100 millions de touristes étrangers en France ? Dominique Marcel doute du chiffre
Ce matin s’est déroulé un colloque, au Sénat, réunissant les principaux acteurs du tourisme en France. A cette occasion, Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, a partagé sa vision tout en émettant quelques critiques et orientations.
Dominique Marcel aspire-t-il à devenir un ministre ou secrétaire d’Etat en charge du Tourisme ? Au regard de son expertise et de ses prises de position, d’aucuns se posent la question.
L’ancien patron de la Compagnie des Alpes a organisé ce matin, avec les Régions de France, un colloque intitulé « 100 millions de touristes en France : réalité ou totem politique » au Palais du Luxembourg à Paris. De nombreux débats intéressants ont ponctué la matinée.
« Le tourisme n’est pas une rente »
« Le tourisme n’est ni une danseuse ni une rente, a insisté Dominique Marcel. Nous ne sommes plus le leader mondial. L’attractivité doit progresser. » Pour lui, les défis portent sur la qualité de l’accueil et des hébergements, l’innovation, la sécurité, la propreté. « Nous devons construire une stratégie partagée », sans « trop de triomphalisme ». Pour lui, il ne faut pas se focaliser sur le nombre de visiteurs, mais bien sur les recettes touristiques. D’autant plus qu’il « doute » de la « robustesse » des statistiques qui conduisent au chiffre de 100 millions de touristes étrangers.
Le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, ancien ministre délégué chargé du Tourisme, a abondé : « En matière de tourisme, il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Nos lauriers ne sont peut-être plus d’actualité. Nos voisins espagnols mettent les bouchées doubles et sont devant nous en termes de panier moyen et de recettes. Et donc, il faut investir. » Et Jean-Baptiste Lemoyne de citer aussi les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite. « Les emplois du tourisme sont délocalisables », insiste-t-il pour tordre le cou à cette « idée reçue ».
Atream lancera un fonds de 800 millions d’euros
« Quatre ministres en huit ans, c’est un sujet », a de son côté pointé Franck Louvier, président de la Commission déléguée tourisme de Régions de France. Evoquant aussi, au passage, le peu de moyens fléchés vers le secteur. « Je suis convaincu que (le cap des) 100 millions de visiteurs étrangers n’est pas un objectif, c’est la qualité qui compte. » Franck Louvier estime par ailleurs que les investissements doivent s’intensifier dans le tourisme d’affaires, qui est une activité répartie sur les quatre saisons.
Pascal Savary, PDG du groupe Atream, a renchéri : « Il faut effectivement investir, sur le long terme. Ce qui nous manque le plus, c’est du cash, alors que de nombreux investisseurs anglo-saxons arrivent avec beaucoup de moyens financiers à court terme. »
Atream compte bien mobiliser l’épargne des Français sur un nouveau projet : « Nous lançons dès la rentrée de septembre un fonds de 800 millions d’euros pour investir en France et « accompagner la transformation » de cette industrie, avec un grand groupe.
La ministre au congrès des Villes
« Le tourisme va continuer à croître, et nous aurons besoin d’une capacité et d’une politique », a ajouté Michel Durrieu. Le directeur international de Huttopia met pour sa part en garde contre une réglementation qui pourrait freiner le développement de l’industrie. Michel Durrieu insiste également sur la nécessité d’associer la population aux réflexions et aux décisions.
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a partagé sa vision lors du colloque. « J’ai l’ambition de conforter la transformation de la région avec le tourisme, a-t-il souligné. Nous sommes le sud… de l’Europe du Nord. » Xavier Bertrand a également évoqué « la question de l’accessibilité sociale » et la nécessité de créer « de nouvelles destinations » notamment dans les terres.
Au niveau de l’emploi, il existe un « potentiel de reconversion énorme dans le tourisme », a-t-il relevé.
La ministre déléguée en charge du Tourisme Nathalie Delattre était au programme du colloque ce matin, mais n’est finalement pas venue prendre parole.
« Elle n’est pas présente car elle est invitée au congrès des Villes à Libourne aujourd’hui ce qui est un temps fort de son agenda », nous précise son entourage.