Le modèle Ryanair est-il menacé ?
La compagnie a annoncé une série de mesures en faveur de ses clients et fait face à la pression de ses pilotes, de la justice et de ses concurrents.
Le modèle Ryanair pourrait-il être remis en cause ? La compagnie a revu ses prévisions 2013 à la baisse et ses dirigeants ont annoncé que les réservations étaient en chute et qu'ils tablaient sur une baisse du prix moyen des billets d'environ 10% au second semestre. Ils ont aussi reconnu que la « culture abrupte » de la compagnie envers ses clients l'avait desservie. Dans ce contexte défavorable, Michael O'Leary, son PDG, a annoncé une série de mesures pour reconquérir la clientèle. Parmi elles figurent la possibilité d'emporter un sac à main en plus du bagage cabine et de réimprimer les cartes d'embarquement à l'aéroport à un moindre coût. « Ces améliorations visent vraiment à satisfaire nos clients. L'objectif est qu'un maximum de personnes puisse profiter des tarifs de Ryanair », explique Jonathan Brisy, responsable commercial et marketing pour la France. La compagnie s'aligne clairement sur d'autres concurrents, comme easyJet, Vueling ou Transavia, qui proposent également des prix agressifs.
Au-delà des améliorations à venir, notamment sur le site Internet, Michael O'Leary n'a toutefois pas prévu de changer ce qui fait le succès de Ryanair : des tarifs à prix cassés grâce à la décomposition du produit en une foule d'options, une flotte moderne et homogène, une présence sur des aéroports secondaires, des salariés employés sous contrats irlandais et précaires et une utilisation massive des aides publiques et de l'optimisation fiscale.
La moitié des pilotes sont syndiqués
Mais un double mouvement, de l'intérieur avec les pilotes de la compagnie et de l'extérieur, avec les États, pourrait contraindre la compagnie à revoir son modèle. Premier signal, les pilotes de la compagnie, employés à 72% par des sociétés irlandaises via un système de sous-traitants, commencent à se rebeller. Plus de 50% d'entre eux ont rejoint le syndicat Ryanair Pilot Group, qui demande notamment « un contrat commun, pour tous les pilotes, qui respecte les lois des pays dans lesquels ils sont basés » et envisage d'alerter les actionnaires voire, à moyen terme, de faire grève. Autre mouvement, la multiplication des procès : 19 en cours en Europe. La France, qui a condamné Ryanair début octobre à 10 millions d'euros de dommages et intérêts pour travail dissimulé sur sa base de Marseille, a fait le premier pas. Mais seules les instances Européennes ont le poids nécessaire pour faire plier Ryanair. Selon un spécialiste du dossier « tout le monde, sauf l'Irlande bien sûr, se bouge. Les États veulent récupérer de l'argent et sauver leurs compagnies ». Mais il n'est pas certain que la Commission européenne, connue pour sa volonté de dérégulation, fasse marche arrière.
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