Air Austral missionne un ancien d’Air France pour redresser les comptes

Marie-Joseph Malé, nommé à la tête d'Air Austral la semaine dernière suite à la démission de l'ensemble du directoire, est « confiant ». Mais la mission de cet ancien cadre d'Air France, trouver de nouveaux partenaires financiers pour renflouer rapidement les caisses et réduire les pertes d'exploitation, n'est pas jouée d'avance.

D'après le président du Conseil régional de la Réunion, Didier Robert, la trésorerie de la compagnie est dans le rouge, avec un déficit de 14,7 millions d'euros fin décembre. L'audit rendu par le cabinet Deloitte Finance rappelle que l'endettement d'Air Austral a progressé de 251 millions d'euros entre mars 2009 et décembre 2011, notamment à cause de la modernisation de la flotte (dont l'achat finalement annulé de deux A380). Or, la Sematra, principal actionnaire regroupant la région et le Conseil général, a déjà réinjecté 18,6 millions d'euros en février et ne pourra contribuer seule à l'effort supplémentaire, estimé à 50 millions d'euros par le journal La Tribune.

LA HAUSSE DU KÉROSÈNE : 80 ME DE PLUS EN 2 ANS

Marie-Joseph Malé, pour donner des gages aux financiers susceptibles de le suivre, devra également s'attaquer à la structure de coût de la compagnie. Le cabinet Deloitte Finance a estimé que la compagnie devait réduire ses coûts de 15 millions d'euros par an pour retrouver l'équilibre en 2014. La perte d'exploitation a en effet chuté à – 23,9 millions d'euros au premier semestre 2011/2012, notamment à cause de l'augmentation du prix du kérosène, passé de 23 % à 36 % du chiffre d'affaires. « On a eu 80 millions d'euros de surcoût dû à la hausse du kérosène en moins de deux ans. Je ne suis pas un émir du pétrole, je ne pouvais rien faire » s'est ainsi défendu Gérard Ethève, l'ancien patron de la compagnie Air Austral.

Mais les pertes d'exploitation ont également été renforcées par le maintien de lignes long-courrier déficitaires, comme Bangkok ou Sydney-Nouméa et par la baisse du trafic. Sur les trois premiers mois de 2012, le trafic d'Air Austral sur sa plate-forme de la Réunion a baissé de plus de 8 % à 243 000 passagers. Sur l'axe Réunion-métropole, pour la même période, la compagnie a perdu quatre points de parts de marché, tombant à 38 %. Dans le même temps, Air France est passé de 33 % à 39 % tandis que Corsair International stagne à 24 %. Une concurrence qui devrait s'accentuer depuis la décision d'Air France d'augmenter ses prix sur tous ses axes (100 euros sur le long courrier), à l'exception de la Réunion. Comme parade, Air Austral envisage de se rapprocher de Corsair par un partage de code sur ses vols vers la Réunion. À moins que Marie-Joseph Malé ne se tourne vers son ancienne maison, Air France.

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