ÉDITO. La destination France en mal de digitalisation
La destination France, star de l’été 2021 ? Sans aucun doute, mais pas au niveau du digital, où presque tout reste à faire.
La digitalisation des entreprises et des institutionnels s’est accélérée avec la crise sanitaire, ses confinements et autres couvre-feux. Mais pas pour tout le monde. La numérisation de la France a très doucement avancé. « Une grande partie de l’offre sur la destination n’est pas digitalisée », rappelle à raison Christian Sabbagh (Orchestra). Ce qui freine, par conséquent, la distribution des séjours et des activités. La formidable richesse de l’offre touristique tricolore reste prisonnière de l’ancien monde et de ses brochures.
Depuis quelques mois, de belles initiatives ont émergé, pour créer des ponts entre les territoires, les voyageurs, la distribution. En témoignent le groupe Facebook Great, le portail en gestation des Entreprises du Voyage, la future agence en ligne de Chamonix, la plateforme de France DMC Alliance.
Toutefois, il manque toujours une volonté d’ensemble. Un grand projet national et fédérateur, pour mettre la France sur un piédestal, dans toute la diversité de ses territoires et de ses atours. La dernière entreprise d’envergure a fait pschitt. C’était Hexatourisme, dont la genèse remonte à (déjà) 10 ans. Ce projet public-privé est officiellement sorti de terre en 2012. Avec autour du berceau Voyages-sncf (Oui.sncf), via sa holding VSC Groupe, Atout France et la Caisse des Dépôts. L’objectif était de créer un moteur de recherche de produits touristiques, agrégeant hébergements, transports, activités. Et ce, avec des partenaires comme les CRT, les CDT, les Offices de tourisme. Un beau dessein.
La destination France aura-t-elle, un jour, sa propre marketplace ?
Et depuis ? Silence radio, ou presque. La destination France a (un peu) avancé. Atout France a récupéré l’Url France.fr, longtemps squattée par une agence basée à Miami. Le portail France.fr (600 000 visites en février 2021) publie des contenus pour inspirer, comme un blog de voyage. C’est un média, tourné vers la culture et l’art de vivre, et non un site pour préparer ses vacances et loisirs aux quatre coins du pays.
Aujourd’hui, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat au Tourisme, soutient très activement les acteurs du voyage et toque à la porte des différents ministères pour que les aides appropriées accompagnent le secteur. Mais, du point de vue de la digitalisation, rien ne sort pour l’instant du chapeau du Quai d’Orsay.
Alors que la France s’oriente vers un été bleu-blanc-rouge, un nouveau projet de plateforme n’arriverait-il pas à point nommé ? Ne serait-ce pas un levier de compétitivité, par rapport aux destinations concurrentes ? Le voyageur qui prépare ses vacances en France rêve d’un hub, d’une marketplace réunissant les séjours et les activités. L’agence de voyages souhaitant se spécialiser sur la destination, elle, de son équivalent en B2B.
Nombre de professionnels critiquent la domination des grandes plateformes type Booking et Airbnb dans la distribution de la France. Reste que, face à leur expérience digitale unanimement reconnue, nous n’avons pas de contre-proposition. Aveu de faiblesse ?
