Pour transformer le tourisme, « l’entente doit être très forte entre le public et le privé »
Comment les régions et les grandes entreprises peuvent s’associer pour faire du tourisme français le plus performant du monde ? Quel rôle à jouer pour l’Etat ? Quelle politique d’investissements ? Autant de questions discutées lors d’une table-ronde organisée par l’Alliance française du tourisme.
L’Alliance française du tourisme (AFT), qui fédère les plus grandes entreprises du secteur du tourisme, pense en effet qu’on ne pourra pas transformer le tourisme français « si tout le monde ne se met pas autour de la table », selon son président, Dominique Marcel. L’association, qui veut faire le lien entre les institutionnels et le privé, milite pour l’élaboration d’une stratégie touristique globale associant tous les acteurs de la filière.
Car les partenariats publics/privés semblent plus stratégiques que jamais pour le développement de sites structurants. « L’impulsion de l’Etat est essentielle », lance Franck Louvrier, président de la Commission déléguée Tourisme de Régions de France, et vice-président de la région Pays de la Loire. « Dans ma région, il y a par exemple un site privé très connu, le Puy du Fou. Mais comment fonctionnerait-il sans route, sans chemin de fer ? A l’inverse, il rayonne aussi sur la région, en termes d’emploi, et donc de formation ». Formation et transports, deux compétences à la charge de l’exécutif régional.
« Pour relancer la machine, nous avons fait en sorte qu’elle ne s’arrête pas pendant la pandémie »
« Le rôle de l’Etat, c’est de se mettre au service des projets de territoires », répond Olivier Sichel, le directeur général délégué de la Banque des Territoires. « Pour relancer la machine, nous avons d’abord fait en sorte qu’elle ne s’arrête pas pendant la pandémie. Quand on décide d’investir 200 millions d’euros, en plein cœur de la crise, sur le nouveau Futuroscope, c’est un acte fort ». Et cet investissement massif provoque un effet d’entraînement qui mobilise également les fonds d’entreprises privées ou de structures institutionnelles locales.
Sur le terrain, ces partenariats créent une interdépendance positive entre les acteurs publics et privés. La société GL Events, qui officie dans le tourisme d’affaires, a bénéficié de 10 millions d’euros d’investissements de la Banque des Territoires pour la construction d’un hôtel au Matmut Stadium, le stade de rugby de Lyon, dont GL Events est propriétaire. « Ça prouve que cela marche », estime Olivier Ginon, le fondateur de GL Events. L’entreprise, elle, renvoie la monnaie de la pièce en organisant de grands congrès.
Relancer le tourisme français
Permettant ainsi la reprise – et le rayonnement – de l’activité touristique française. « Les visiteurs des congrès internationaux sont des consommateurs d’hôtellerie, de restauration, etc ». Ce qui se traduit pour GL Events par un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros en 2019, et à 1 milliard prévu en 2022 (après une chute à 400 millions d’euros en 2020). « La dynamique du privé va concourir à la relance du tourisme français, et il n’y a pas de réussite, dans le tourisme d’affaires, sans une entente très forte entre le public et le privé. »
Reste ensuite à mettre du sens pour que ces projets puissent répondre aux nouvelles attentes du marché. « C’est le seul moyen d’aller vers l’acceptation. Quand Pierre et Vacances inaugure le nouveau Center Parcs des Landes de Gascogne, l’acceptation est totale, parce que le projet tient compte des spécificités locales », pense Olivier Sichel. « Le nouveau Futuroscope, lui aussi, sera à énergie positive. On a fait très attention à toutes les caractéristiques durables du projet ».
Finalement, les entreprises privées co-financent des équipements avec les acteurs institutionnels qui, eux, assurent le lien avec l’écosystème local. L’Etat, lui, sort l’artillerie lourde lorsqu’il estime qu’un projet touristique peut structurer un territoire. Et l’Alliance France Tourisme espère toujours que tous ces acteurs réfléchissent ensemble à la transformation du tourisme en France.
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