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Joël Retailleau (ANMSM) : « Le train en montagne doit venir d’une impulsion politique »

Le directeur général de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM) nous explique pourquoi l’association veut fédérer tous les acteurs de la montagne autour d’un objectif commun : la décarbonation des transports.

L’Echo touristique : L’ANMSM vient de lancer un appel pour l’amélioration de l’accessibilité des stations, notamment par le train. Pourquoi se saisir de ce sujet ?

Joël Retailleau : L’association est très active sur le sujet depuis plusieurs années. Améliorer la desserte des stations de montagne par le train, c’était même l’objet de la première prise de parole de Jean-Luc Boch, le président de l’ANMSM, après son élection, en 2020. Ça n’est pas un sujet nouveau pour nous. Par contre, nous avons mené une enquête ces dernières semaines* sur le comportement des vacanciers, à la sortie de la crise sanitaire. Et le résultat de cette enquête confirme notre sentiment : si 90% des vacanciers rejoignent nos stations avec leurs véhicules personnels pendant la saison hivernale, une majorité d’entre eux pourraient y renoncer si l’offre ferroviaire à destination des massifs était plus complète. Dès lors, nous avons décidé de mettre la lumière sur cette problématique.

Votre idée, c’est d’encourager l’augmentation du nombre de trains qui circulent vers la montagne. Comment ?

Joël Retailleau : C’est notre objectif final. Mais cela implique de mobiliser tous les acteurs concernés. Cela passe par les opérateurs de transports, évidemment, comme la SNCF ou les autocaristes, mais aussi les hébergeurs ou les pouvoirs publics. Nous sommes conscients que chaque entité à ses propres contraintes, et que les voies ferrées ne sont pas duplicables à l’infini. Donc nous savons que nous n’aurons pas 10 TGV qui arriveront chaque jour en gare l’hiver prochain. Mais, en prenant position à un moment important, au niveau électoral, pour notre pays, nous voulons attirer l’attention des pouvoirs publics et des opérateurs concernés.

Nous n’avons pas de solution clé en main, mais nous voulons entraîner tous ces acteurs dans cette réflexion.

Vous avez des propositions concrètes à leur fournir ?

Joël Retailleau : Nous avons des pistes de travail à suggérer, qui nous semblent intéressantes d’approfondir. Par exemple, pour amplifier la desserte ferroviaire des stations, nous devons améliorer la multimodalité à l’arrivée en gare. Si le client arrive en train mais qu’il emprunte un taxi pour rejoindre son hébergement, alors nous ne répondons qu’à une partie du problème, puisque les embouteillages sont toujours présents. Le parcours client, de la gare à son hébergement, doit être plus complet, plus facile et plus fluide. Il faut aussi favoriser et promouvoir les offres ferroviaires en dehors des périodes dites de super-pointe. Ça implique plus de souplesse de la part des hébergeurs, pour attirer cette clientèle, souvent jeune, qui ne veut pas partir du samedi au samedi. Nous n’avons pas de solution clé en main, mais nous voulons entraîner tous ces acteurs dans cette réflexion.

C’est un virage que doit prendre la montagne, selon l’ANMSM ?

Joël Retailleau : Tout le monde gagnerait à améliorer l’accessibilité des stations de montagne. Les clients, d’abord, mais aussi les territoires. Cela permettrait d’éviter les pics de circulation et donc de pollution les samedis d’hiver, de rendre la montagne plus vivable. Et c’est un sujet prioritaire : la décarbonation des transports fait partie intégrante des Accords de Paris. Et cela ne peut venir que d’une impulsion politique. C’est pourquoi nous prenons position dans cette période cruciale. Dès la fin du mois, nous irons à la rencontre des parlementaires qui sont proches de la montagne et de notre nouvel interlocuteur au gouvernement, pour faire passer ce message. Afficher la volonté politique de décarboner le transport, c’est très bien. Et la façon la plus efficace d’y parvenir, c’est de favoriser l’utilisation du train. Alors, mettons-nous y tous.

*Enquête ANMSM avec G2A Consulting et CoManaging sur les conséquences de la crise Covid sur le comportement des consommateurs de loisirs en hiver, menée en ligne auprès d’un panel représentatif de la population française et d’un panel de clients montagne entre le 25/03/2022 et le 30/03/2022 (3052 répondants au total).

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