Agrocarburant : une idée à cultiver dans l’aérien
Alors que les vols tests se multiplient, le secteur aérien place beaucoup d’espoir dans les carburants alternatifs.
Le 23 novembre, KLM a réalisé le premier vol de passagers utilisant des agrocarburants. Un des quatre réacteurs du Boeing 747 était alimenté à 50 % par un carburant extrait d’une plante, la cameline. En janvier 2009, Japan Airlines avait utilisé un mélange issu de cameline, de jatropha et d’algues. Un premier pas, qui montre que leur utilisation est possible. Iata table ainsi sur une utilisation de 6 à 7 % d’agrocarburants d’ici 2020, et espère obtenir la certification en 2010. Mais pour Ghislain Dubois, du cabinet TEC conseil, spécialisé dans l’ingénierie du développement durable, le secteur aérien est irréaliste. « Ce n’est pas au point, il faudra beaucoup de temps pour mettre en place une filière et atteindre des coûts compétitifs. » Un objectif « crédible » estime Christian Dumas, directeur des affaires environnementales chez Airbus. « Avec l’ensemble des acteurs du transport aérien, nous espérons atteindre 30 % en 2030. » Air France ne se fixe aucun objectif chiffré pour les dix ans à venir. Pour Pierre Caussade, responsable du développement durable de la compagnie, « Il s’agit désormais d’étudier la faisabilité d’une production industrielle, d’en préciser l’économie et l’impact environnemental sur la totalité du cycle de vie. » En effet, si les agrocarburants de première génération – dont le bilan carbone est parfois plus mauvais que celui du pétrole – ont été abandonnés, la deuxième génération montre aussi ses limites.
L’ALGUE, NOUVEL OR VERT ?
Encensés par les industriels, les bénéfices de la culture de jatropha sont remis en cause par certains chercheurs. Les 10 millions d’hectares prévus d’ici à 2012 en Inde sont considérés par les associations et les populations locales comme une « catastrophe ». « Le secteur aérien ne développera que des carburants durables », affirme Christian Dumas. À base d’algues, ceux de troisième génération paraissent promis à un « grand avenir ».