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Coronavirus : les TO spécialistes des voyages scolaires en grande difficulté

La suspension de tout voyage scolaire décidée par le ministère de l’Education nationale met en péril l’activité des opérateurs spécialistes, qui tirent la sonnette d’alarme.

« C’est une nouvelle terrible, et certains peuvent tout perdre », lance Aline Laillé, directrice de Vefe Voyages Educatifs. Membre de l’Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et de formation en langues (Unosel), Vefe Voyages Educatifs croule sous les demandes d’annulations depuis la suspension de tout voyage scolaire, décidée par le ministère de l’Education nationale le 29 février. « Ça ne pouvait pas tomber à un plus mauvais moment », observe Paul-Etienne Bounon, le gérant de Desti-Nations, qui devait opérer une cinquantaine de départs en mars.

En effet, le mois de mars est le plus important de l’année pour ces voyagistes spécialistes, selon Aline Laillé. « Certains d’entre nous réalisent jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaires annuel en mars », chiffre la dirigeante. « J’ai dû changer le message de notre répondeur, pour expliquer que nous privilégierons le traitement des dossiers par mail : nous sommes débordés », poursuit Aline Laillé qui, en tant que membre de l’Unosel, aurait apprécié que le ministère concerte les professionnels des voyages scolaires avant de prendre cette décision de façon unilatérale.

Une année 2020 déjà compliquée

« Le ministère a envoyé un courrier type aux chefs d’établissement, en leur indiquant qu’ils pourraient obtenir le remboursement sans frais des voyages avec ce document : ce n’est pas totalement vrai », explique Aline Laillé. En effet, si le voyage est prévu dans une zone ou à proximité immédiate d’une zone à risque, le remboursement sans frais peut devenir possible. Mais, hormis certaines régions d’Italie (Lombardie, Vénétie, Emilie-Romagne) et les pays où le virus circule activement (Chine, Corée du Sud, Singapour, Iran), les autres destinations ne rentrent pas mécaniquement dans un processus de remboursement sans frais.

« Si nous pouvons exécuter le contrat tel que convenu dans une destination qui n’est pas concernée, alors le remboursement ne pourra pas se faire sans frais, même si nous ferons au mieux pour nos clients », reconnaît Paul-Etienne Bounon. Même son de cloche à l’UCPA, qui exploite la marque Telligo. « Pour les rares clients qui demandent à annuler leur séjour, nous appliquons les conditions générales d’inscription », indique l’association. « Mais, si nous pouvons trouver des arrangements avec les hôteliers ou les réceptifs, les compagnies aériennes, elles, ne remboursent que très rarement, vu que le vol est opéré. La décision du ministère va largement compliquer notre année 2020 », reprend Paul-Etienne Bounon. Pour autant, les tour-opérateurs spécialistes ne désespèrent pas de limiter la casse.

« C’est toute la chaîne touristique qui est impactée »

En effet, l’Unosel sollicite une entrevue avec le ministère de l’Education nationale, pour lui faire remonter plusieurs revendications. D’abord, la fédération demande à ce qu’une durée de suspension précise, avec une date de début et de fin (susceptible d’évoluer par tranche de 15 jours), soit fermement décidée par les autorités, et que la mesure actuelle ne concerne que les départs jusqu’au 15 mars. L’Unosel demande également « qu’une information rectificative, claire et précise puisse être envoyée très rapidement aux établissements scolaires », suite à l’envoi du courrier type d’annulation aux chefs d’établissement.  « Les organisateurs de voyage ont à cœur de préserver de bonnes relations avec les établissements scolaires qui leur font confiance, et […] il est primordial que les établissements scolaires puissent être correctement informés de leurs droits ».

Enfin, l’Unosel demande la création d’un « fonds d’aide » pour épauler les professionnels du voyage scolaire au vu « des conséquences dramatiques sur [leur] activité économique ». « Au-delà de nos métiers, c’est toute la chaîne touristique qui est impactée : autocaristes, hôteliers, réceptifs, guides… Nos prestataires sont affolés et ne pourront pas redresser la barre si la suspension des voyages perdure », conclut Aline Laillé.

Contactée par la rédaction, le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse indique « [appliquer] les consignes et recommandations émanant du Gouvernement, du ministère des Solidarités et de la Santé, ainsi que du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ». Sur le marché français, les opérateurs de voyages pour enfants, pèseraient jusqu’à 1 milliard 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, pour 3 millions de clients.

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