Les TO au secours de la thalasso

«On n’a jamais autant besoin de se faire du bien qu’en période de crise », observe Raouf Benslimane, PDG de Thalasso n°1. Un constat que partage Karelle Geyer, commissaire générale adjointe du salon des Thermalies, leader du bien-être par l’eau, qui a attiré plus de 33 000 visiteurs en 2008. Pour sa 27e édition, le salon réunit, depuis jeudi, 300 exposants, principalement des hôteliers et des destinations. « Les TO n’ont pas de stands propres. Ils sont présents sur les destinations à l’étranger et ne commercialisent pas la France pour ne pas concurrencer les hôteliers », explique Karelle Geyer. Elle constate un vrai besoin de formation des TO en matière de bien-être : « Spécialistes ou généralistes, ils programment tous du bien-être dans leurs brochures. Mais pour se différencier, ils ont besoin d’acquérir une connaissance pointue des produits. Forte de ce constat, j’avais mis en place un espace BtoB sur le salon, afin que les hôteliers puissent rencontrer et former les agents de voyages. Mais cela n’a pas convaincu les professionnels, notamment les hôteliers qui ont considéré que cela entraînerait une trop forte charge de travail. » Même si le marché du bien-être est devenu incontournable, de nombreux tour-opérateurs ne sont pas présents cette année sur les Thermalies, pour des raisons économiques, mais surtout par manque de visibilité, notamment pour les généralistes qui se lancent depuis peu sur ce marché. Look Voyages, qui édite pour la troisième saison une brochure bien-être, n’est pas sur le salon 2009, mais envisage une participation en 2010… Du côté des hôteliers, Karelle Geyer constate que les principaux acteurs sont présents, à l’exception notable du groupe Accor. Martine Granier, directrice générale d’Accor Thalassa s’en explique : « Les Thermalies représentaient 20 % de notre budget communication et la mobilisation d’une quarantaine de personnes. Nous avons décidé d’attribuer cette somme à une campagne de communication qui a démarré le 5 janvier dernier. D’autre part, nous souhaitons nous recentrer sur la thalassothérapie et voulons éviter tout amalgame avec le Spa ou le thermalisme. » Une décision qui n’est pas sans rapport avec la situation morose que connaît le secteur de la thalassothérapie.

LES CENTRES DE THALASSO BOIVENT LE BOUILLON…

Même si aucune statistique officielle n’a encore été publiée, les hôteliers annoncent tous des chiffres d’affaires en baisse depuis l’été. Ils souffrent de la volatilité du marché. Les délais de réservation sont de plus en plus courts, souvent à – 45 jours, ce qui rend très difficile toute anticipation. Le groupe Thalazur redoute 2009. « Nous enregistrons une importante baisse des réservations de la clientèle loisirs qui reste notre coeur de cible. Le panier moyen est en baisse, sauf au moment des fêtes. Les prévisionnels sur janvier et février sont inquiétants », observe Jean-Luc Pleuvry, directeur des opérations du groupe, qui a baissé les tarifs des séjours thalasso de 7 à 12 % depuis cet été. « Avec la remise de 15 % que nous faisons sur les Thermalies, on est passé sous la barre des 800 E pour 6 jours/6 nuits. » Thalacap, qui enregistre une baisse de 4 à 5 % sur 2008, réalise également de nombreuses promotions. « En 2009, la différence va se jouer sur les efforts de commercialisation. Nous avons embauché de nouveaux collaborateurs et mis en place un nouveau logiciel de ventes. Mieux vendre, c’est la seule solution ! », déclare avec optimisme Marc Pépi, directeur général de Thalacap et gérant d’Eurospa. Nombre d’hôteliers se tournent aussi vers le tourisme d’affaires pour booster leurs réservations. En 2008, le taux de réservation des séminaires et incentives a dépassé celui du tourisme de loisirs chez Thalazur. Accor Thalassa a créé, en 2008, un département séminaires et incentives et lance, en 2009, « le 1er séminaire aux bienfaits durables ». Pour l’entité bien-être du groupe Accor, le tourisme d’affaire est un axe de développement stratégique, plus important en terme d’image qu’en volume. Le remplissage des établissements reste la principale source d’incertitude, obligeant les hôteliers à faire appel aux TO ayant de grandes capacités commerciales.

… MAIS LES TO TIRENT LEUR ÉPINGLE DU JEU

Les tour-opérateurs spécialisés dans le bien-être ne connaissent pas la crise. Thalasso n°1, leader du marché, annonce des chiffres à faire pâlir d’envie : depuis décembre, il enregistre une hausse de 26 % de son chiffre d’affaires sur la France et de près de 33 % sur l’étranger. Raouf Benslimane, son président, reconnaît pourtant que le panier moyen a chuté, mais il considère que c’est une conséquence normale de la baisse du pouvoir d’achat, qui n’a pas d’incidence sur l’envie de s’offrir du bien-être. « Nous avons été les premiers à sentir la tendance des courts séjours plus ludiques. En période difficile, l’arbitrage se fait d’autant plus sur le nombre de jours. Notre valeur ajoutée est de proposer des thématiques attractives pour capter des clients qui ne seraient pas venus spontanément vers la thalasso. » Si Thalasso n°1 prévoit une hausse de 15 à 20 % de son chiffre d’affaires en 2009, c’est aussi grâce à l’officialisation du référencement avec Selectour et à des opérations commerciales fortes. Même euphorie chez Thalasseo.com, qui enregistre un chiffre d’affaires de + 64 % en 2008. « Il n’y a pas d’affaiblissement des réservations sur le début de l’année. En revanche, les gens se recentrent sur la France. Depuis le lancement de notre site Beauteprivee.fr en 2007, nous observons un engouement pour le bien-être de proximité, avec l’explosion des Spas en ville », explique Denis Philipon, fondateur de Thalasseo.com. Du côté des généralistes, même apparente sérénité. La France ne semble donc pas être la seule valeur refuge pour le bien-être. Look Voyages, qui propose de la thalasso, de la balnéo ou du Spa dans sept destinations, est à + 5 % sur sa dernière brochure bien-être alors qu’elle n’est même pas encore en ligne. Marmara se maintient en 2008 et enregistre un important taux de fidélisation, le poussant à développer son offre : son club de Monastir comptera un nouveau centre de thalasso à partir de novembre 2009. Les destinations lointaines ne sont pas non plus en reste. Chez Asia, la brochure Plages d’Asie connaît un vrai succès. « Il y a une demande pour les destinations Spas qui ne faiblit pas, même en temps de crise. Dans les dossiers que nous traitons, le Spa est de plus en plus souvent un élément de différenciation entre deux hôtels », observe Virginie Gerbault, directrice adjointe de la production chez Asia, dont les clients sont à la recherche d’évasion pour échapper à la morosité. Quand le malheur des hôteliers fait le bonheur des TO…

Les tour-opérateurs spécialisés dans le bien-être ne connaissent pas la crise

Denis Philipon observe « un engouement pour le bien-être de proximité, avec l’explosion des Spas en ville »

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