Une fronde unie
Pas facile d’y voir clair dans les projets décrets d’application de la réforme de la loi de 1992, qui traînent sur les bureaux du ministère du Tourisme depuis quelques semaines. Mais une chose est certaine : ils font l’unanimité contre eux. L’APS, le Snav et le Ceto, dans un élan collectif que l’on n’avait pas connu depuis belle lurette, crient au loup. Car selon les organismes professionnels, ces textes instaureraient un tourisme à deux
Pas facile d’y voir clair dans les projets décrets d’application de la réforme de la loi de 1992, qui traînent sur les bureaux du ministère du Tourisme depuis quelques semaines. Mais une chose est certaine : ils font l’unanimité contre eux. L’APS, le Snav et le Ceto, dans un élan collectif que l’on n’avait pas connu depuis belle lurette, crient au loup. Car selon les organismes professionnels, ces textes instaureraient un tourisme à deux vitesses. Avec, d’un côté, des agences étranglées par des obligations et une responsabilité excessive pour répondre aux besoins de protection des consommateurs, et de l’autre des habilités (offices de tourisme, associations…) qui pourraient vendre du voyage sans limitation et sans contrainte ou presque (en particulier en termes de garantie financière). Bref, le fameux paracommercialisme, contre lequel se battent avec raison le Snav et l’APS depuis 15 ans, pourrait être officialisé !
L’attitude des autorités est d’autant plus étonnante que la profession, dont nombre de ténors sont politiquement proches du pouvoir, aurait dû trouver une oreille attentive au sein du ministère. A moins qu’avec ces projets de décrets, le gouvernement ne veuille d’abord satisfaire quelques élus locaux. Car derrière les textes pointe la possibilité pour les palais des congrès et autres offices de tourisme d’exercer la profession d’agent de voyages en toute liberté. Autant de structures essentielles pour une ville, et dans lesquelles les collectivités locales sont généralement parties prenantes.
Pour l’APS, la promulgation de ces décrets serait d’autant plus dangereuse que son système économique (et sa fameuse garantie totale des fonds déposés) repose sur la caution financière des agences, caution qu’elle leur délivre moyennant une cotisation annuelle. Que les futurs habilités puissent vendre tout et n’importe quoi, sans être soumis aux mêmes contraintes, et l’association s’en trouverait ébranlée. Le gouvernement fera-t-il marche arrière ? La bataille s’annonce âpre. En tout état de cause, après avoir remis en selle les syndicats avec le CPE, il est en passe de réconcilier les professionnels du tourisme. Un nouvel exploit !