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Pourquoi Madagascar Airlines va stopper le long-courrier

L’arrêt du long-courrier, le retour au tout domestique, la recherche d’investisseurs : Thierry de Bailleul, le dirigeant de Madagascar Airlines revient avec nous sur l’actualité très chaude de sa compagnie.

Comment est née Madagascar Airlines ?

Thierry de Bailleul : Après une procédure collective d’apurement de passif, en octobre 2021, Air Madagascar et sa sa filiale domestique Tsaradia ont fusionné dans le groupe Madagascar Airlines, en avril 2022. Cette nouvelle compagnie s’est lancée avec un capital de 5000 dollars. Neuf mois plus tard, en décembre 2022, je suis nommé directeur général de la compagnie Madagascar Airlines.

Quelle est la situation lors de votre arrivée à la tête de Madagascar Airlines ?

Thierry de Bailleul : Quand j’arrive, la nouvelle compagnie est déjà en difficulté. Elle présente 15 millions de dollars de dette et 25 millions de pertes opérationnelles. La raison est assez facile à identifier : la compagnie est en contrat Wet lease pour ses avions qui volent vers l’Europe. Le Wet lease est un contrat de location d’avion en plus duquel le loueur fournit un équipage complet, l’entretien et l’assurance de l’avion, de l’équipage, de la maintenance. C’est le contrat le plus cher en termes de location. Plus de 90% de nos pertes en provenaient. Par ailleurs, les vols domestiques étaient opérés en ATR. Mais à cause des problèmes financiers, le programme de maintenance ne pouvait plus être respecté donc très rapidement il n’y a plus eu que 2 ou 3 ATR à voler. C’était un cercle vicieux.

Quelles ont été vos premières décisions ?

Thierry de Bailleul : Il faut d’abord savoir que Madagascar est, en tant qu’île, fortement dépendante de ses liaisons aériennes. A l’international mais aussi en domestique ! Les distances entre chaque ville sont très grandes. Quand je suis arrivé, j’ai demandé un changement de gouvernance avec un nouveau plan de continuité d’activité, que j’ai obtenu. Le plan a désormais été approuvé par le ministre des Transports malgache.

2025 devrait être l’année de la relance du long-courrier.

Que prévoit ce plan ?

Thierry de Bailleul : Le plan est structuré en trois parties. La première, c’est l’arrêt du long-courrier. La seconde, c’est la restructuration de la flotte avec une remise en état des ATR pour le domestique. Et la troisième, l’acquisition de jets régionaux Embraer E1 pour pouvoir se recentrer sur le domestique et le régional. Après cela, si toutes ces phases se sont bien passées, on pourra envisager l’acquisition d’Airbus A330-200 pour relancer le long-courrier. Mais il faudra que le réseau domestique soit revenu à l’équilibre.

Comment va se passer le retour au tout domestique dans un premier temps ?

Thierry de Bailleul : Pour la flotte, on garde trois de nos ATR que l’on remet en état de marche et on commande 3 Embraer. Nous avons établi un nouveau réseau domestique depuis novembre. Il prévoit 70 à 90 rotations par semaine. Ce que nous visons c’est une stabilité, une ponctualité et une régularité. Pour reconquérir la confiance du marché et des clients. Il restera peut-être encore un peu de retard mais ce sera résiduel et dû à une maintenance par encore à jour. 

Quel agenda avez-vous imaginé pour la compagnie ?

Thierry de Bailleul : J’espère pouvoir relancer le régional dès 2024 avec les Embraer vers La Réunion, les Comores, Maurice. Puis avancer par cercle concentrique, augmenter les cadences. 2025 devrait être l’année de la relance du long-courrier, si on une rentabilité sur le réseau intérieur. Alors, nous prendrons notre temps avant afin de réussir notre commercialisation des avions long-courriers, notamment auprès des TO.

Comment avez-vous financé le redémarrage de la compagnie ?

Thierry de Bailleul : Nous avons obtenu 25 millions de dollars de la part de la banque mondiale afin de remettre à niveau les ATR, commander les Embraer régionaux et la transformation digitale qui sera très importante pour bien commercialiser le domestique. La banque mondiale a vu l’évolution positive de notre compagnie, elle est même prête à remettre une vingtaine de millions sur la table. Mais au total, il nous faudra encore 50 autre millions à long terme.

Etes-vous prêt à faire appel à des investisseurs privés pour aller les chercher ?

Thierry de Bailleul : Madagascar Airlines a de très belles choses à offrir. Nous sommes en position de monopole sur le marché domestique. En général, les touristes ne restent pas à Antanarivo, ils prennent un vol pour se déplacer sur l’île.  Et nous avons en interne une société de catering et de handling rentables (MGH, Sofitrans). Nous discutons avec tout le monde, notamment les compagnies qui viennent déjà dans la région comme Air France Corsair ou Air Austral, pour voir ce qui est possible. Mais aussi les compagnies du Golfe. Nous allons avoir des investisseurs privés, l’Etat malgache n’est pas fermé à l’idée. Donc je commencerai un road show à partir de janvier 2024.

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