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Michaël O’Leary : D’ici cinq à dix ans, Ryanair transportera 120 millions de passagers !

En visite à Marseille, le PDG de Ryanair évoque pour L'Écho touristique sa stratégie de développement, ses concurrents, mais aussi son retour au Maroc où il ouvre ses deux premières bases hors d'Europe.

L'Écho touristique : Comment se porte Ryanair à deux mois de votre bilan annuel ?

Michaël O'Leary : Nous continuons à nous développer fortement et avons enregistré 76,4 millions de passagers en 2011/2012. Nous sommes présents en France depuis 1997 et allons ouvrir trois nouveaux aéroports en avril : Brive, Clermont-Ferrand et Strasbourg.

Vous disposez aujourd'hui d'une cinquantaine de bases. Quelle est votre priorité : les renforcer ou les multiplier ?

57 précisément ! Nous en annonçons deux nouvelles au Maroc avec Fès et Marrakech en avril 2013. Les premières à ouvrir hors d'Europe. Nous connaissons un développement significatif de trafic au Maroc depuis trois ans, particulièrement au départ de notre base de Marseille.

Quelles sont les autres opportunités d'ouverture de bases ? Au sud, à l'est ?

Partout ! Nous discutons actuellement avec cinquante aéroports sur lesquels nous développons des destinations. Tous pourraient accueillir de nouvelles bases et sont intéressés à le faire depuis le succès de Marseille en tant que base. D'ici cinq à dix ans, nous transporterons 120 millions de passagers avec 500 avions.

Revenons au Maroc. Des divergences avec l'ONDA (Office national des aéroports marocains) vous ont conduit à stopper 34 vols hebdomadaires. Aujourd'hui, vous annoncez pourtant la création de deux bases au Maroc ?

Nous avons rencontré des problèmes ponctuels avec les autorités marocaines. Elles savent généralement signer des accords, mais se montrent moins performantes dans leur exécution. Comme dans un mariage, il peut exister des différents, puis finalement il faut composer. C'est le cas aujourd'hui. Les autorités marocaines se montrent vivement intéressées par la poursuite de la croissance de Ryanair au Maroc. Nous y ouvrirons d'ailleurs onze nouvelles lignes vers la France. Les difficultés rencontrées l'an dernier viennent du fait que les autorités marocaines ont voulu essayer de changer les règles du jeu six mois après la signature d'un contrat de cinq ans. Nous avons refusé et finalement ils ont accepté de ne procéder à aucun changement… Je pense qu'il existe des différences de culture. Dans un pays comme le Maroc, la vision d'un contrat n'est pas la même qu'en Europe…

Vous le pensez vraiment ?

Oui, je le pense ! Nous devons être fermes et intelligents, leur dire que s'ils veulent changer les règles nous ne volerons plus vers le Maroc. Je pense qu'ils ont compris !

Donc maintenant tout est réglé avec le Maroc ?

Maintenant tout est OK avec le Maroc. Mais ceci ne veut pas dire que dans quelques mois d'autres problèmes ne surgiront pas. Mais nous devons faire avec.

Envisagez-vous d'autres ouvertures de bases dans ce pays ?

J'espère que le succès de nos deux bases de Fès et Marrakech nous permettra d'ajouter une troisième et une quatrième base au Maroc durant l'hiver 2013/2014.

À part le Maroc, êtes-vous intéressés par d'autres pays du sud ? Je pense notamment à la Tunisie qui prépare son OpenSky ?

Nous regardons et nous discutons avec quelques aéroports en Tunisie, en Libye et en Égypte. Je pense qu'ils regardent tous le développement réussi au Maroc, et veulent dupliquer ce succès. Il subsiste cependant des questions politiques et légales à régler dans ces pays. Ce ne sera donc certainement pas pour cet été ! Mais, c'est inévitable, dans les cinq prochaines années, nous volerons vers d'autres destinations nord-africaines.

Quels autres pays du bassin méditerranéen pourraient vous intéresser ? La Turquie, le Liban, Israël ?

Ces pays posent un problème, leur éloignement en terme de temps de vol. Le modèle de Ryanair fonctionne mieux avec une ou deux heures de vol. Nous avons discuté avec les aéroports turcs ainsi qu'israéliens et libanais. Nous pensons que nous desservirons ces destinations à partir de Chypre, de Malte, du nord de l'Italie et peut-être d'Allemagne. Mais pas à partir de la France ou du Royaume-Uni qui sont trop lointains.

Que pensez-vous de la nouvelle offre Mini d'Air France ?

Je trouve ça intéressant ! Ce qui est drôle, c'est de voir Air France admettre après vingt ans que le bas prix est la voie à suivre. Le problème avec leur modèle à bas prix, c'est justement qu'il ne s'agit pas particulièrement d'un prix bas. 49 euros ce n'est pas bon marché ! Les prix de Ryanair débutent à 15 euros, ceux d'easyJet à 25 euros. 49 euros reste donc un peu cher ! Air France continue à enregistrer des pertes sur le court-courrier. Nous allons voir combien ça va leur coûter de faire du low cost !

Vous avez décidé de déménager votre base de Marseille, mais vous continuez à vous développer sur MP2, le terminal low cost de l'aéroport Marseille Provence. N'est-ce pas une base qui ne veut pas dire son nom ?

La question n'est pas de savoir s'il s'agit d'une base ! Nous voudrions nous développer ici, mais la France a introduit ce décret pour forcer les employés irlandais qui travaillent dans des avions irlandais à payer des taxes en France. Nous tempérons ces règles avec notre base temporaire qui ne fonctionne que pendant l'été. Les employés concernés ne paient pas de taxes en France et ils partent ailleurs l'hiver.

Sur les 7,5 millions de passagers transportés en France l'an dernier, Marseille en représentait 1,6 million. Nous en transporterons 8 millions en 2013 dont 1,7 million à Marseille grâce à l'ouverture de cinq nouvelles lignes en avril prochain à Chania, East Midlands, Varsovie, Essaouira et Rabat qui porteront à trente-sept cet été le nombre de destinations desservies depuis MP2. Nous prévoyons de porter notre trafic sur Marseille à 2 millions de passagers dès 2014. Nous sommes d'ailleurs déjà en cours de négociation pour l'ouverture de lignes en hiver 2013 et en été 2014.

Pensez-vous qu'un jour vous disposerez à nouveau d'une base permanente à Marseille ?

J'aimerais bien avoir une base permanente. Pas seulement à Marseille, mais aussi sur beaucoup d'aéroports français d'où nous volons. Mais pas si quelqu'un à Paris nous dit que nous devons payer des taxes ici en France comme des Français. Non, nous sommes Irlandais et nous payons nos taxes en Irlande ! Le gouvernement français ne nous dira pas ce que nous devons faire en France. Nous opérons selon les règles européennes.

 

« Les autorités marocaines se montrent vivement intéressées par la poursuite de la croissance de Ryanair au Maroc. »

 

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