Aéroport Roissy-CDG : quel est son projet « anti-Terminal 4 » pour 2050 ?
A quoi ressemblera l’aéroport de Charles-de-Gaulle à l’horizon 2050 ? Le groupe ADP a levé un coin du voile ce matin, avec ses partenaires et la presse.
En pleine pandémie, le gouvernement avait demandé au groupe ADP de renoncer à un Terminal 4, et de plancher sur un projet alternatif. Dont acte, avec les aménagements présentés ce matin aux compagnies aériennes, au siège du groupe aéroportuaire.
Un budget de 3,5 à 4,5 milliards sur 10 ans
Il s’agit d’un projet « anti-Terminal 4 », « anti-gigantisme », a souligné Philippe Pascal, le nouveau PDG. Et aussi, d’un projet modulable, après la phase de concertations qui démarre le 8 avril. « Tout est arrêtable et modifiable, insiste Philippe Pascal. On joue le jeu de concertation, c’est ainsi que nous embarquerons tout le monde. »
Le projet d’aménagement de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle n’en reste pas moins ambitieux et relativement coûteux.
Le budget requis s’inscrit dans une fourchette comprise entre 3,5 et 4,5 milliards d’euros, sur la première phase (2025-2035). Ces coûts resteront « entièrement à la charge d’ADP », assure Justine Coutard, directrice générale déléguée du groupe. La deuxième phase des travaux s’ajustera à la croissance constatée du trafic.
A titre de comparaison, le Terminal 4 aurait coûté 9 milliards d’euros, pour 40 millions de passagers, a précisé Philippe Pascal.
Développer l’avion, mais aussi le train
Aucun nouveau terminal ni aucune nouvelle piste n’est prévue dans le futur aéroport de Charles-de-Gaulle, deuxième européen après Londres, à l’horizon 2050.
Le groupe ADP promet de travailler sur plusieurs axes : la décarbonation des opérations au sol, le multimodal avion-train, des temps de correspondance réduits. La ligne de métro automatique Lisa devrait ainsi être prolongée jusqu’au Terminal 2G et la nouvelle salle d’embarquement.
Alors que le CDG Express doit démarrer début 2027*, la gare multimodale est promise à un bel avenir. Le nombre de voyageurs en gare de CDG2 (train et métro) pourrait tripler d’ici 2050, passant de 15 millions à 45 millions d’usagers. Soit l’équivalent du trafic enregistré par la gare de Lyon-Part Dieu.
Une croissance prévisionnelle de 1%
Le projet d’ADP, qualifié de « pragmatique », s’appuie sur une croissance modérée du trafic. Sans de nouveaux aménagements, les capacités d’accueil resteraient plafonnées à 88 millions de passagers par an.
Le trafic devrait progresser de seulement 1% chaque année, entre 2025 et 2050, d’après les nouvelles prévisions du groupe aéroportuaire. Paris-CDG compte ainsi accueillir 105 millions de passagers en 2050, contre 82 millions en 2025. C’est nettement moins que les prévisions pré-Covid, qui tablaient sur 168 millions de passagers dans 25 ans.
Mais la concurrence internationale, le recul du trafic aérien domestique, les contraintes réglementaires et le renchérissement prévisible des billets d’avion modifient les perspectives.
« Notre prévision (de 105 millions) est complètement en ligne avec les objectifs fixés par l’Europe et la France en termes d’incorporation du carburant durable », ajoute Philippe Pascal. Ce « SAF, « trois à quatre fois plus cher que le kérosène », va selon lui entraîner un renchérissement du prix du billet et tarir la croissance.
Quelle concertation ?
La concertation démarre le 8 avril, pour une période de trois mois, avec toutes les parties prenantes (compagnies, riverains et travailleurs de 800 communes…). Une plateforme, cdgetvous.groupe-adp.com, permet d’identifier les lieux et les horaires du dispositif couvrant une quarantaine de rendez-vous.
ADP promet ensuite d’enrichir son projet au regard des échanges, en se montrant attentif aux nuisances sonores et autres griefs des riverains. L’aéroport anticipe un impact fort des travaux d’agrandissement sur l’exploitation, pour les compagnies et les passagers. Un sujet qui sera également au coeur des échanges. Pour autant Anne Rigail, directrice générale d’Air France, a manifesté un grand enthousiasme. Le projet d’aménagement a « le soutien d’Air France », a-t-elle insisté.
Air France génère plus de 50% du trafic à CDG, où est installé son hub depuis 1996. Il s’agit pour elle d’une « infrastructure stratégique pour le pays », à défendre face à des concurrents offensifs comme « Istanbul et les pays du Golfe ».
*Le CDG Express reliera l’aéroport à la gare de l’Est en 20mn. La ligne 17 du Grand Paris Express, en 2030, permettra de relier La Défense en 35mn.
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