Des défaillances en cascade

L’APS ne s’attendait pas à de si bons résultats. Pourtant, pour l’association comme pour l’ensemble du secteur du tourisme, l’environnement est plus que morose. L’an dernier, l’APS a traité 2 841 dossiers, ce qui représente 9 242 clients, soit une progression de 129 % par rapport à 2007 ! Un taux anormalement élevé que l’association met notamment sur le compte de la défaillance de Switch et de la baisse d’activité en général liée à la crise financière, dont les premières retombées se sont fait sentir dès juillet dernier. Mais pas seulement. Bernard Didelot, le président de l’APS, constate beaucoup de cessations d’activités : « Des entreprises qui se lancent dans le monde du voyage sans passion et dont la durée de vie n’excède pas trois ans. » De nouvelles catégories d’adhérents arrivées ces dernières années participent aussi, selon lui, à la croissance des sinistres. Parmi elles, les agences en ligne (monagence.com a été placée en liquidation judiciaire le 20 janvier et a entraîné un coût final de plus de 200 000 E pour l’APS) et les réceptifs. « Cinq agences réceptives ont déposé le bilan l’an dernier, ce qui est un phénomène nouveau, et pointe du doigt le problème grandissant de distorsion de concurrence sur l’application de la TVA en Europe », explique Emmanuel Toromanof, secrétaire général de l’APS.

LA PRUDENCE, FIL ROUGE DE 2009

D’autre part, la nouvelle loi sur la vente de voyages, qui sera applicable à compter du 28 décembre 2009, pourrait accélérer les défaillances car « elle ouvre la porte à de nouveaux acteurs qui n’ont pas forcément saisi l’ampleur des responsabilités qui les attend en s’engageant dans cette voie », craint Bernard Didelot, qui appelle son successeur à « la plus grande prudence à leur égard ». La prudence, le fil rouge de l’année 2009 vu le nombre de défaillances attendues. Rien que ces cinq derniers mois, l’APS a enregistré 16 sinistres qui impacteront le fonds de garantie. « Sur une année normale, moins de 20 défaillances sont enregistrées. En tout cas ces dix dernières années », indique Emmanuel Toromanof. Parmi elles, sept ont eu lieu depuis le 1er janvier : des agences de voyages traditionnelles membres de réseaux volontaires ou indépendantes, mais aussi une agence de tourisme d’affaires (Prexo Voyages) et une agence en ligne. « Bref, ça touche tout le monde ! », résume Bernard Didelot. Alors qu’aucune visibilité ne se profile pour les mois à venir, particulièrement du côté des agences qui font de l’individuel. « L’annulation de groupes donne néanmoins une petite tendance », note-t-il. Mais les plus fragiles restent les agences spécialisées dans la billetterie affaires. « Une fois que les entreprises auront arrêté de voyager et mis en place un système adapté de visioconférence, par exemple, elles ne reviendront pas en arrière », assure Emmanuel Toromanof. Des propos qui avaient déjà été évoqués par Bertrand Mabille, le directeur général de Carlson Wagonlit Travel lors de l’annonce des résultats annuels. En effet, selon lui, les entreprises vont basculer d’une modification conjoncturelle à une modification structurelle. « Les mesures prises pendant la crise resteront. Les clients qui vont désormais voyager en seconde ne reviendront pas en première », expliquait-il mi-février.

36 DÉFAILLANCES EN 2008

Sur le marché global des agences, le nombre de sinistres a affiché une croissance de 47 % l’an dernier. Pour les membres de l’APS, cette hausse n’est que de 12,5 %. En effet, il y a eu 36 redressements ou liquidations judiciaires d’entreprises membres de l’APS l’an dernier contre 32 en 2007. En revanche, 89 sociétés membres d’autres garants ont déposé le bilan en 2008 contre 53 en 2007. Ce qui représente un total de 125 défaillances en 2008 contre 85 en 2007. Malgré une conjoncture économique difficile, l’association a pu dégager pour l’année 2008 (et pour la cinquième année consécutive) un excédent de 1 140 710 E et ne pas faire appel à la réassurance pour la dixième année consécutive. Switch et Wasteels, les deux plus grandes défaillances de 2008, n’ont rien coûté à l’APS. Pour le premier, Karavel, son repreneur, a pris en charge le remboursement des clients. Pour Wasteels, il n’y a pas eu de demande de prise en charge par l’APS. Ce sont les fournisseurs qui ont payé les ardoises laissées par le réseau. « C’est une obligation à partir du moment où le client a son carnet de voyage en main », précise Emmanuel Toromanof. De son côté, l’association attribue ses bons résultats à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la formation. Plusieurs séances sont proposées chaque année aux adhérents en collaboration avec l’organisme Cap Vers sur des cas très concrets tels que manager ses jeunes collaborateurs, la gestion du conflit client ou encore relancer ses clients par téléphone. L’APS reconduit également son partenariat avec RTL et l’émission de Julien Courbet Ça peut vous arriver. « Cette émission, qui rassemble 2,4 millions d’auditeurs, est essentiellement tournée vers les consommateurs et entre donc parfaitement dans la ligne de communication que s’est fixée l’association depuis 2002 », ajoute Bernard Didelot. La communication en régions se poursuit aussi en partenariat avec l’émission Vous qui partez en voyage à Bordeaux, Lyon, Toulouse et Marseille. L’APS espère par ailleurs prochainement lancer une grande campagne de communication nationale. Enfin, l’association sera présente cette année sur les principaux salons (les prochains sont le MAP et le Ditex), en partenariat avec le Snav, et continuera à prendre part aux études réalisées par l’Observatoire de l’emploi et de la formation dans le tourisme ainsi que par l’Observatoire des litiges et réclamations.

Les agences vont basculer d’une modification conjoncturelle à une modification structurelle

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