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Sécurité : les arguments pour rassurer vos clients

Malgré les éclaircissements du ministère, les recommandations du Quai d’Orsay concernant 40 pays à majorité musulmane restent mal interprétées par de nombreux voyageurs. Voilà ce qu’il est bon de leur rappeler.

Le Quai d’Orsay appelle à la vigilance mais n’a pas modifié ses cartes

Lorsqu’il a publié, le 22 septembre, son communiqué appelant les ressortissants français à "renforcer leur vigilance" dans une trentaine de pays à majorité musulmane, le Quai d’Orsay avait-il anticipé la confusion que ce message créerait dans l’esprit du grand public ?

Cette recommandation, qui concerne aujourd’hui 40 Etats du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, n’a pourtant rien changé aux cartes des zones à risques que le Quai d’Orsay publie, pour chaque pays du monde, dans ses conseils aux voyageurs. En clair, les couleurs utilisées pour décrire les niveaux de risque (rouge, orange, jaune et vert) n’ont pas été modifiées, ce qui indique que la dangerosité de ces différents pays n’a pas augmenté aux yeux du ministère. Les régions "formellement déconseillées" (rouges) le restent, au même titre que les régions à "vigilance normale" (vertes).

Certains pays de la liste sont jugés dangereux, d’autres sûrs

En publiant la même recommandation pour une quarantaine de pays, le Quai d’Orsay a créé une autre confusion : laisser penser que tous ces Etats sont soumis au même niveau de risque. "Ce message est désastreux, car il associe des pays où il serait monstrueux d’aller, comme la Syrie, et des pays plus sûrs que la France elle-même, comme l’Iran, estime Hubert Debbasch, le PDG de Terre Entière. Le critère retenu pour établir cette liste n’est pas le niveau d’insécurité, mais le caractère dominant de l’Islam."

On retrouve ainsi dans cet ensemble des Etats dont le territoire est jugé hautement dangereux par le ministère des Affaires étrangères, et donc entièrement coloré de rouge (Syrie, Libye, Somalie, Yémen, Irak, Afghanistan, Pakistan), aussi bien que des pays dont l’ensemble du territoire est jugé sûr et ouvert aux voyageurs, et donc coloré de jaune ou de vert, tels le Maroc (hors Sahara occidental), les Emirats arabes unis ou le Qatar.

Entre ces deux extrêmes se trouve toute la palette des situations, où peuvent se mélanger des zones déconseillées (rouges ou orange) et des zones plus sûres (jaunes et vertes). De nombreux pays sont même jugés sûrs sur la totalité de leur territoire, à l’exception seulement de certaines zones frontalières, comme le sultanat d’Oman, la Tanzanie, la Jordanie, l’Ouzbékistan, la Malaisie ou, dans une moindre mesure, la Tunisie.

Les TO évitent la grande majorité des zones rouge ou orange

Ces dernières années, les tour-opérateurs français, en particulier ceux adhérant au Seto, ont pris l’habitude de coller au plus près des avis ministériels. Après avoir déprogrammé les zones que le Quai d’Orsay classe en rouge, ils ont même progressivement renoncé à la plupart des zones orange, principe de précaution oblige. Le 25 septembre, sur le plateau du grand Journal de Canal +, Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs, indiquait à ce titre que les TO de son groupe suivaient les consignes ministérielles dans "99,9% des cas".

Les TO revendiquent toutefois le droit de conserver leur marge de manœuvre et d’interprétation. L’Iran est ainsi l’un des très rares pays que le Seto n’a pas fermé et vers lequel les voyagistes (spécialistes pour la plupart) continuent d’opérer, alors même que le Quai d’Orsay classe son territoire en rouge et orange. "Les TO du Seto y font voyager entre 2000 et 2500 clients par an", confie Olivier Chiffert, le directeur de la production d’Asia.

Terre Entière (qui n’appartient pas au Seto) va plus loin encore et programme régulièrement des voyages dans le sud irakien, en dépit des conseils du Quai d’Orsay. Le TO a annulé dès juin le voyage initialement programmé cet automne, mais il compte faire partir celui prévu au printemps 2015, "en fonction de l’évolution de la situation".

La quasi-totalité des enlèvements se produisent dans les régions déconseillées

Les kidnappings de ressortissants français, depuis une dizaine d’années, ont eu lieu dans l’immense majorité des cas dans des zones rouges ou, au mieux, orange. C’est particulièrement vrai dans les pays de l’arc sahélo-sahélien, notamment au Mali et au Niger.

En Algérie, l’enlèvement d’Hervé Gourdel s’est produit en zone orange, une position que le Quai d’Orsay assume, indiquant que seule une vallée (celle du kidnapping) était connue comme extrêmement dangereuse. Les TO sont de leur côté unanimes pour dire que la Kabylie est à éviter à tout prix. "Cela fait 18 ans que nous l’avons fermée", confiait par exemple Jean-François Rial sur Canal +. Preuve qu’au-delà des consignes du Quai d’Orsay, les TO sont aussi capables de définir les lignes à ne pas franchir. 

Retrouvez notre dossier consacré à la sécurité dans notre magazine du 3 octobre.

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