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L’île Maurice prise de frénésie hôtelière

Les projets hôteliers se multiplient sur l’île, en particulier dans la gamme 5b, sur laquelle Maurice fonde sa réputation. Un accroissement de la capacité qui conduit chacun à affiner son positionnement marketing.

Maurice change de visage. Après s’être longtemps cantonnée à un tourisme de luxe, concentré dans les mains de quelques chaînes mauriciennes et ciblant surtout les marchés britannique et français, l’île entame une nouvelle phase de croissance, face à une concurrence mondiale de plus en plus vive. Le gouvernement libéralise peu à peu l’espace aérien (Corsairfly y atterrit depuis un an), favorise les investissements étrangers dans l’hôtellerie et courtise de nouveaux marchés (Italie, Espagne, Autriche, Australie…).

Du coup, l’une après l’autre, les chaînes hôtelières internationales annoncent leur implantation ou leurs projets. Le Club Med a ouvert en août La Plantation d’Albion (au sud de Port-Louis), son premier resort 5 tridents et second établissement de l’île. Un Four Seasons verra le jour en mars 2008 dans le complexe Anahita, sur la côte Est. A la même date, Starwood Hotels, déjà présent avec le Méridien, ouvrira son premier Luxury Collection dans l’océan Indien, à Balaclava (l’ancien Grand Mauritian Resort & Spa). Le groupe devrait compléter son offre avec un hôtel de ville à l’enseigne Four Points, à Ebène, courant 2008. Et il n’exclut pas d’introduire d’autres marques, comme Saint-Régis, Sheraton ou Westin. Banyan Tree s’installera au Morne en 2010. Quant au groupe réunionnais Apavou, son plan de développement sur l’île n’inclut pas moins de quatre hôtels d’ici 2011.

Le tourisme pour éviter la crise économique

Face à cette offensive, les groupes mauriciens ne sont pas en reste. Le Tamassa (4b), nouveau-né du groupe Naïade Resorts, sera inauguré en décembre (à Bel-Ombre). Sun Resorts bâtira un établissement à côté du Coco Beach en 2009. Et ce ne sont là que quelques exemples. Au total, une trentaine de projets hôteliers sortiront de terre dans les cinq ans, prédit Rahul Bubber, directeur des ventes du Méridien de Maurice.

Cette frénésie d’ouvertures, fortement appuyée par le gouvernement, s’inscrit dans un contexte économique particulier. En 2000, la fin des accords préférentiels avec l’Union européenne protégeant les prix du sucre, mais aussi la concurrence accrue dans le domaine du textile, ont contraint le gouvernement à trouver de nouveaux relais de croissance pour éviter la crise économique. Le tourisme n’était jusque-là que le troisième secteur économique de l’île. Il a supplanté le textile depuis quelques années déjà, et devance depuis peu l’industrie sucrière. C’est maintenant la première source de devises, constate Vanessa Bechard, directrice marketing du groupe Indigo, qui compte trois hôtels à Maurice.

L’une des mesures phares mises en place par les autorités est la construction de projets gouvernementaux d’intégration hôtelière, appelés Integrated Resorts Scheme (IRS). Ces complexes de luxe comprennent des villas (souvent avec piscines privées), des restaurants, un golf, un ou plusieurs Spas, voire une marina ou un centre de sports nautiques. Les étrangers, qui se portent acquéreurs de villas pour un montant minimum de 500 000 dollars (350 000 E) dans le cadre d’un IRS obtiennent le droit de résidence à Maurice. Le but est d’attirer de grosses fortunes, qui investiront ensuite leurs capitaux dans les différents secteurs économiques de l’île. La plupart de ces IRS intègrent aussi un ou plusieurs hôtels.

Le système IRS, une aubaine

Anahita est le projet le plus ambitieux de ce type. Situé sur la côte Est, en face de la fameuse île aux Cerfs, il s’étendra sur 213 hectares (dont 6 km de plages) et comprendra 250 villas, l’hôtel Four Seasons (80 suites, 40 villas), un golf et un Spa. Sa première phase sera livrée en décembre, et il sera notamment commercialisé par Kuoni (Emotions). Un autre projet d’IRS concerne le Domaine de Bel-Ombre, cette fois au sud. La zone inclut déjà un golf et trois établissements haut de gamme, le Telfair, inauguré il y a trois ans, l’Heritage Golf & Spa Resort (fleuron du groupe Véranda) et un Mövenpick. Quatre hôtels y seront adjoints (dont le Tamassa de Naïade, et un Sofitel de 124 chambres prévu pour fin 2010), mais aussi un second parcours de golf et des villas privées (le Telfair en ouvrira 20 en 2009).

Avec ce système IRS, les villas de luxe poussent comme des champignons. Les hôteliers peuvent les intégrer à leur parc tout en offrant à leurs occupants les prestations de leurs établissements. Ces villas sont vendues à des particuliers qui les occupent quelques semaines par an, et en confient la gestion à l’hôtel le reste du temps. Ce type de produit connaît partout dans le monde un succès fulgurant, car il répond à la demande de la clientèle aisée, à la recherche d’espace et d’intimité. Ainsi, le Club Med d’Albion débutera en 2008 la construction de 40 villas de 178 à 278 m2, comprenant deux à quatre chambres. Leurs occupants seront considérés comme des GM à part entière. Elles sont en cours de commercialisation. La demande est très forte. Le prix de vente ne cesse de grimper. Il atteint déjà 950 000 E à 1,7 ME, note Véronique Bertrand, directrice du développement de ces villas.

Naïade ouvrira de son côté en novembre 12 villas avec piscine à l’hôtel Beau Rivage. Chacune disposera d’un majordome attitré et bénéficiera des services d’un chef à domicile. Elles cibleront notamment les couples et seront commercialisées à partir de 1000 E la nuit (pour deux personnes). Banyan Tree ne lésine pas non plus sur les moyens. Le groupe singapourien projette un hôtel de 60 villas avec piscines privées, ainsi qu’une zone résidentielle de 110 villas, au Morne (en 2010). Enfin Apavou a annoncé la construction de 105 villas dans le cadre d’un IRS d’ici 2012.

Pour remplir ces nouvelles chambres, le gouvernement a ouvert le ciel mauricien, en attribuant des droits de trafic à un plus grand nombre de compagnies, ce qui a eu pour conséquence de faire partiellement baisser les prix. Depuis la France, Corsairfly est venu compléter le duopole Air France/Air Mauritius, avec deux vols hebdomadaires de Lyon et Paris. La compagnie affirme avoir déjà transporté 100 000 personnes en un an, avec un taux de remplissage de 90 %. Virgin lancera son vol inaugural depuis Londres avant la fin de l’année. Et Emirates et Qatar vont augmenter leurs capacités, ce qui permettra de relier Maurice à de nombreux marchés via les hubs de Dubaï et Doha.

Les TO prennent des risques

Chez les TO français, cette ouverture se traduit par une prise de risques plus forte. Club Med, Jet tours et Austral Lagons (groupe Club Med) ont pris par exemple d’importants engagements sur Corsairfly. Une guerre commerciale n’est pas à exclure. Il fut un temps où l’on pouvait fixer ses prix sans trop se soucier de la concurrence sur Maurice. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’île manque de chambres 4b, alors que l’offre 5b est pléthorique. Pour les hôteliers, cette question importe peu. Ils sont capables de rentabiliser un 5b avec un faible taux de remplissage ! Mais les tour-opérateurs ont la contrainte de vendre leurs sièges d’avion, explique Hélion de Villeneuve, DG d’Austral Lagons. Certes, cet hiver, les vols affichent complets et les hôtels 5b annoncent, comme les autres, d’excellents taux de remplissage. Mais en sera-t-il de même lorsque tous les projets auront vu le jour?

La multiplication des ouvertures haut de gamme n’est pas spécifique à l’île Maurice. C’est une tendance mondiale. Cependant, même si le luxe est un créneau porteur, il ne suffit pas de créer l’offre pour doper la demande. Une commercialisation efficace est indispensable, avertit Philippe de Saint-Victor, directeur commercial et marketing du Club Med.

A chacun sa stratégie

Même si la demande n’a jamais été si forte pour Maurice, cet accroissement de l’offre hôtelière conduit les hôtels à affiner leur positionnement marketing, et pousse les agences à bien s’informer pour éviter les erreurs de vente.

Ainsi le groupe Veranda Resorts, spécialisé dans les 3b et 4b, a défini un positionnement pour chacun de ses hôtels. Le Pointe aux Biches cible les familles, avec des chambres communicantes. Le Paul et Virginie vise les couples. Son miniclub a été supprimé et sa politique tarifaire décourage les familles. L’hôtel Grand Baie est essentiellement vendu pour sa proximité avec la ville animée de Grand-Baie. Enfin, le Coin de Mire constitue l’offre d’appel du groupe, tandis que le Palmar Beach est son seul hôtel tout inclus. Cette segmentation n’exclut aucune clientèle, mais elle confère à notre offre une plus grande lisibilité, explique Vincent Desvaux de Marigny, directeur France.

Le Club Med a également radicalement repositionné ses produits. La Pointe aux Cannoniers (qui rouvrira en 2008, après rénovation) ciblera résolument les familles (avec un baby-club), alors que le site n’offrait précédemment aucun encadrement enfants. La Plantation d’Albion se focalisera en revanche sur la clientèle adulte (enfants admis, mais non encadrés).

D’autres hôtels cherchent à attirer sur l’île de nouveaux profils, notamment une clientèle jeune et branchée, capable de donner à Maurice une image plus festive. En se séparant de Kerzner (One & Only), Sun Resorts a par exemple affirmé sa volonté de privilégier le segment 4b plutôt que le 5b. Le groupe s’efforce maintenant d’attirer une clientèle plus jeune sur son établissement de luxe, le Touessrok. Comme l’atteste sa récente campagne de publicité, provocatrice à dessein.

Les jeunes adultes sont également la cible du nouveau Tamassa (Naïade), qui adoptera un style design. Sans oublier l’arrivée de Nouvelles Frontières sur l’île, qui a converti un hôtel Veranda en Paladien l’an dernier, permettant d’attirer une clientèle plus jeune, et cette fois familiale, une niche encore peu exploitée à Maurice.

Autre tendance de fond, le développement du tout inclus. Le Club Med d’Albion compte sur cette offre pour faire la différence avec les autres fleurons de l’île. Il servira à ses clients du champagne à volonté, rivalisant ainsi avec la formule Serenity Plus, mise en place par Beachcomber Hôtels au Shandrani.

Le tout inclus s’invite

Ce dernier établissement, qui vient d’être totalement rénové, est le premier 5b de Maurice à imposer le tout inclus. Pour 55EE de plus que l’ancienne demi-pension, il offre un massage de 45 minutes par adulte, le champagne, les vins et spiritueux à volonté, des plongées gratuites en nombre illimité pour les plongeurs certifiés et un choix de quatre restaurants (buffet et à la carte). On pense que les Français sont réfracta

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