Les Français n’ont pas encore retrouvé le chemin du Chili
Présente lors de l’IFTM-Top Résa, la sous-secrétaire d’Etat chilienne du tourisme, Veronica Pardo, nous explique pourquoi le marché français peine à redécoller.
L’Echo touristique : Le Chili est une destination géographiquement lointaine de la France. Est-ce un frein au développement du marché hexagonal ?
Veronica Pardo : Le Chili est loin de tout ! Et ça, ça ne changera jamais. Mais la crise sanitaire a transformé le paysage touristique mondial et donc chilien. La majorité des touristes préfèrent désormais voyager plusieurs fois dans l’année, mais plus proche de chez eux. Les compagnies aériennes en ont tenu compte, et l’offre n’est pas suffisante à destination du Chili, ce qui complique notre redémarrage au point de vue touristique. Et puis le Chili a d’abord voulu se protéger pendant la pandémie, et l’ensemble des restrictions sanitaires n’ont été levées qu’en juin 2023.
Vous n’avez donc pas récupéré l’activité touristique qui était celle d’avant la crise sanitaire ?
Veronica Pardo : Pas en ce qui concerne les marchés européens, et notamment le marché français. En 2019, nous avons reçu 50 000 voyageurs français. En 2024, nous n’en recevrons que 37 000. Au niveau local, l’absence des touristes européens a largement été compensée par l’afflux de touristes sud-américains, brésiliens en tête. Mais nous sommes désormais prêts à relancer les marchés européens, et surtout le marché français.
Qu’est-ce qui a fait défaut pour attirer, de nouveau, les touristes français ?
Veronica Pardo : L’insuffisance de l’offre aérienne, comme je l’évoquais précédemment, est l’un des facteurs clés. Mais ça n’est pas le seul. Comme de nombreux autres pays, la France a connu une période inflationniste très forte. Et les prix des voyages au Chili ont augmenté. C’est un paramètre essentiel, notamment quand on sait que les touristes français séjournent 27 jours ( !) en moyenne lors de leur voyage au Chili. Ils dépensent environ 55 dollars par jour… soit deux fois moins que les touristes britanniques. Surtout, étant donné la saisonnalité du marché français, nous devons être en mesure de mettre les offres sur le marché avec un an d’avance. Nous nous projetons donc, déjà, sur l’hiver 2025/2026.
Que viennent chercher les Français au Chili ?
Veronica Pardo : Lorsqu’on les interroge, près de 8 Français sur 10 indiquent venir au Chili pour découvrir sa nature. Et nous en sommes très contents. Mais nous devons réussir à diffuser d’autres images de notre destination. Nous avons cinq régions touristiques présentant des ambiances totalement différentes entre l’Altiplano, Valparaiso, la région des volcans et des lacs, la Patagonie et l’Antarctique ou encore l’Île de Pâques, qui attire beaucoup les touristes français. Notre nature vaut le détour, mais nous devons aussi faire connaître l’offre culturelle, la gastronomie et les villes chiliennes, à commencer par la capitale, Santiago.