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La goutte d’eau de trop de l’activité touristique

Les problèmes d'accès à l'eau liés à la concentration des hébergements sur des zones fragiles, notamment près des côtes, touchent de plus en plus de populations locales. Avec d'inévitables conséquences…

« Nous n'avons pas eu le droit de creuser un puits ici », explique Lucas, jeune Massaï, dans un campement visité fin 2014, près du cratère du Ngorongoro, en Tanzanie. Quelques kilomètres plus loin, pourtant, les piscines des hôtels sont toujours pleines. Un exemple courant. Comme le rappelle l'ONG Tourisme Concern, « dans beaucoup d'endroits à travers le monde, la demande en eau issue du tourisme a engendré une appropriation des ressources en eau au détriment des usages domestiques locaux et des besoins de l'agriculture, une surexploitation des réserves et des nappes phréatiques, une baisse de la qualité de l'eau et des pollutions ou contaminations des cours d'eau et des réserves ».

La concentration touristique pose problème

L'industrie du tourisme ne contribue qu'à environ 1% de la consommation totale d'eau dans le monde, loin derrière l'agriculture (70%), l'industrie (20%) ou les usages domestiques (10%). Mais la concentration de touristes sur certains territoires, 50% des flux internationaux sont dirigés vers les côtes et les îles, et sur de courtes périodes, pose un réel problème. L'Environment Business et Development Group a identifié dix-sept destinations touristiques dans lesquelles « la demande en eau dépasse les ressources renouvelables disponibles, ce qui entraîne des pénuries d'eau », comme le Maroc, l'Égypte ou Chypre. Les infrastructures menacent la pérennité ou la qualité des ressources. En Tunisie, la concentration d'hôtels sur des littoraux fragiles a entraîné une contamination de l'eau potable par des infiltrations d'eau salée ou d'eaux usées. En Espagne, des nappes phréatiques, vidées en été en partie à cause de la surfréquentation touristique, ne se reconstituent pas. Les conséquences sociales sont inévitables. « Ce sont souvent les communautés locales les plus pauvres, qui dépendent de puits publics ou de sources distantes pour leur eau potable, qui sont les plus désavantagées », explique Susanne Becken, du Griffith Institute for Tourism. À Tozeur, la gestion historique et économe a fait place à un système marchand au détriment des cultures, obligeant les populations locales à débourser des centaines d'euros par an. Des conflits entre les communautés locales et l'industrie du tourisme ont été recensés dans le monde entier. À Zanzibar, certains établissements ont dû engager des gardes armés pour surveiller leurs canalisations. En Inde, dans le Kerala, la multiplication des bateaux sur les backwaters, plus de 2 000 au total, est devenue « un problème majeur », selon les mots de l'Office de Tourisme. Les habitants utilisent cette eau pour pécher, cuisiner, boire ou irriguer leurs cultures alors qu'un mélange de kérosène et de déchets de cuisine et sanitaires, flotte au-dessus des canaux.

Une consommation en eau croissante

Certains États comme la Nouvelle-Zélande, le Costa Rica et la plupart des pays européens, ont bien mis en place des législations imposant aux hôtels de traiter leurs eaux usées, de mettre en place des mesures d'économie ou de réaliser des études d'impact avant leur implantation. Dans les Bermudes, tous les établissements doivent être équipés de toits permettant de récolter l'eau de pluie. Mais dans les pays les plus pauvres, dépendants pour la plupart du tourisme, les normes sont peu respectées. Or, sans législation contraignante, l'industrie du tourisme fait peu d'efforts : un touriste consomme environ quatre fois plus d'eau par nuit en Asie, qui n'impose presque aucune règle, qu'en Europe. Et trois fois plus en Tunisie, plutôt laxiste, qu'en France.

 

 

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