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Et vole Air Tricolore

« On connaissait déjà la préférence corse, celle exigée par certains syndicats lors d’une précédente grève de la SNCM pour favoriser l’embauche de salariés locaux, au prétexte que le transporteur appartient au « patrimoine de l’île ». Oubliant au passage de préciser que ce sont tous les Français qui comblent avec leurs impôts les colossaux déficits de la SNCM depuis de longues années ! On connaissait aussi le délit de sale gueule et de sale

On connaissait déjà la préférence corse, celle exigée par certains syndicats lors d’une précédente grève de la SNCM pour favoriser l’embauche de salariés locaux, au prétexte que le transporteur appartient au patrimoine de l’île. Oubliant au passage de préciser que ce sont tous les Français qui comblent avec leurs impôts les colossaux déficits de la SNCM depuis de longues années ! On connaissait aussi le délit de sale gueule et de sale nom. Dans notre beau pays, il vaut mieux s’appeler Michel que Mohamed pour trouver un emploi. Voici désormais la préférence nationale dans le transport aérien. Après la succession de crashs de l’été, les tour-opérateurs ont presque tous décidé de privilégier les compagnies françaises pour leurs plans de vols cet hiver. Même Etapes Nouvelles a préféré se tourner vers Air Horizons et Aigle Azur pour desservir l’Egypte, au détriment de Lotus Air, officiellement parce que le transporteur égyptien manquait d’avions. Vers la Turquie, le TO résiste encore à la pression populaire et vole toujours avec Onur Air. Mais jusqu’à quand ?

Récemment, un spécialiste du transport expliquait qu’avant sa nationalité, la capacité d’une compagnie à dégager des profits constituait le premier critère de sécurité. Car un transporteur qui perd de l’argent pourrait être tenté de faire des économies sur la maintenance. Une logique implacable mais qui n’a pas fait mouche. Car malgré les faillites d’Aéris et Air Lib, et la fragilité des compagnies hexagonales actuelles, le client lambda veut voyager français. Si ce choix tricolore devrait créer des emplois, on ne peut que regretter l’amalgame qu’il entraîne, renforçant un peu plus l’idée que les compagnies étrangères (ou peu connues) sont dangereuses. Ce n’est pas un hasard si la portugaise Air Luxor a décidé cette semaine de se rebaptiser Hi Fly, pour se débarrasser d’une connotation devenue gênante ! Cette préférence nationale est le dernier symbole d’un pays où tout ce qui vient de l’étranger, du plombier polonais hier au coiffeur turc demain, est désormais suspect. Qu’une compagnie se baptise Air Tricolore et nul doute que ses avions seront pleins…

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