Air Antilles : deux ans requis contre Eric Koury
Deux ans de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende requis contre l’ex-dirigeant d’Air Antilles pour fraude aux aides publiques durant la crise du Covid-19.
Deux ans de prison dont un avec sursis ont été requis mardi contre l’ancien dirigeant de la compagnie aérienne Air Antilles. Il est poursuivi par le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre pour escroquerie et travail dissimulé. Ces faits présumés ont été commis en pleine crise sanitaire du Covid-19.
Le parquet a également requis contre Eric Koury, qui dirigeait la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire), opérateur d’Air Antilles et Air Guyane, 100.000 euros d’amende. Il a aussi demandé cinq ans d’inéligibilité et trois ans d’interdiction d’exercer et de gérer une entreprise dans ce secteur d’activité.
M. Koury est accusé d’avoir frauduleusement perçu, entre mars 2020 et septembre 2021, plusieurs millions d’euros d’aides publiques liées au chômage partiel. Il aurait déclaré des employés ne faisant plus partie de ses sociétés ou gonflé artificiellement les horaires d’autres salariés, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane. Il lui est également reproché d’avoir sous-déclaré des heures travaillées, causant un manque à gagner de plus de 1,2 million d’euros pour l’Urssaf.
Des infractions qui ont coûté « plus de 5 millions d’euros »
Au total, les infractions relevées ont coûté « plus de 5 millions d’euros » à l’Etat, a relevé le procureur dans ses réquisitions. « Les réquisitions sont justes, adaptées et à la hauteur des faits », a réagi Me Marie-Michelle Hildebert, avocat des parties civiles. Elle dénonce la « galaxie Koury » en référence « au nombre de sociétés dont il est l’actionnaire, montrant l’immensité de son pouvoir économique ».
L’avocat de la défense Me Blaise Guichon, qui a plaidé pour la relaxe, s’est dit « très serein ». Il ajoute qu’il n’y a eu « aucune enquête sérieuse dans cette affaire ». Confronté à des dettes importantes, le groupe Caire a été liquidé en septembre 2023. Cela a entraîné l’arrêt brutal des vols et la suppression de la majorité des près de 300 emplois de l’entreprise.
Air Antilles a toutefois été relancée sous une nouvelle bannière, portée par un consortium possédé à 60% par la Collectivité de Saint-Martin et à 40% par le groupe Edeis. La compagnie a repris les opérations, avec une flotte réduite et un recentrage sur certaines liaisons stratégiques dans la région, en juillet 2024. Air Guyane, en revanche, n’a pas survécu à la faillite du groupe. Le tribunal rendra sa décision du tribunal le 20 mai prochain.