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Emmanuelle Dupas (Steam Evasion) : « Les adhérents APST sont pris en otage »

Comme nombre de membres de l’APST, Emmanuelle Dupas s’inquiète de l’absence de renouvellement automatique des adhésions. La cofondatrice de Steam Evasion a placé sa maison en contre-garantie.

Le groupiste Steam Evasion (94) n’est pas du tout rassuré par la situation de l’APST, sa caisse de garantie. « L’absence de renouvellement automatique des adhésions » l’inquiète. La mise en œuvre de contre-garanties « protectrices » aussi. « Ce n’est pas le moment de faire le ménage dans les rangs des adhérents. Il aurait fallu le faire avant. Aujourd’hui, nous n’avons presque plus de travail, et on veut nous demander d’augmenter notre garantie ? », s’étonne Emmanuelle Dupas, cofondatrice de Steam Evasion.

Le groupiste dispose d’une garantie des fonds déposés par ses clients de 100 000 euros, avec sa maison en contre-garantie. « Je ne suis pas prête à aller jusqu’à 200 000 euros ou plus », poursuit-elle. Emmanuelle Dupas et David Dahdi se partagent l’entreprise familiale, et la maison qui voit grandir leurs deux adolescents.

7980 euros, « c’est beaucoup pour une petite entreprise »

La cotisation APST acquittée le 25 janvier 2020, au titre de l’exercice 2019, avait déjà augmenté de 30%, suite à la défaillance de Thomas Cook. « Nous avions payé 7980 euros, soit plus de 2000 euros de plus qu’un an plus tôt. C’est beaucoup pour une petite entreprise comme la nôtre. »

Steam Evasion affiche un chiffre d’affaires de 2,3 millions d’euros en 2019, en faisant partir une centaine de groupes. « En 2020, nous devrions débourser la même somme, alors que notre activité a chuté d’environ 80% », s’étonne-t-elle.

L’APST lui coûtera donc cher au regard du niveau atone des ventes actuelles. Et pourtant, ce garant « ne répond pas à nos sollicitations par téléphone ou par mail », regrette-t-elle. L’adhérente s’inquiète. « L’APST dit couvrir nos avoirs, mais sur la base de déclarations caduques, qui datent du 23 septembre 2020. » Emmanuelle Dupas demande aujourd’hui une totale transparence concernant le mode de calcul, et elle espère toujours une baisse de la cotisation. Le groupiste, qui a licencié deux de ses quatre collaborateurs en septembre, a besoin de réduire ses coûts. Seuls 29 groupes sont programmés en 2021. 

Un secteur considéré à risque

« Nous, adhérents de l’APST dont nous avons toujours défendu le modèle auprès de nos clients, nous sentons pris en otage. D’autant que nous pouvons difficilement changer de garant. » Des agences et des TO ont toqué à la porte de Groupama et d’Atradius, sans succès.

Nous avions interrogé Jean-Michel Pérès, directeur général de Groupama, en décembre 2020. Groupama, qui compte 2200 clients parmi les opérateurs immatriculés auprès d’Atout France, se disait alors prêt à signer de nouveaux contrats. A certaines conditions. « Nous sommes plus exigeants que par le passé. Nous sommes très regardants sur le modèle économique, l’expérience des dirigeants, les moyens financiers et la capacité de l’entreprise à démarrer son activité en période de crise », avait-il indiqué.

« Nous sommes considérés comme une profession à risque, même de la part des banquiers », poursuit Emmanuelle Dupas. C’est d’ailleurs ce qu’a fait remarquer Valérie Boned lors du récent webinaire de L’Echo touristique et des Entreprises du Voyage (EdV). Clairement, les acteurs du voyage ne sont pas dans les bonnes grâces des investisseurs et des acteurs de la finance.

Le CDMV inquiet

Très préoccupé, le Collectif de Défense des Métiers du Voyage (CDMV), qui réunit 4200 professionnels du voyage, a écrit une lettre ouverte à la présidente de la caisse de garantie, Alix Philipon. « De nombreux membres du collectif redoutent les radiations », résume Pascale Orsola, gérante de l’agence en ligne L’Odyssée du Papillon. « L’APST a dit que les renouvellements ne seraient pas automatiques. Espérons qu’elle ne fasse pas partir des agences de voyages de manière arbitraire. Si la caisse de garantie se réfère à 2020, elle risque de ne pas renouveler beaucoup de membres… »

L’Odyssée du Papillon estime qu’il faudra attendre 2022 pour retrouver un niveau normal d’activité. « Nous observons un grand attentisme, et je ne force pas les ventes », ajoute Pascale Orsola, qui comprend les réticences de ses clients. La dirigeante reste combattive, même si son associé est parti en plein tempête. « Nous avons peur des décisions de l’APST. Notre garant doit se montrer solidaire. Le CDMV attend des réponses et est prêt à se battre jusqu’au bout », conclut-elle, en tant que membre du bureau du regroupement, tout comme Emmanuelle Dupas. Autant dire que les éclairages d’Alix Philipon, ce jour dans le cadre d’une visioconférence des EdV, sont très attendus.

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2 commentaires
  1. Elodie MARCHAIS dit

    Effectivement, déjà étranglés par la situation, comment ne pas avoir peur d’être radié, sans possibilité de trouver un autre garant?
    Et si par chance on renouvelle notre adhésion, comment ne pas trembler en imaginant que la note de notre cotisation (déjà bien lourde l’an passé suite à la défaillance TC) sera plus salée encore? Et quelles contre-garanties « plus protectrices » nous seront imposées?…

  2. lafitte dit

    Entièrement d’accord avec Emmanuelle Dupas. Nous sommes nous même une petite agence de 5 personnes. L’APST nous avait déjà adressé en février 2020 un courrier précisant une future augmentation de nos contre garanties d’une manière considérable. Au vu de notre CA, nous avons demandé des explications sur ce qui pouvait motiver cette « augmentation » et depuis et malgré nos mails et courriers, aucune réponse…

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