Ana Domenech (Lastminute) : « Les week-ends en Europe redécollent, c’est un signal positif »
Après un bel été, comment se présente l’automne ? Pour Ana Domenech, directrice France de l’agence en ligne, plusieurs signaux sont encourageants.
L’Echo touristique : Quel est le bilan de la saison estivale pour Lastminute France ?
Ana Domenech : Nous étions dans l’incertitude au début de la saison. Nous sommes globalement très satisfaits de l’été 2021. Le mois de juin s’est révélé meilleur que prévu. En juillet, suite notamment aux déclarations de Clément Beaune (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, NDLR), nous avons observé un ralentissement des ventes : nous n’avons pas enregistré le pic habituel de saison. Mais nous avons récupéré (ce retard) en août. Septembre se présente très bien, je suis optimiste. Sur la période juin-juillet-août, nous sommes sur des chiffres très similaires à l’été 2019, mais avec une répartition différente des destinations. Nous avions cet été beaucoup moins de pays ouverts, avec une concentration prononcée des dossiers sur la Grèce, l’Espagne et la France. La Tunisie et le Maroc, eux, ont fortement reculé sur deux ans.
Nous avons retrouvé les niveaux de ventes de l’été 2019.
Comment se présente le mois de septembre ?
Ana Domenech : Jusqu’à la mi-octobre, nous vendons particulièrement bien des destinations comme la Grèce et l’Espagne. Depuis la fin août, les week-ends dans des villes d’Europe redécollent. Ces city-breaks comptaient parmi nos meilleurs ventes avant la crise. Cela nous rassure pour la saison hiver. Le long-courrier, lui, restera plus compliqué.
Quelle est la part des city-beaks dans les ventes globales, en septembre ?
Ana Domenech : Environ 35% des clients achètent des city-breaks, et 65% des produits balnéaires. Rome, Venise, Lisbonne, Barcelone, Amsterdam comptent parmi les villes les plus demandées. C’est un signal positif, nous travaillons d’ailleurs sur cette offre. J’espère que cette tendance va se poursuivre, avec la vaccination et le pass sanitaire qui facilitent les déplacements. Je suis optimiste. Les gens n’ont pas peur de visiter de grandes villes, où les restaurants et les musées ne sont plus fermés.
Même Paris, qui a souffert de la crise, se vend en city-break ?
Ana Domenech : Oui, nous notons une forte progression de Paris, mais moins que sur les autres villes, pour une raison simple : sur les séjours et les packages dynamiques, 70% de nos clients sont des Parisiens, qui partent donc ailleurs. Par contre, la capitale est aujourd’hui notre première destination en hôtels secs. Pendant la crise, des Parisiens réservaient de beaux hôtels dans leur propre ville, ce qui est moins le cas aujourd’hui.
Les acteurs du voyage observent toujours une tendance à la réservation de dernière minute. Comment cela se traduit-il dans les chiffres ?
Ana Domenech : Depuis le début de la crise sanitaire, nous observons effectivement une importante tendance à la réservation de dernière minute. Cette tendance se poursuit au mois de septembre. Sur les séjours et les packages dynamiques, les voyageurs réservent, en moyenne, 31 jours avant le départ, contre 50 avant la pandémie.
Est-ce une contrainte forte pour une agence en ligne (OTA) ?
Ana Domenech : Nous avons appris à travailler ainsi depuis le début de la crise. C’est aussi notre façon historique de travailler. Mais c’est vrai, nous devons nous montrer très flexibles pour modifier des dossiers s’il se passe quoi que ce soit. Ce qui est plus compliqué, c’est de faire des prévisions. Nous avons un peu de visibilité sur septembre et octobre. Mais nous ne savons pas comment se présentera l’hiver, soit après les vacances de la Toussaint.
Avec le vaccin, il n’y a pas de raison de vivre un retour en arrière.
Cet été, les professionnels ont noté un grand nombre d’annulations de vols. Et vous ?
Ana Domenech : En 2020, nous faisions déjà face à cette difficulté, qui nous impacte plus particulièrement au niveau des packages dynamiques : nous sommes alors organisateurs, et nous devons alors aussi modifier l’hôtel. Mais le problème se résorbe au fur et à mesure du temps. Aujourd’hui, nous avons moins d’annulations de vols de la part des compagnies.
Lastminute France compte aujourd’hui une quarantaine de salariés, suite à une dizaine de départs volontaires. Comptez-vous recruter pour accompagner la reprise ?
Ana Domenech : Je pense qu’il est trop tôt pour recruter. Pour l’instant, nous n’avons pas de postes ouverts, nous parvenons à gérer le volume actuel de dossiers. A terme, nous pourrions recruter, tout dépendra de l’évolution de la situation et de la demande.
Quels sont les projets de Lastminute ?
Ana Domenech : Nous sommes toujours sur le « day by day ». Il nous reste toujours un grand nombre de remboursements à effectuer. Notre plus grand projet, c’est le retour au bureau des équipes, de manière progressive et sur la base du volontariat, à partir du mois d’octobre. J’espère que le pire est derrière nous, avec la fin des hauts et des bas que nous connaissons depuis plus de 18 mois. Je suis plutôt optimiste. Avec le vaccin, il n’y a pas de raison de vivre un retour en arrière.
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