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FORMATION : Quand le BTS ne suffit plus

Inadéquation de l'offre et de la demande, spécialisation, employabilité, diplômes sous-évalués, etc. Les étudiants doivent s'armer de patience et monter en compétences.

Chaque année, plus de 4 000 étudiants obtiennent leur BTS Tourisme (Brevet de technicien supérieur), dont deux-tiers poursuivent leurs études, notamment dans le tourisme. S'y ajoutent des étudiants venus d'autres BTS ou de licence. Un vivier qui a poussé les écoles et les universités à multiplier les formations supérieures en tourisme, du bac+3 au bac+5. Si les niveaux de rémunération et les perspectives d'évolution de ces jeunes diplômés restent plus élevés que ceux de BTS, poursuivre ses études n'est pas pour autant une garantie pour trouver un poste à la hauteur de ses attentes. Inadéquation entre les formations et les besoins de professionnels, filières bouchées, concurrence accrue sur le marché du travail… Au dire des anciens étudiants, des professionnels ou de certains enseignants, mieux vaut sélectionner soigneusement sa formation.

150 formations et 3 500 diplômés par an

En 2009, une enquête de la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services, montrait déjà une « inadéquation quantitative et qualitative » des formations en tourisme. Certaines d'entre elles se sont modernisées, ont adapté leurs contenus, et leur diversité reflète celle des métiers du tourisme. Mais six ans plus tard, la situation n'a pas vraiment changé, regrette Annette Masson, présidente de la FFTST (Fédération française des techniciens et scientifiques du tourisme). On comptabilise plus de 150 formations supérieures en tourisme, si l'on évacue celles uniquement dédiées à l'hôtellerie ou à la restauration, qui fournissent environ 3 500 diplômés par an. « Le nombre important d'étudiants qui continuent après le BTS Tourisme s'explique par plusieurs facteurs, explique Alain Henriet, inspecteur général de l'Éducation nationale. Le premier, c'est que le niveau bac+3 est devenu une référence depuis la réforme LMD (licence-master-doctorat). Les étudiants ont également une appétence de plus en plus forte pour les études, cela est valable dans tous les BTS du tertiaire. Le troisième facteur est conjoncturel. La situation économique est compliquée, on trouve moins d'emplois et on continue les études ». Pour preuve, les candidatures de bac+5 reçus par certaines entreprises pour des postes d'agents de voyages ou de commerciaux. « Beaucoup d'étudiants souhaitent poursuivre au niveau bac+5 et, oui, certains occupent des postes de niveau bac+3. Mais cela fait 20 ans que l'on fait ce constat. C'est une conséquence du système éducatif français et de la crise (économique, Ndlr). Cela peut-être déceptif mais les études, à moyen terme, cela reste une garantie d'emploi et un accélérateur de carrière », estime Sébastien Arcos, directeur du campus de Paris pour le groupe Idrac, IEFT (Institut européen de formation au tourisme). Pour Marie Allantaz, directrice de l'ESCAET (École supérieure de commerce et d'administration des entreprises du tourisme), « il y a peut-être un peu trop de diplômés par rapport au marché du travail dans certains secteurs. Mais il y a aussi un problème de qualité de certaines formations. ».%%HORSTEXTE:2%%

Débouchés, programmes et insertion

De manière générale, les débouchés dans les agences de voyage traditionnelles, pour des postes de chef de produits chez les voyagistes ou dans les collectivités locales, sont plutôt faibles. Certaines formations spécialisées, par exemple sur le golf, la culture ou le développement durable, peinent à placer leurs étudiants. « Il y a peu de postes dans les collectivités pour des chargés de développement. Dans le secteur des agences de voyages, les acteurs qui recrutent le font sur des profils plus spécialisés, avec par exemple des compétences en nouvelles technologies. En revanche, il y a des opportunités dans l'hôtellerie », estime Luc Florent, directeur du groupe Maestris. Des formations trop larges laissent également des diplômés sur le carreau. « Les filières trop généralistes, en master, cela donne une culture mais les entreprises recherchent des compétences. Le développement durable ou le patrimoine, je ne sais pas si cela nécessite un intitulé de master », ajoute Nathalie Fabry, responsable du master Management du tourisme à l'université de Marne-la-Vallée. L'inadéquation entre les programmes et les besoins des professionnels est une autre cause des difficultés d'insertion. « Il y a encore des formations avec des enseignements sur l'histoire ou la géographie du tourisme, déconnectées de la réalité du monde professionnel et des besoins des entreprises. Il y a vraiment du ménage à faire », note Sébastien Arcos.

Au-delà des programmes, les stages ou les relations avec les professionnels sont cités par tous comme essentiels. « On a beaucoup de liens avec des professionnels qui ont une vision stratégique. On mise aussi sur l'international, car il y a des emplois. Pour nous, l'anglais n'est pas une langue. C'est un outil de travail qu'il faut absolument maîtriser », rappelle Nathalie Fabry. « Avec une nouvelle génération qui zappe promptement, il faut rapidement mettre en application la théorie. Il y a quatre mois de stages obligatoires dans notre bachelor », rappelle Sébastien Arcos. Certaines formations proposent ainsi des formules permettant d'alterner cours et travail en entreprise, sous forme de stages ou de contrat de professionnalisation. L'Infa (Institut national de formation et d'application), elle, mise exclusivement sur l'apprentissage pour ses trois licences et son master. Reste à trouver les entreprises d'accueil. Beaucoup d'étudiants estiment que les établissements ne mettent pas assez de moyens pour les accompagner. « Depuis deux ans, les étudiants ont plus de difficulté pour trouver des stages alors que c'est souvent obligatoire pour valider la formation », explique Annette Masson. Surtout que, faute d'une approche commune entre écoles, les entreprises sont toujours sollicitées à la même période.%%HORSTEXTE:1%%

Faire confiance aux professionnels

Difficile toutefois d'établir un « classement » des différentes formations. Il existe bien quelques garanties. Un diplôme inscrit au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) est reconnu par l'État, censé s'assurer de la qualité de la formation et des débouchés. L' Aeres (Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) publie également des évaluations des formations publiques basées sur différents critères (pilotage de la formation, cohérence des programmes, relation avec la recherche ou les professionnels, insertion…). Une formation sélective, environ 4 à 5 postulants pour une place, peut aussi être gage de qualité. Mais le meilleur indicateur reste l'insertion professionnelle. Les écoles ou universités déclarent des taux très variables, généralement entre 65 % et 90 %. Trente mois après le diplôme, le taux d'étudiants en emploi est de 65 % pour le master professionnel Tourisme et valorisation des territoires à l'université Blaise Pascale (Clermont-Ferrand) et à plus de 80 % pour la licence professionnelles Tourisme et nouvelles technologies à l'université de Marne-la-Vallée. Dans le privé, des écoles comme l'ESCAET, l'ESC Troyes (École supérieure de commerce), l'IEFT, Sup de co La Rochelle ou l'ESH Lille (École supérieure des hautes études en hôtellerie, restauration et tourisme), déclarent qu'entre 80 % et 90 % des diplômés ont trouvé un emploi dès leur sortie de l'école. Malheureusement, la majorité des formations ne communiquent pas ces informations sur leur site Internet et les échantillons d'étudiants sur lesquels se basent les statistiques sont insuffisants, voire tronqués. « Il y a des écoles qui communiquent sur des taux d'insertion qui sont faux et il est difficile de vérifier, ajoute Marie Allantaz. Cela marche mais en termes d'éthique…». De fait, les écoles doivent aussi « vendre » leurs formations et certains groupes affichent plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros de bénéfices. De l'autre côté, les universités ont également leurs contraintes financières et de notoriété. Mieux vaut donc se fier, avant tout, à l'avis des professionnels et des anciens étudiants et privilégier des formations cités par les responsables des ressources humaines, comme l'ESCAET, l'IEFT, l'Irest (Institut de recherche et d'études supérieures du tourisme), l'Esthua (Études supérieures de tourisme et d'hôtellerie de l'université d'Angers) ou l'université de Marne-la-Vallée, sont nécessaireme

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