Croisières : Estrosi bannit les gros bateaux à Villefranche-sur-Mer
En tant que président de la métropole niçoise, Christian Estrosi veut interdire le débarquement et l’embarquement des grandes unités, qui concerne quelques escales.
La métropole de Nice sort la hache de guerre face aux gros bateaux de croisières. Elle a décidé d’interdire le débarquement et l’embarquement des plus grosses unités de croisière aux gares maritimes, et de n’autoriser que celles qui n’excèdent pas une capacité maximale de 900 passagers, à partir du 1er juillet prochain. Les arrêtés métropolitains seront signés ce soir à 17h15, par Christian Estrosi, maire de Nice, mais également président de la métropole Nice Côte d’Azur, qui a désormais la main sur le port de plaisance.
Selon lui, ces bateaux polluent, déversent une clientèle low-cost qui ne consomme rien et qui laisse leurs déchets derrière eux. Dans sa ligne de mire : les paquebots de plus de 190 mètres de long et d’une capacité de plus de 900 passagers. C’est justement ceux qui ne peuvent pas s’amarrer au port de Nice, trop petit… En effet, la liste des croisières prévues cette année mentionne 125 escales, pour des bateaux allant de 32 passagers (Le Ponant) à 694 passagers (Azamara).
La rade de Villefranche concernée
C’est surtout Villefranche-sur-mer, limitrophe de Nice, qui est concernée. La situation y est un peu différente, tout en étant maîtrisée. Du 9 janvier au 31 mars, six escales sont prévues dans la rade, tous des bateaux de la compagnie américaine Viking de 900 à 990 passagers. Dans le journal Nice-Matin, Christophe Trojani, son maire, précise qu’il a passé une convention avec la métropole pour accueillir seulement 70 bateaux en 2024. « Cette convention stipule que les navires ne doivent pas avoir plus de 3500 passagers et doivent dégager moins de 0,1% de soufre. »
En tant que président de la métropole niçoise, Christian Estrosi a donc décidé d’interdire les navettes qui transportent les passagers des bateaux au mouillage vers les quais. Quant à l’échéance d’interdiction au 1er juillet, dans six mois, sera-t-elle applicable quand on sait que les escales sont planifiées deux ans à l’avance ?
3 grands bateaux et 34 de taille intermédiaire
Les compagnies Costa et MSC, qui ne font pas escale dans la rade de Nice, n’ont pas voulu réagir aux déclarations du maire. Seule la CLIA, l’association représentant l’industrie de la croisière, a déclaré déplorer les attaques du maire de Nice « qui stigmatisent à la fois les professionnels du tourisme que nous sommes ainsi que l’ensemble de nos passagers ». Elle rappelle qu’aucune escale de grand navire n’est prévue à Nice en 2025 et que seuls 3 grands bateaux de croisière et 34 bateaux de taille intermédiaire ont prévu de mouiller au large de Villefranche-sur-Mer durant 2025. « CLIA et ses compagnies membres continueront de travailler en étroite collaboration avec les ports et les municipalités qui partagent avec nous le désir de développer un tourisme toujours plus vertueux ». Dont acte.
Montrer patte blanche
Concrètement, au-delà de 300 mètres du rivage, là où mouillent les gros paquebots, c’est la préfecture maritime qui gère le domaine, selon Jean-François Suhas, président de Marseille Provence Croisière. Il rappelle au passage que Nice et Villefranche-sur-mer accueillent 150 000 croisiéristes par an, soit 1% des 15 millions de passagers de l’aéroport international de Nice. « On ne peut pas vraiment parler de surtourisme lié aux croisières ! ».
Pour rappel, 7 millions d’euros ont été dédiés à l’électrification des quais du port de Nice, financés à 80% par le plan régional Escales Zéro Fumée. Christian Estrosi a prévu également une gare maritime dédiée aux navires haut de gamme, un positionnement revendiqué. Il a rappelé également que les croisières géantes seront sans nul doute au programme de la Troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, qui se tiendra du 9 au 13 juin prochain, justement à Nice. Il montre déjà patte blanche aux organisateurs.