Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

J-F Rial : La lutte anti-Google n’est pas ringarde

Le PDG de Voyageurs du Monde défend avec force la fronde anti-Google ainsi que la plainte contre le géant américain. Découvrez sa vision, et ses doutes.

Avec 95% de part de marché en France, dans la recherche d’informations sur Internet, Google a prouvé son génie et sa pertinence auprès des internautes. Mais la firme de Mountain View est autant portée aux nues que critiquée. Au point d’être attaquée en justice. En témoigne l’Open Internet Project (OIP), ce mouvement né au printemps sur la base d’une plainte contre Google.

Les internautes trompés ?

"Selon les pro-Google, nous sommes des ringards conservateurs, qui refusent la concurrence, insiste Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. Notre combat idéologique est parfois comparé à celui des taxis contre les VTC (voitures de tourisme avec chauffeur, Ndlr), ce qui n’est pas flatteur".

Pour autant, Jean-François Rial, qui a écrit une tribune en 2012 avec le patron de la SNCF Guillaume Pepy, pour dénoncer les dérives de la position ultra-dominante de Google, persiste et signe : "Aujourd’hui, je soutiens l’OIP, parce que le combat est juste. Intellectuellement, nous avons raison". Mais encore ? "Les études montrent que les produits recherchés par les internautes, et vendus par les Google services, sont plus chers". Autrement dit, le groupe californien ne viserait pas toujours l’intérêt des consommateurs, et faillirait de fait à sa promesse de neutralité.

Les tarifs promus via Google Shopping sont 23% plus élevés que ceux affichés par les comparateurs de prix indépendants, a déclaré l’économiste Pascal Perri, lors de la conférence de l’OIP en mai 2014. Cet écart de prix a été calculé sur la base d’une étude menée en décembre 2013 et janvier 2014, qui portait sur 25 produits de grande consommation (hors voyage).

Un démantèlement improbable

Comme le ministre allemand de la Justice, d’aucuns rêvent de séparer le moteur de recherche, neutre et encyclopédique, et les activités commerciales (incluant les clics des comparateurs Hotel Finder et Flight Search), pour éviter que Google ne favorise ses propres services au détriment de la concurrence. Mais les chances d’une telle scission restent infimes. "Je suis convaincu que nous ne parviendrons pas au démantèlement dans des délais raisonnables", ajoute Jean-François Rial.

Plusieurs acteurs estiment toutefois que l’action de l’OIP aura des répercussions, même minimes, sur les relations entre les différents protagonistes. Une position défendue face, aussi, à l’inaction de l’Europe. Suite à différentes plaintes, la Commission européenne a ouvert une enquête pour abus de position dominante contre Google en 2010. Quatre ans plus tard, aucune sanction n’est pour l'instant tombée.

"Google est merveilleux et monstrueux", insiste un observateur dans l’e-tourisme. "Mais le géant de la recherche n’a pas intérêt à tuer son modèle, qui est essentiellement BtoB", ajoute-t-il. Il ne doit pas monétiser son audience à outrance, il lui faut au contraire laisser assez d'espace aux réponses naturelles (SEO). C'est une question d'équilibre, un combat pour la neutralité, même en l'absence d'un concurrent capable de faire un contrepoids à un Google décidément irremplaçable aujourd'hui.

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique