Les agences de voyages doivent-elles rouvrir dès le 11 mai ?
Est-il intéressant de rouvrir aux premières heures du déconfinement ? Nous avons posé la question à des patrons de réseaux et d’agences, ainsi qu’à Jean-Pierre Mas (EdV).
« Nous déconseillons aux agences de voyages de rouvrir le 11 mai », indique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EdV). « Bien sûr, c’est à elles de décider, nous n’avons pas pour vocation à donner des consignes. Mais à notre avis, les agences peuvent traiter les demandes entrantes par mail ou par téléphone, pour les voyages loisirs comme d’affaires. » Pourquoi rester fermé ? Jean-Pierre Mas avance deux raisons : les messages « fluctuants » du gouvernement qui incite plutôt à patienter avant de réserver ses vacances, et le manque de visibilité sur l’été 2020. « Nous ignorons si nous pourrons nous déplacer à plus de 100 kilomètres, en liberté surveillée, voire assignés à résidence », ajoute-t-il. Le risque, c’est donc d’engranger des dépenses, sans aucune recette.
Laurent Abitbol, président de Marietton Développement, est sur la même longueur d’ondes. « Nos agences Selectour OVP et Préférence, Carrefour et Auchan Voyages n’ouvrent pas », nous indique-t-il.
Les points de vente de Voyageurs du Monde garderont eux aussi les portes closes. « Cela ne présente strictement aucun intérêt de rouvrir », estime Jean-François Rial, PDG du groupe. « A vrai dire, je me demande pourquoi certains se posent la question. »
Pour TourCom, « le plus tôt possible sera le mieux »
D’autres agences et réseaux souhaitent, tout doucement, redémarrer en mode mineur dès le 11 mai. C’est notamment le cas d’Alix Philipon pour son point de vente Selectour de Levallois-Perret (92) : « La semaine prochaine, une seule personne reprendra son travail à temps partiel. En temps normal, nous sommes 4,5 personnes. C’est prématuré d’aller plus vite. »
Le réseau TourCom, lui, conseille aux agences « d’ouvrir dès que les chefs d’entreprise se sentiront prêts, le décideront ou en auront envie mais, à mon avis, le plus tôt possible sera le mieux », estime son président Richard Vainopoulos. Pour lui, il est intéressant qu’au moins une personne officie dans l’agence, quelques heures, jusqu’en juin et peut-être plus. « Il y a de la lumière, une présence et une possibilité de premiers échanges avec des clients ou…les voisins. Revenir ‘à la vie’ va être primordial pour reprendre confiance. Je pense que ce serait une erreur d’attendre trop longtemps, moralement parlant : il faut commencer avec une personne, le patron au moins, puis augmenter en fonction du chiffre réalisé et de la demande ». Alors que des professionnels ont peur à l’idée de reprendre, TourCom a créé une cellule psychologique et des formations pour aider les adhérents à franchir le pas.
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