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Le tourisme se serre la ceinture

Plans sociaux, gel des embauches, réduction du temps de travail, baisse des capacités…, la crise n’épargne pas le secteur, lui imposant de revoir ses plans de développement et de s’adapter à une activité qui tourne au ralenti. En attendant des jours meilleurs.

La hausse du prix du pétrole avait fragilisé le secteur à l’approche de l’été. Conjugué au recul de l’activité enregistré depuis septembre, le tourisme traverse une période noire. Des décisions ont dû être prises, certaines remontent déjà à plusieurs mois. Nouvelles Frontières a été l’un des premiers à annoncer un plan social alors que la crise n’avait pas encore frappé en Europe. Dès le mois de juin, le TO en mal de rentabilité a souhaité réorganiser les équipes du tour operating. « Nos nouveaux outils technologiques nécessitent moins de compétences humaines », justifie Gilles Delaruelle, PDG de Nouvelles Frontières Distribution. 145 postes vont donc disparaître alors que le nombre exact de départs sera connu le 28 février. « Il y aura beaucoup de volontaires », assure-t-il. Une baisse des effectifs quasi identique chez Carlson Wagonlit Travel, dont l’activité a marqué le pas au quatrième trimestre. Le premier réseau de distribution en France poursuit sa stratégie de régionalisation engagée depuis plusieurs années. Cette réorganisation du réseau prévoit – dans un premier temps – de supprimer jusqu’à 150 emplois (sur 3 300), du fait de la fermeture de deux sites en région parisienne (Evry en juin et Noisy-le-Grand en septembre). La baisse actuelle d’activité (de 24 % en janvier et du même ordre en février) pousse également Carlson à privilégier le temps partiel (10 % des salariés ont déjà accepté), la modulation des horaires et l’anticipation des congés payés. Confronté à une baisse d’activité, et pour éviter un plan social, Donatello a également recours au temps partiel. Le TO a demandé en décembre à ses collaborateurs d’accepter une baisse de salaire et du temps de travail de 10 % pendant un an avec, en contrepartie, une compensation d’une vingtaine de jours de vacances. Une décision prise après avoir procédé à un sondage dans lequel 99 % des personnes ont adhéré à cette « solution provisoire ». Antonio d’Apote, le patron de Donatello, ne souhaite plus s’exprimer à ce sujet. American Express reste également très discret sur son avenir. Le réseau a annoncé fin 2008 la suppression de 7 000 emplois dans le monde, soit 10 % des effectifs, mais aussi la réduction des salaires, des charges d’exploitation et des investissements pour dégager 1,8 milliard de dollars d’économies en 2009. L’activité sur le marché français étant « moins touchée par la crise », la direction indique que cette décision devrait avoir « peu d’impact en France », sans vouloir s’aventurer à donner des chiffres plus précis pour l’instant.

LE TRANSPORT FORTEMENT PÉNALISÉ

Le secteur des transports est certainement celui qui enregistre les plus lourds dégâts. Longtemps muette, la direction de Seafrance évoque désormais une « extrême difficulté financière » qui ne remonte pas à hier. L’opérateur transmanche qui emploie 1 580 salariés précise avoir « perdu 20 millions d’euros en 2008 », perdre « chaque mois environ 3 millions d’euros depuis octobre dernier » et disposer d’une « trésorerie négative depuis août 2008 qui ne cesse de se dégrader depuis ». « Cette situation n’est plus tenable dans un contexte de crise qui s’annonce durable. Attendre, sans agir, une hypothétique reprise économique rapide serait irresponsable et condamnerait l’entreprise au dépôt de bilan », selon la compagnie maritime. Seafrance envisage donc « un redimensionnement » de sa flotte « pour l’adapter à son marché et réduire ses coûts d’exploitation », qui se traduirait par « une baisse des effectifs d’environ 650 emplois, qui affecterait le personnel navigant et sédentaire ». Pour porter secours à Seafrance, le président de LD Lines, Pierre Géhanne, vient de déposer un projet de fusion « très abouti », selon lui, auprès de SNCF Participations, le propriétaire de Seafrance (voir p. 9). Plombé par le ralentissement mondial du trafic aérien qui pèse sur ses ambitions, Air France, employeur de 74 000 personnes, va de son côté réduire ses effectifs de 1 000 à 1 200 personnes cette année, sans licenciements secs. La compagnie aérienne, qui avait déjà réduit ses effectifs de 2 000 personnes en 2008, « va bloquer les embauches, ne pas remplacer les départs en retraite, ne pas renouveler les CDD » pour le personnel au sol. « La conjoncture économique continuant de se dégrader » (Air France-KLM a enregistré 194 millions d’euros de pertes sur la période d’octobre à décembre), le numéro un mondial pour le trafic international de passagers a également décidé « une baisse de ses capacités à l’été de 2 % ». Le Club Med baisse lui aussi la voilure. Le TO a confirmé dès décembre « un plan de rigueur » avec des économies de l’ordre de 30 M E en termes d’investissement et une réduction de ses capacités hôtelières de 3,1 % au premier trimestre de l’exercice, puis de 7,7 % pour le deuxième, notamment du fait de la diminution des périodes d’ouverture de certains de ses villages 2 et 3 Tridents. De même, le développement des villas va marquer une pause. Ce plan de réduction des coûts « peut toucher aux effectifs, sans se traduire forcément par des départs », indique le directeur financier Michel Wolfovski. Il s’agirait ainsi plutôt de « fusionner un certain nombre de fonctions dans les villages ». Chez Thomas Cook, la fusion avec Jet tours a entraîné un certain nombre de départs « volontaires », non chiffrés par le groupe (un « guichet » est ouvert jusqu’à fin février), mais Anne Bouferguène, directrice du tour operating, annonce par ailleurs un renforcement des services de réservation, avec des embauches à la clé, notamment pour les résas sur mesure.

EN ATTENDANT DES JOURS MEILLEURS

Disney a aussi fait appel au volontariat avec l’ouverture le mois dernier d’un guichet départ pour 600 cadres des parcs d’attractions américains qui s’échelonnera jusqu’à fin mars. Le leader vient par ailleurs d’annoncer une restructuration qui entraînerait d’autres suppressions d’emplois dans les parcs Disneyland en Californie et en Floride. Cette réorganisation ne touche pas Disneyland Resort Paris, qui a cependant reporté à 2010 les négociations sur l’intéressement initialement prévues en février. Le parc explique qu’il « ne dispose pas à ce jour d’une meilleure visibilité quant aux impacts de la crise économique sur l’activité de l’entreprise et ne souhaite pas prendre le risque de négocier et conclure un accord qui ne produirait pas les effets escomptés ». Également épargné pour l’heure, le réseau Fnac Voyages n’est pas concerné par le plan d’économie mis en place par l’enseigne malgré un début d’année difficile avec une activité en recul de 10 à 12 %. La Fnac vient d’annoncer la suppression de 400 postes en France sur trois ans, soit 3,4 % des effectifs. Bertrand Gstalder, le DG de Fnac Voyages, précise « qu’il s’agit de non-reconductions de postes de salariés en CDD et de départs à la retraite ». Les agences traditionnelles attendant aussi de jours meilleurs. Pour Jean-Pierre Mas, le président d’Afat Voyages, « elles font globalement le dos rond, versent moins de primes, n’augmentent pas les salaires, ne remplacent pas les départs ou les congés maternité ». Contrairement aux grands groupes, elles ont au moins l’avantage, avec trois salariés en moyenne par agence, de ne pas subir de plan de licenciement économique.

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