nous avons par exemple organisé le premier salon virtuel du tourisme de la Caraïbe, en mai dernier. L’événement a eu beaucoup de succès, et a attiré 1200 participants, connectés depuis plusieurs pays. Les 50 exposants martiniquais représentatifs de l’offre touristique de l’île que nous avions sélectionnés ont été ravis. Dans le même esprit, nous avons multiplié les webinaires avec les compagnies aériennes et les réseaux de distribution, pour rassurer les vendeurs, et leur montrer pourquoi la Martinique est une destination sûre.

D’autres dispositifs d’accompagnement à la relance sont prévus ?

François Baltus-Languedoc : Nous lançons une campagne plurimédias, en radio et sur le web, dès la mi-juin. Nous investissons 500000 euros au total, et notamment 100000 euros sur TripAdvisor, puisque la Martinique figure en première position des destinations émergentes les plus recherchées sur la plateforme. Nous allons donc surfer sur cette curiosité des utilisateurs du site pour la Martinique. Nous avons également signé un partenariat avec Keetiz : les touristes qui dépenseront, via l’application, dans la centaine d’établissements (hôtels, restaurants, commerces…) partenaires de l’opération, se verront rembourser de 25% de leurs achats (dans la limite de 50 euros par jour). C’est un dispositif intéressant, qui permet d’apporter de la visibilité à nos professionnels du tourisme, et qui nous permettra de tirer un bilan concret de cette opération, dans quelques mois. Nous avons budgété 100000 euros pour ça. Enfin, nous reconduisons également l’opération « Partez en musique en Martinique », pendant laquelle nous payons le cachet d’artistes qui viendront se produire dans des restaurants de l’île. Une série de 31 concerts destinées à soutenir nos artistes et nos restaurateurs.

Quels sont les atouts de la Martinique pour la reprise, notamment face aux autres îles des Caraïbes ?

François Baltus-Languedoc : Le message que nous voulons faire passer, c’est que la Martinique est une destination sûre. On a entendu que « cet été, les vacances, c’est en France », et bien la Martinique est en France, avec toute la sécurité que ça sous-entend, par exemple au niveau hospitalier, ou au niveau des déplacements. En Martinique, on peut louer une voiture pour faire le tour de l’île en autonomie, séjourner dans une villa privée, et faire son petit marché, au contact des habitants. L’offre de villas privées et d’appartements est d’ailleurs en pleine expansion sur l’île, pour répondre à une demande grandissante. Les hôtels traditionnels ne représentent désormais que 20% du parc d’hébergements touristiques de la Martinique. Voilà ce qui fait la différence de la Martinique : un dépaysement exotique dans un cadre sécurisé, et un tourisme plus immersif, plus proche, et loin des immenses resorts internationaux qu’abritent d’autres îles des Caraïbes.

Quand pensez-vous que l’île pourra connaître un retour à la normale d’un point de vue touristique ?

François Baltus-Languedoc : Si la situation sanitaire continue de s’améliorer, dans les îles comme en Europe et en métropole, nous pouvons espérer un retour à la normale dès cet hiver. Nous abordons la haute saison avec confiance, et nous préparons déjà plusieurs opérations (campagne, événements surprises…) pour promouvoir notre destination. D’autant plus que, pour la première fois, Fort-de-France accueillera l’arrivée de la Transat Jacques Vabre, à la mi-novembre 2021. C’est un événement mondial, qui va mettre un énorme coup de projecteur sur la Martinique. Et qui nous permettra aussi d’affirmer la destination comme une terre de nautisme.

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