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Agir pour un tourisme responsable s’ouvre aux agences de voyages et aux réceptifs

Antoine Richard est désormais président d’Agir pour un Tourisme Responsable (ATR). Le patron de Double Sens nous détaille sa feuille de route, dans une interview croisée avec Julien Buot, directeur de l’association. Leur nouveau mantra ? L’ouverture aux réceptifs et aux distributeurs, ainsi que la volonté d’engager tous les membres dans la dynamique d’ATR.

L’Echo touristique : Vous avez été élu coprésident d’ATR en mai dernier, aux côtés de Vincent Fonvieille. Vous êtes désormais seul à la tête d’ATR ?

Antoine Richard : A la dernière assemblée générale le 2 février 2023, Vincent Fonvieille nous a effectivement dit qu’il me laissait la main à 100%, qu’il était temps pour lui de quitter l’association. Il a même refusé d’être président d’honneur pour être un simple membre émérite. Cette passation a été particulièrement émouvante. Je suis donc seul président, mais très bien accompagné (rires). Notre nouveau bureau a été élu (voire ci-dessous, NDLR), et il se montre très actif. Les décisions se prennent vite à l’issue de nos réunions mensuelles, chacun prenant sa part de responsabilités. Le conseil d’administration, composé de 14 membres, se réunit pour sa part chaque trimestre.

Tout opérateur de voyage est le bienvenu (…). Chaque membre devra s’engager dans la vie de l’association.

L’Echo touristique : Vous avez récemment arrêté votre nouvelle stratégie, le projet « ATR 2030 ». Quelles en sont les grandes lignes ?

Antoine Richard : Nous avons organisé un séminaire à Lyon, au mois de septembre 2022, pour recueillir les attentes des adhérents. Nous avons d’ailleurs été accompagnés par un cabinet pour travailler sur ce projet 2030. Ce qui a été validé par les membres comme axe majeur, c’est que l’association doit s’ouvrir pour apporter de la diversité et mieux réfléchir tous ensemble. Historiquement, ATR était dédiée aux TO d’aventure qui lui ont d’ailleurs donné naissance. Aujourd’hui, nous nous ouvrons de manière importante aux réceptifs, aux distributeurs et à l’ensemble des voyagistes. Tout opérateur de voyage est le bienvenu. Désormais, ce qui change aussi à partir du 1er avril, c’est que nous souhaitons uniquement des membres actifs. Pour l’être, il faudra remplir quelques conditions.

Quelles sont ces conditions ?

Antoine Richard : Il faut respecter et signer une charte d’engagement en cours de rédaction, participer à une formation de deux demi-journées en partie en distanciel, mener un bilan carbone de son entreprise et de son activité. De plus, et c’est totalement nouveau, chaque membre devra s’engager dans la vie de l’association, à travers l’une de ses quatre commissions thématiques que nous créons : l’impact à destination, l’empreinte carbone, la préservation de la biodiversité et la gestion des déchets, l’inclusivité. Nous allons les mettre au même niveau ces quatre thématiques, alors que nous étions très focus sur le carbone ces dernières années.

Julien Buot : Il n’est plus possible d’être un membre passif. Aujourd’hui, nous regroupons plus de 70 membres. Demain, nous souhaitons être plus de 100 membres actifs. La notion de membre associé disparaît. Quant au label, nous le ferons évoluer pour qu’il devienne accessible aux réceptifs et aux distributeurs, en plus des tour-opérateurs.

L’Echo touristique : Vous entamez une politique d’ouverture. Jusqu’où ?

Julien Buot : Nous avons déjà entamé l’ouverture, avec Leclerc Voyages et Shanti Travel. Nous avons identifié cinq cibles, dont trois parmi les opérateurs immatriculés sachant que les métiers deviennent souvent hybrides : les réceptifs, les distributeurs, les TO. Les deux autres collèges sont les autres acteurs du voyage non immatriculés comme TravelPro Formations et Interface Tourisme, ainsi que les autres acteurs du tourisme tels les destinations et les bureaux d’études. Nous ne voulons pas pour autant marcher sur les terres d’ATD bien sûr, et nous continuerons de travailler ensemble en bonne intelligence.

Dès lors qu’un acteur nous rejoint, nous l’accompagnons pour progresser.

L’Echo touristique : Dans les critères d’adhésion, vous demandez la réalisation d’un bilan carbone. Selon quelle méthode ?

Julien Buot : La Fondation Good Planet de Yann Arthus Bertrand, qui est un acteur pionnier sur ce sujet, met à disposition un éco-calculateur. Cet outil, s’appuyant sur la méthodologie de l’Ademe, est déjà utilisé par plusieurs de nos membres depuis cinq ans. C’est imparfait, mais cela permet de faire une première estimation. Nous souhaitons que l’entreprise soit consciente de l’empreinte carbone de son activité, jusqu’à celle de ses clients. D’autres calculateurs existent et peuvent être recommandés. Le tableur Excel de Voyageurs du Monde est intéressant. Mais il est davantage adapté au profil de TO de tourisme d’aventure et de voyages sur mesure.

Antoine Richard : A l’entrée, nous exigeons le bilan carbone. Ensuite, nous demanderons à chaque membre de s’auto-diagnostiquer sur les thèmes des quatre commissions. A dessein, nous mettrons en place un kit. Dès lors qu’un acteur nous rejoint, nous l’accompagnons pour progresser. En résumé, ATR 2030, c’est plus d’ouverture, plus d’engagements, et des contenus. Nous allons développer une boîte à outils pour tous les membres d’ATR.

Le label va évoluer, pour intégrer la réduction en complément de la compensation.

L’Echo touristique : Souhaitez-vous également développer votre force de lobbying ?

Julien Buot : C’est aussi notre responsabilité. Il ne faut pas attendre que toute la profession nous rejoigne. Notre vocation, c’est aussi d’aller voir ceux qui règlementent la profession, en nous appuyant sur les Entreprises du Voyage et du Seto. Nous allons par conséquent faire un plaidoyer du tourisme responsable, à l’attention du grand public et des décideurs, y compris politiques.

D’ailleurs, le classement hôtelier par étoiles prévoit désormais des critères de développement durable. Ce n’est pas le cas pour le métier de tour-opérateur.

Nous devons également évaluer et amplifier les impacts positifs du secteur – sans sous-estimer ses impacts négatifs. Défendre les vertus du voyage. Nous avons d’ailleurs besoin de davantage de chiffres pour établir des trajectoires.

Antoine Richard : Entièrement d’accord avec Julien. Une fois qu’on est conscient de son empreinte carbone, il faut réussir à prouver pourquoi le voyage est utile.

L’Echo touristique : Comme évolue le label ? Les membres labellisés, au nombre d’une quinzaine, devaient absorber leurs émissions de CO2 à partir du 1er janvier 2023, avait annoncé Vincent Fonvieille en 2021…

Antoine Richard : Nous ne revenons pas en arrière sur ce point. Mais nous allons revoir le calendrier pour que cet objectif reste accessible. Nous réfléchissons par ailleurs à l’ajout d’un autre critère : la réduction des émissions de CO2. La commission carbone va justement fixer le bon panachage entre réduction et compensation. Il faut effectivement d’abord réduire, c’est un préalable majeur.

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Les membres du conseil d’Administration d’ATR

(en gras, le bureau exécutif)

Estelle Verdier-Watine (Decathlon Travel), Agnes Decramer (Feelingo), Julie Geoffroy (Interface Tourism France), Virginie Florin (Kappa Club), Valérie Cadet (Office du tourisme du Nord de la Réunion), Sylvie Da Silva (Travel Pro Formations), Laurent Bourdenet (Chamina Voyages), Antoine Richard (Double Sens), David Praire (Grand Angle), Christian Soubra (L’Arbre à Voyages), Geoffroy Laillié (Mondelios), Emmanuel Mouclier (SPVA), Jean-Christophe Guérin (Vie Sauvage), Lionel Rabiet (Voyages d’Exception).

Le CA d’ATR lors de la réunion du 2 septembre 2023. DR
1 commentaire
  1. Isabelle Kahna dit

    Une nouvelle dynamique qui semble déjà porter ses fruits.

    Avec les Ailes de Venise nous ne pouvons qu’applaudir cette ouverture aux non immatriculés.

    Nous sommes pour notre part convaincus que le tourisme responsable en Italie et notamment à Venise est un parcours à reprendre et à construire de bout en bout. Notamment dans l’accompagnement du voyageur et/ou du voyageur professionnel.

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