1 Vosges
Le partage des crêtes
Ici, c’est le Donon : 1 009 mètres d’altitude. On y a bâti un faux temple à Toutatis, qui s’encroûte d’un beau givre, l’hiver. À l’Ouest, la Lorraine. À l’Est, l’Alsace : le Donon pourrait être la cassure entre deux régions. Il n’est que la charnière d’un tout, fait de grès pannés de lichens, de coqs de bruyère au cri de tire-bouchon, de pins saignant de leur suc odorant. Comme un filet à oignons, sept chemins de rando se rassemblent sur ses crêtes usées, ses lacs fragiles, aux noms aussi improbables que Hartmannswillerskopf ou Gérardmer. Avec des vues – et des escaliers – à vous couper le souffle, 300 châteaux forts rappellent que les barons querelleurs n’ont jamais pu dépiauter le massif. En sus du Haut-Koenigsbourg, fantaisie totale que Guillaume II fit restaurer par le Viollet-Le-Duc allemand, il y a toute la gamme : harpes de roc du Wasenbourg ; géométrie sûre de l’Ortenbourg ; Nideck, où un géant prenait les serfs pour des soldats de plomb ; Froensbourg qui joue les troglodytes… Qui prétend que la Forêt Noire est plus romantique a géographiquement tort : c’est la même montagne, sciée par le Rhin.
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