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Norme NDC : « tout le monde y va »

Dans le cadre du congrès Selectour à Doha, une table ronde était organisée sur la thématique du voyage d’affaires. Avec la norme NDC et la RSE au centre des discussions.

Ce n’est un secret pour personne. Quels que soient les acteurs, l’adoption de la norme NDC s’opère lentement. « Nous continuons d’avancer sur le sujet » souligne Henri Hourcade, directeur général commercial ventes Air France, qui évoque au sortir de l’été dernier, « un billet sur deux » émis au format NDC par les agences de voyages en France. Mais sur le segment affaires, le taux de pénétration NDC atteint 8% en moyenne sur le marché français, nous a confié Henri Hourcade lors d’une interview en novembre 2024.

Afin de faciliter la transition des distributeurs vers la norme NDC, le groupe Air France-KLM a annoncé que, pour les agences affaires, la surcharge GDS/Edifact ne serait pas de 24 euros au 1er janvier prochain, mais de 3 euros durant six mois. Sur ce segment, cette surcharge basculera donc à 24 euros à compter du 1er juillet 2025, un montant déjà appliqué pour les agences loisirs. « On constate une mobilisation du secteur, tout le monde y va », affirme Henri Hourcade précisant que « certaines agences affaires sont aujourd’hui entre 30 et 40% de pénétration NDC ».

Toujours un manque de productivité

Afin de soutenir l’intégration de cette norme, Amadeus a introduit une plate-forme d’agrégation baptisée NDC-X. Ce qui n’empêche pas un déficit de productivité. « C’est une énorme machine, et les temps de réponse pour les réservations sont parfois longs à accoucher. Nous devons faire un billet en 20 secondes, et nous sommes encore sur une minute trente », avait d’ailleurs déclaré Laurent Abitbol, président de Selectour, en ouverture du congrès.

Reconnaissant que l’adoption NDC est « plus rapide sur la partie loisirs que sur la partie affaires », Frédéric Saunier, directeur général d’Amadeus, assure que « les quelques fonctionnalités essentielles manquant au business travel seront livrées d’ici quelques semaines ».

Amadeus, « devenir le premier agrégateur mondial NDC »

Si elle apporte davantage de flexibilité et de personnalisation, la norme NDC remet cependant en cause le modèle traditionnel des GDS qui ne bénéficieraient plus des 5 ou 6 euros par segment versés par les compagnies aériennes.

« Amadeus demeure un GDS, et Edifact une norme importante. Les deux systèmes vont perdurer » affirme Frédéric Saunier.

Et d’ajouter : « Nous avons l’ambition de devenir le premier agrégateur mondial NDC. Nous y mettons les moyens » ajoute-t-il satisfait que « de plus en plus de distributeurs et de compagnies aériennes » lui fassent confiance.

« Une transaction sur deux » pour Plus Voyages

« Nous avons besoin de cette transition NDC pour apporter du contenu au voyageur d’affaires » explique Guillaume Debomy de l’agence Plus Voyages Corporate, pour qui « l’expérience d’achat doit être identique entre le segment loisirs et le segment affaires ». Le dirigeant s’est efforcé « d’intégrer un maximum de transactions NDC » sur son périmètre clients. « La migration est longue, mais aujourd’hui c’est une sur deux » détaille-t-il.

Le basculement progressif et poussif vers la norme NDC contraint aussi les agences à repenser leurs modèles économiques. « Les sources de rémunération changent, cela nous oblige à nous réinventer » concède Florent Jutigny (Ailleurs Business Lyon). Selon lui, « la solution, c’est le client ». Et de dire « qu’un surcoût de quelques euros par billet lui permettra de bénéficier de tarifs dynamiques, et ainsi gagner sur le prix global du billet ».

« Une hypocrisie qui ne sert pas le marché »

La réalité, c’est que certaines TMC, « des majors notamment, n’assument pas de reporter ce surcoût sur le client » constate Florent Jutigny qui parle même d’une « hypocrisie qui ne sert pas le marché ». « Ceux qui disaient qui n’allaient pas appliquer de frais spécifiques au NDC sont ceux qui ont augmenté leur grille tarifaire récemment » déplore-t-il.

L’adoption de nouveaux modèles tarifaires doit être expliquée. « Nous devons nous rapprocher du client, faire de la pédagogie, expliquer notre valeur ajoutée et s’intégrer dans sa propre chaine de valeurs. A un moment donné, ce client sera peut-être plus enclin à partager le risque », résume Florent Jutigny qui teste aussi « de nouveaux modèles de pricing », non pas basés sur la transaction mais sur un prix forfaitaire.

La RSE, un autre enjeu

Autre sujet majeur évoqué lors de cette table ronde, la mise en place par les entreprises d’une politique RSE. Comme l’a rappelé Patricia Morosini, directrice voyage d’affaires chez Selectour, « la performance du voyage d’affaires ne s’arrête pas à son seul coût mais aussi à son empreinte sur l’environnement ».

Interrogée sur la question, Caroline Perou (Wagram Voyages) a « pris le parti d’aborder systématiquement le sujet en revue de compte client ». « Nous qui centralisons l’intégralité des déplacements de nos clients avons une vraie valeur ajoutée à leur apporter. Nous devons leur transmettre les datas sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour mettre des plans d’actions en place » explique la dirigeante.

« Des appels d’offres de plus en plus exigeants »

Utilisant l’outil de scoring de Positive Company, le réseau Selectour a lancé une évaluation des stratégies RSE de ses partenaires « affaires » (compagnies aériennes, loueurs, hôteliers…) sur un certain nombre de critères (activité, gouvernance, social, environnement et sociétal). L’objectif étant d’intégrer ces critères dans les référencements futurs. « La labellisation confère des avantages concurrentiels pour des appels d’offres de plus en plus exigeants en matière d’engagements concrets » indique Patricia Morosini.

Selon une étude du cabinet Epsa, le volume d’affaires des voyages professionnels devrait croître de 3,5% en 2025. Comme l’a rappelé la directrice voyage d’affaires chez Selectour, ces données sont « en contradiction avec les politiques RSE ».

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