Le Sénégal veut retrouver sa place sur le marché français
Face à une concurrence accrue et à une perte de vitesse sur son marché historique, les professionnels du tourisme sénégalais redéfinissent leur stratégie.
Avec 47% de parts de marché, la France demeure le premier pays émetteur de touristes vers le Sénégal. Un chiffre en baisse, comme le souligne Adama Ndiaye, directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT), interrogé dans le cadre de la convention du Cediv à Pointe Sarène (à une centaine de kilomètres au sud de Dakar).
« La France représentait auparavant 50% de nos visiteurs. Mais nous n’avons peut-être pas suffisamment travaillé la fidélité de la clientèle. Et de nombreux hôteliers français ont quitté le pays, comme Fram, Thomas Cook ou NF », explique-t-il. Malgré nos sollicitations, les données précises sur l’évolution récente de la fréquentation touristique française au Sénégal n’ont pas encore été transmises par l’ASPT.
Concurrence plus agressive de destinations voisines
Cette légère désaffection s’explique aussi par une concurrence plus agressive. « La Gambie, le Cap-Vert… Ces destinations investissent fortement dans leur promotion. De notre côté, nous manquons encore d’une stratégie claire », ajoute le responsable.
Situé à la pointe la plus avancée de l’Océan Atlantique, le pays de la Teranga ne manque pas d’atouts. Avec peu de décalage horaire et à environ six heures de vol depuis Paris, il offre toute l’année à ses visiteurs détente, culture et découverte. La capitale Dakar et ses environs concentrent plusieurs sites emblématiques à découvrir dont certains classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Présence confirmée sur IFTM en septembre
Autant d’attraits qui justifient la dynamique de relance de la destination. La participation du Sénégal au salon IFTM en septembre est confirmée. L’ASPT prévoit également d’intensifier les éductours et les voyages de presse. « L’avantage avec la France, c’est qu’il n’y a pas de barrière linguistique. Et puis les Français sont nombreux sur place, ils consomment notre soleil, notre nature et notre culture », rappelle Adama Ndiaye.
La perspective des Jeux olympiques de la jeunesse, organisés à Dakar en 2026, pourrait aussi donner un nouvel élan à la destination. « Une campagne médiatique d’envergure est prévue. Nous espérons repasser la barre des 50% de touristes français dès l’an prochain », annonce-t-il. D’autant plus que de nombreux hôtels ont vu le jour récemment ou sont en cours de construction.
Bâtir un tourisme durable
Signe d’une volonté affirmée de rebooster la destination auprès du marché français, la présence du ministre du Tourisme Moutaga Daio lors du convenc’tour du Cediv au Riu Baobab. Ce dernier a insisté sur « l’importance de « renforcer les liens entre la France et les institutions locales pour bâtir un tourisme durable, solidaire et respectueux des communautés ». Il souhaite aussi « investir dans la formation et de digitaliser le secteur », tout en rappelant que le tourisme représente « un moteur essentiel de développement économique et social pour le Sénégal ».

Sur le terrain, cette transition est déjà amorcée. Le Collectif des Acteurs du Tourisme au Sénégal (CATS), représenté par Serigne Lo, milite pour « faire du tourisme autrement ». Réunissant agences, guides, consultants et gestionnaires d’écolodges, le collectif promeut un modèle fondé sur la durabilité et l’ancrage local.
Propreté, écologie : les efforts se poursuivent
« Avec la pandémie, nous avons dû nous réinventer en développant une offre tournée vers la clientèle locale. Aujourd’hui, nous poursuivons cette dynamique, notamment à travers l’écotourisme. Une offre aussi pensée pour reconquérir un public français sensible aux nouvelles valeurs du voyage », résume-t-il.
Interpellé sur les problèmes de propreté aux abords des villages, Serigne Lo ne les élude pas. Des initiatives sont prises. « Le plastique est un défi. Nous ne pouvons pas le cacher aux touristes. Un nouvel organisme qui vient d’être créé mobilise des jeunes pour le ramassage. Ce n’est pas une révolution, mais une évolution. On avance pas à pas », déclare le secrétaire général de CATS.