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France : le port de Marseille bientôt classé en zone à faibles émissions ?

Marseille veut la mise en place d’une zone à faibles émissions portuaires, afin de diminuer la pollution maritime, notamment celle liée aux rejets en mer des eaux de lavage des cheminées des navires.

A l’approche de la saison estivale, pendant laquelle de nombreux navires de croisières feront escale à Marseille, la ville veut la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE) portuaire afin de diminuer la pollution maritime. « Alors que 40% des émissions de NOx (oxydes d’azote) dans la ville viennent du port, soit autant que les voitures, Marseille porte cette demande », a indiqué lors d’une conférence de presse Sébastien Barles, adjoint au maire chargé de la Transition écologique. 

Les « scrubbers » pointés du doigt

« Une ZFE portuaire est une demande essentielle qui permettrait de planifier la reconversion des navires », a-t-il ajouté, pointant du doigt particulièrement leurs « scrubbers ». Ces dispositifs censés améliorer la qualité de l’air permettent de contourner une réglementation européenne de 2020 qui limite les rejets en soufre dans l’atmosphère, en autorisant les armateurs à continuer à utiliser du fioul lourd en soufre à 3,5% au lieu des 0,5% obligatoires.

Placés dans les cheminées des paquebots, ces filtres spéciaux « lavent » les fumées avant qu’elles ne soient éjectées dans l’air, respectant ainsi les nouvelles normes. Problème : la plupart de ces scrubbers sont « à boucle ouverte », rejetant ces eaux de lavage dans la mer, un déplacement de pollution qui scandalise associations écologistes et autorités. « Les armateurs ont trouvé ce moyen pour contourner la législation et continuer à utiliser du combustible lourd en soufre, car c’est moins cher », précise Guillaume Picard, ex-commandant et chef mécanicien de ferries, devenu militant antipollution de l’association Climat zéro fossile.

« Nous allons droit dans le mur si nous ne changeons pas brutalement nos modèles »

Résultat : « onze navires polluent autant que tout ce que rejette le Rhône [le fleuve] en une année », selon lui. « Ces rejets en mer ne sont pas acceptables : ils tuent instantanément le phytoplancton et accélèrent l’acidification des océans. Nous avons tous conscience que nous allons droit dans le mur si nous ne changeons pas brutalement nos modèles responsables du changement climatique », abonde Hervé Menchon, adjoint au maire de la ville de Marseille chargé de la Mer, du littoral et de la biodiversité marine.

« Les scrubbers sont un angle mort de la pollution maritime car c’est une question assez technique mais aussi très politique », selon Sébastien Barles. Outre la demande d’une ZFE portuaire, la municipalité marseillaise entend associer plusieurs maires du littoral méditerranéen pour forcer l’Organisation maritime internationale à interdire les scrubbers dits « ouverts » avant 2025, date à laquelle tous les navires devront être équipés de systèmes à boucles fermées, qui impliquent une récupération des eaux sales ensuite retraitées.

« Nous exigeons aussi une demande d’impact indépendante et sérieuse », alors « que 80% de la biodiversité mondiale marine est concentrée dans la Méditerranée », Hervé Menchon. Au début du mois, ce sont des associations et des riverains du port de Marseille qui ont déposé une plainte contre les impacts des pollutions liées au trafic maritime dans les installations portuaires.

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