ÉDITO. Voyages dans les DOM-TOM : le casse-tête de la quarantaine
Voyagistes, agences et compagnies aériennes parient désormais sur la destination France. Mais pour les DOM-TOM, nous restons dans « la possibilité d’une île », pour reprendre le titre de Michel Houellebecq.
Pas simple de tout comprendre au-delà de son « bocal de 100km », pour reprendre l’expression de Julien, Buot (ATR). Car si le Premier ministre Édouard Philippe invite les Français à réserver leurs vacances dans toute la France, la quatorzaine à l’arrivée demeure la règle dans les territoires ultra-marins. « Le temps du commerce est toujours plus rapide que celui de l’administration », se rassure Gilbert Cisneros, patron du spécialiste des îles Exotismes.
Soit, mais pour l’instant, le Conseil scientifique recommande toujours la quatorzaine stricte dans les Outre-mer, considérant qu’il s’agit d’un dispositif efficace pour freiner la propagation de la Covid-19. C’est ce qu’il indique dans un avis rendu le 13 mai. Se rangeant à ses conclusions, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a récemment défendu le principe de l’isolement de deux semaines, « pour protéger les territoires ». « Annick Girardin (…) a indiqué qu’elle travaillait sur une solution alternative (à la quarantaine), « basée sur la mise en place d’un certain nombre de tests », a récemment pourtant rapporté Jean-Baptiste Lemoyne*. Vraiment ? Interpellé vendredi 8 mai à l’Assemblée nationale sur la situation des ressortissants des territoires d’Outre-mer présents dans l’Hexagone, qui voudraient retourner dans leur famille cet été, le ministre de la Santé Olivier Véran, a été catégorique : « il y aura une possibilité de retourner dans les territoires d’Outre-mer, moyennant une quatorzaine ». « La problématique, c’est de protéger les populations, a-t-il ajouté. On a eu le débat au Sénat sur les tests (…) à l’arrivée, cela n’a pas de cohérence scientifique. Parce que seule la quatorzaine permet véritablement d’éviter qu’on transporte le virus. »
Entre le discours du Premier ministre invitant à voyager jusque dans les territoires ultra-marins et celui d’Olivier Véran défendant la quatorzaine (principe incompatible avec la notion de voyage), l’ambiguïté doit être levée. Pour les DOM-TOM, dont les habitants craignent légitimement l’importation du virus par des vacanciers, comme pour les voyageurs et les compagnies aériennes, il serait bon de savoir quelles conditions d’entrée seront définitivement appliquées cet été dans nos îles. Car oui, il faut systématiquement « trouver le chemin de crête entre la sécurité sanitaire et le redémarrage économique », pour paraphraser Jean-Baptiste Lemoyne.
Frontières : une Europe en ordre dispersée
Ailleurs en Europe, le déconfinement se poursuit en ordre dispersé. Tout comme l’évolution des conditions d’entrée, relève Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. En l’espace de quelques jours, trois pays ont annoncé leurs nouvelles conditions d’entrée sur le territoire. L’Islande proposera des tests à l’arrivée à l’aéroport, à partir du 15 juin au plus tard, pour éviter la quarantaine aux voyageurs. L’Italie rouvre ses frontières aux visiteurs européens à partir du 3 juin, tout en annulant la quarantaine obligatoire. Quant à l’Espagne, elle impose une quatorzaine obligatoire à l’arrivée depuis vendredi dernier, et ce jusqu’au 24 mai au minimum. Autant de destinations qui mettent à mal le message d’unité sur lequel capitalisait Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat en charge du tourisme. « Les ministres du Tourisme européens ont convenu de travailler ensemble à la réouverture des frontières intérieures, (pour) avoir une restauration phasée et coordonnée des frontières, a-t-il récemment déclaré. Cela nécessite une coordination étroite entre les États membres. » La réunion entre les ministres du Tourisme de l’Union européenne est prévue mercredi 20 mai.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a pour sa part affirmé que nous ne pourrions pas voyager en dehors de l’Europe avant le 15 juin. Des considérations qui tiendront compte de l’évolution de la pandémie. L’Union européenne, elle, reste favorable à la réouverture progressive des frontières intérieures. En attendant les décisions politiques, les pros du voyage ont très largement fait une croix sur les destinations étrangères cet été. Reste donc des enjeux principalement centrés sur la France, dans l’immédiat…
*DERNIÈRE HEURE : La quatorzaine pourrait être divisée en deux périodes de confinement (avec 7j en métropole, et 7j à l’arrivée), ce qui pourrait profiter au tourisme affinitaire, a confirmé ce mardi midi Jean-Baptiste Lemoyne.
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Mesure totalement absurde. Que fait-on de l’avis du conseil constitutionnel ? Pendant combien d’années va t’on imposer une quarantaine pour accéder à des îles où le tourisme constitue une des principales ressources ?
Exactement, il faudrait que ces gens là se mettent d’accord pour rédiger des notes distinctes et logiques.
La Guadeloupe n’a quasiment plus de cas de Covid et si l’on renvoie trop rapidement des gens potentiellement porteurs sans quatorzaine : nous risquons d’être de nouveau confinés et notre hôpital est incapable de gérer un grand nombre de cas dans le cas d’une deuxième vague. Soyez un peu responsable, des vacances : il y en aura d’autres…
C’est sur que ce serait bien qu’on sache s’il y a quatorzaine ou non à l’arrivée. Selon le cas je reporte mes billets prévus pour le mois de juillet, on ne va pas faire 11000km, payer des billets d’avion (qui ne sont pas donnés d’ailleurs) pour voir les grands-parents et être enfermé 2 semaines sur 3, c’est totalement illogique et le gouvernement continue de faire des annonces qui se contredisent. On ne sait vraiment plus sur quel pied danser.