Jean Dionnet (Univairmer) : « Les agents de voyages sont déprimés »
Le PDG du groupe Univairmer a pris des mesures économiques d’urgence, mais se heurte aussi à une crise psychologique des salariés.
Univairmer s’est structuré face à la crise du Covid-19. Différentes mesures ont été prises. Tout d’abord, en avril 2020, le groupe a obtenu un Prêt garanti par l’Etat d’un montant de 4 millions d’euros. « Ce prêt est remboursable à partir d’avril 2022 sur une période de six ans, précise son PDG Jean Dionnet. Mais dans la mesure où le tourisme est l’un des secteurs économiques les plus sinistrés, ce prêt devrait être finalement transformé en prêt participatif ou en subventions. Le sujet est suivi de près à Bercy. »
En octobre dernier, le réseau d’agences de voyages a été recapitalisé à hauteur de 3 millions d’euros, de la part des actionnaires, de Bpifrance et des banques. Sur le dernier exercice, clos au 31 octobre 2020, le chiffre d’affaires a atteint 11,9 millions d’euros, en retrait de 49% sur un an. Et depuis décembre dernier, le groupe bénéficie du fonds de solidarité, qui s’élève à 200 000 euros par mois, jusqu’à nouvel ordre.
40 départs, dont 14 démissions
Côté social, un plan de départs a été acté en juin dernier : 40 salariés ont quitté l’entreprise, soit 18% de l’effectif total (210 personnes). En octobre, trois agences ont fermé définitivement leurs portes à Marseille, Cannes et Saint-Gratien, car jugées non rentables depuis longtemps.
« Au total, nous avons pu économiser 1,5 million d’euros, sur la masse salariale, les loyers et les frais généraux », déclare Jean Dionnet.
Aujourd’hui, les 60 agences restent ouvertes de deux à quatre demi-journées par semaine, ainsi que le centre d’appels, pour traiter les reports, les annulations et les quelque demandes pour cet été. « En février, les ventes représentaient entre 12 et 15% des ventes de février 2020 », avoue Jean Dionnet. Il table sur une reprise, via des ventes de dernière minute, à partir d’avril. « D’ici juin, la campagne de vaccination va nous aider. 70% de notre clientèle a plus de 56 ans, et sera en majorité vaccinée. Elle sera prête à repartir en voyage en toute sécurité. »
Perte de confiance
Mais il se montre plus inquiet sur l’état psychologique des salariés. « Des collaborateurs ont perdu confiance dans leur métier d’agent de voyages, regrette-t-il. Sur les 40 départs en juin, il y a eu 14 démissions. Depuis la fin de l’été, ceux qui travaillent ne voient plus de clients, n’ont plus de relations sociales, ne sortent plus et ne voyagent plus. Cette crise sanitaire et économique fait de réels dégâts psychologiques dans les équipes. Leur déprime est forte. »
Il craint qu’à la reprise des ventes, qui peut être rapide et forte, les collaborateurs n’aient plus leur dynamisme habituel. « Les moins solides vont flancher, estime-t-il. 30% risquent d’être au fond du trou ». Il les oriente vers la cellule psychologique proposée par le réseau TourCom. « C’est difficile, car leur vie professionnelle et personnelle est impactée », regrette-t-il.
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