Afat et Selectour : une fusion inévitable

Comment y échapper ? À l’heure des concentrations, rapprochements et intégrations, la fusion entre Afat Voyages et Selectour est des plus logiques. Elle est incontournable. Deux réseaux volontaires bâtis sur le même modèle, et qui doivent relever les mêmes défis, ne pouvaient faire autrement que de s’unir pour continuer à exister face à la domination de TUI et Thomas Cook sur le tourisme et d’American Express et Carlson Wagonlit Travel sur le voyage d’affaires.

SOUS LA FORME D’UNE COOPÉRATIVE

Pour y parvenir, Afat Voyages et Selectour ont choisi de fusionner sous la forme d’une coopérative ; « un modèle d’économie moderne », selon eux, qui s’appuiera sur une société de services regroupant les structures existantes. « La mutualisation de certains services sera compensée par la création d’autres prestations », explique Jean-Pierre Mas, ajoutant que « le volet social n’a pas encore été abordé ». Cette mise en commun leur a toutefois déjà permis de dégager plus de 3 ME de synergies, qui seront principalement réinvestis sur le Web. « Nous sommes des nains sur la vente en ligne. Le développement de notre stratégie multicanal ne peut être lié qu’à une politique de volume », poursuit-il. Un concept applicable également à la politique TO. Car si la fusion a aussi pour but de « rassurer les producteurs avec un réseau fiable et solide », avec 1 170 points de ventes, le premier réseau français d’agences de voyages va surtout chercher à gagner en productivité et en compétitivité. « Nous ne voulons pas devenir tour-opérateur ni en racheter. En revanche, nous allons passer nos contrats à la loupe pour les optimiser, car 90 % de nos fournisseurs sont communs », indique François-Xavier de Boüard. L’étau pourrait donc se resserrer autour de certains opérateurs stratégiques et en laisser d’autres sur le bord de la route.

La fusion va également redessiner l’avenir du G4 et de l’Alliance T, créés suite à la suppression des commissions aériennes pour réaliser des économies sur fond de rationalisation renforcée des coûts. « Afat a fait le choix de se marier avec un réseau concurrent. Souverain, le conseil d’administration en tirera les conséquences en se reportant aux statuts qui prévoient que lorsqu’un des membres prend des directions commerciales opposées aux intérêts des autres alliés, il ne peut rester dans l’alliance. Ce n’est en aucun cas à Jean-Pierre Mas de décider », explique Régis Chambert, DG d’American Express Voyages d’Affaires, en accord avec les autres membres de l’alliance (Manor et Thomas Cook) et au courant du projet de fusion depuis plusieurs mois. Du côté de l’Alliance T, dont la continuité était déjà en question, Carlson aurait déjà dans sa manche des prétendants pour la constitution d’un autre regroupement avec de nouveaux objectifs, qui pourrait intervenir bien avant que le mariage Afat/Selectour soit officialisé à l’automne. D’ici là, un comité de pilotage sera créé pour travailler sur les structures juridiques, les règles de gouvernance et superviser les travaux des commissions du conseil d’administration. Ces séances de travail porteront notamment sur le marketing (le nom de la coopérative n’a pas été défini) et le maillage (le réseau est présent dans 92 départements, mais il y a 12 cas d’agences labellisées situées à moins de 100 mètres l’une de l’autre). L’Assemblée générale extraordinaire constitutive de la coopérative est programmée en novembre 2009, avant le lancement effectif du nouveau réseau sur un plan opérationnel au 1er janvier 2010.