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Alpes : la Cour des Comptes pointe les faiblesses des stations de ski

Face à la réduction de la période d’enneigement, la Cour des Comptes estime vulnérables les stations alpines, et leur conseille de se regrouper.

« Parce qu’il représente un atout essentiel pour le développement, le tourisme hivernal structure depuis plusieurs décennies les territoires de montagne. Pourtant, le réchauffement climatique s’ajoute aux évolutions qualitatives de la demande pour modifier les conditions d’une exploitation restée largement communale. » Lors de la remise de son rapport annuel, la Cour des Comptes est revenue sur la vulnérabilité croissante des stations de ski des Alpes.

Entre 2015 et 2017, la juridiction financière a contrôlé la gestion des 17 domaines skiables, dont le chiffre d’affaires est de 568,3 millions d’euros. L’échantillon inclut notamment les domaines de Chamonix et Megève en Haute-Savoie, Courchevel ou Tignes, mais aussi de plus petites situées dans le Vercors ou le Jura. Dans ce rapport, la Cour des Comptes pointe les différentes insuffisances des stations, qui à terme, risquent de causer leur perte.

Trop de concurrence entre les stations

Par exemple, les stations de ski en France sont la plupart du temps des communes qui confient l’exploitation de leurs équipements à des entreprises. « Dès lors, la gestion des domaines skiables se caractérise par une juxtaposition de contrats de délégation ». En 2011, la cour des comptes avait déjà pointé les insuffisances de ce modèle de gestion, « car les collectivités ne disposent pas de moyens appropriés pour maîtriser l’ensemble des équipements et des flux financiers associés. »

L’autorité indépendante dénonce également des stratégies locales concurrentes et contre-productives, notamment le département de l’Ain et les communes de la communauté de communes du Pays de Gex. Elle épingle la maîtrise insuffisante des enjeux de gestion, la faiblesse des autorités organisatrices, une politique tarifaire mal maîtrisée.

Les petites stations premières victimes

Car la réduction des périodes d’enneigement et l’insuffisance de la couche neigeuse fragilisent particulièrement les domaines dont l’altitude est la plus faible (en dessous de 1 700 mètres). Leurs marges se contractent. Si l’enneigement artificiel et l’ouverture de pistes plus élevées permettent de maintenir l’attractivité et la rentabilité, tous ces aménagements supportés par les communes ne peuvent pas résoudre la fragilité des stations.

C’est pourquoi la Cour des Comptes préconise une approche collective plus équilibrée et plus diversifiée. Elle prend exemple sur la Drôme ou le département gère des stations de basse altitude. L’analyse de l’activité a entraîné la réorientation vers des activités estivales et la fermeture hivernale d’une station.

La solidarité ou la mort ?

Autre exemple, Courchevel où des regroupements de communes sont venus renforcer « la cohérence entre les structures administratives et les domaines gérés. » La Cour insiste également pour que les stations optimisent leurs recettes grâce notamment à la taxe sur les remontées mécaniques, les redevances d’occupation du domaine public ou encore la taxe de séjour.

Mais l’adaptation aux attentes de la clientèle impose une réhabilitation du parc immobilier, trop ancien et sous occupé. Des investissements lourds, que les communes ne peuvent supporter seules. Surtout dans l’environnement concurrentiel dans lequel sont exploités les domaines. Il faudra « une solidarité renforcée entre les territoires », estime la Cour.

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