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Air France-KLM : pourquoi l’Etat néerlandais entre au capital (par surprise)

Les tensions entre les deux compagnies soeurs, Air France et KLM, éclatent au grand jour avec la prise de participation surprise des Pays-Bas au capital du groupe

Gros coup de théâtre chez Air France-KLM. Le gouvernement néerlandais vient d’annoncer avoir acquis une participation de 12,68% dans Air France-KLM pour 680 millions d’euros. L’objectif est clair : renforcer son influence dans le groupe aérien. Ce mercredi matin, les investisseurs n’ont que très peu goûté la nouvelle.  A 10h47, l’action du groupe s’effondrait de 13,59% à 11,01 euros.

« Le gouvernement néerlandais a acheté des actions pour avoir une participation directe de 12,68% dans Air France-KLM », a expliqué Wopke Hoekstra, le ministre néerlandais des Finances, précisant que « l’objectif est d’obtenir à terme une position équivalente à celle de l’Etat français », soit 14,3%. «L’acquisition de cette participation nous assure un siège à table». Le ministre a ajouté que l’opération visait surtout la protection des intérêts économiques néerlandais, en particulier de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, le troisième d’Europe.

De vives tensions en interne

En France, la montée express au capital est vécue comme une opération à la fois « inamicale » et « surprenante », a estimé mercredi une source au ministère français de l’Economie. « Je prends acte de cette prise de participation du gouvernement néerlandais, qui s’est faite sans information du conseil d’administration ni du gouvernement français, a pour sa part déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. Je réaffirme mon soutien à la stratégie de l’entreprise et de son management. Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu’Air France-KLM soit géré dans l’esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale. »

Cette opération intervient après des frictions sur l’avenir du patron de KLM, Pieter Elbers, que le conseil d’administration du groupe Air France-KLM a finalement proposé de reconduire dans ses fonctions le 19 février. Les dirigeants de la branche néerlandaise avaient manifesté début février leur inquiétude quant au non-renouvellement du mandat de leur patron en avril, et averti que le personnel pourrait faire grève. La nomination de Ben Smith au conseil de surveillance de KLM a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans le camp hollandais, hostile depuis la création du groupe en 2004 à l’entrée du patron exécutif d’Air France-KLM dans son conseil. Derrière cette nomination se joue en effet la fin de l’autonomie de KLM.

Un secret très bien gardé

La transaction fait suite à une série de grèves chez Air France l’an dernier. « Avec cette acquisition, le gouvernement néerlandais veut pouvoir influencer directement le développement futur d’Air France-KLM afin d’assurer de la meilleure façon possible l’intérêt public néerlandais », a précisé Wopke Hoekstra. Ce qui peut paraître logique. Depuis de trop nombreuses années, le groupe et donc indirectement KLM pâtit des grèves d’Air France. En 2018, avec un résultat d’exploitation de plus d’un milliard d’euros, KLM a réalisé près de 80% du résultat du groupe.

L’opération financière s’est faite en deux jours, et la direction d’Air France-KLM n’a rien vu venir. Cette dernière a été prévenue seulement une heure avant la conférence de presse. Seules les deux chambres du Parlement des Pays-Bas avaient bien été informées de l’initiative.

Rappelons qu’Air France et KLM ont fusionné en 2004. Que c’est un groupe français, avec son siège à Paris  et coté à la Bourse de Paris. Air France-KLM a le pouvoir de contrôle de KLM, c’est prévu dans les accords de fusion qu’avait acceptés le gouvernement hollandais en 2003. Et depuis 2007,  le patron d’Air France-KLM nomme cinq des neufs administrateurs du conseil de KLM.

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