IA : comment les agents de voyages l’utilisent… ou pas
En Sicile, la convention des Entreprises du Voyage Centre Ouest a consacré une matinée aux usages de l’IA en agence. Nous avons interviewé cinq participants sur leur façon d’utiliser, ou pas, ces nouveaux outils.
Vincent Bernard, Rêve Voyages à Brive
« Une aide précieuse pour les débutants »
« A mon niveau, j’utilise principalement deux outils, ChatGPT et Gemini, en version payante depuis 18 mois. Je m’en sers pour écrire des courriers administratifs, dans le cadre des ressources humaines, et pour contrôler les données comptables. J’explique le fonctionnement des outils à mon équipe de 17 personnes dans les 5 agences. Je les aide à poser les bonnes requêtes, pour trouver des nouvelles idées sur des circuits ou des excursions par exemple. C’est une aide précieuse pour les jeunes qui débutent, face à des clients déjà bien renseignés. Le but est de gagner du temps et de faciliter le travail au quotidien. Dans un deuxième temps, on pourra utiliser la vidéo ».
Isabelle Jaecques, Eden Tour à Pornichet
« L’IA doit nous aider à faire évoluer le métier »
« En tant que directrice commerciale du réseau de 24 agences, je me sers de ChatGPT4 tous les jours pour la communication interne et externe, pour préparer des réunions, pour m’orienter dans le recrutement. En agence, je passe le message pour que les équipes s’en servent. Certaines salariées débutantes l’utilisent pour établir des devis à la carte sur des destinations qu’elles ne connaissent pas. Evidemment, les devis sont relus et vérifiés par la chef d’agence. Dans la phase de découverte, l’agent de voyage doit être plus pertinent que le client !
En 2025, j’organiserai des formations sur l’IA dans le but de nous faire progresser en productivité. Le temps gagné servira à faire des relances auprès des clients et de générer plus de ventes. L’IA doit nous aider à faire évoluer le métier, je n’y vois pas une menace ».
Cyrille Cafaro, Le Tour d’y Voir à Rennes
« Je reste méfiant »
« Au quotidien, je ne me sers d’aucun outil de l’IA, à part Google Traduction. J’ai eu l’occasion de tester ChatGPT lors d’une formation, mais je ne m’y suis pas vraiment intéressé par la suite.
Dans la mesure où je ne réalise que des voyages sur-mesure, et que ma clientèle vient via le bouche à oreille, je ne vois pas l’intérêt de ce genre d’outil. Je favorise la relation humaine et je fais mes recherches d’itinéraires et d’hôtels moi-même.
Mais il est vrai que je cours après le temps. Est-il possible que ces outils fassent gagner de la productivité ? Je reste méfiant, j’aimerais savoir ce dont on parle. Pour démarrer, je pourrais faire un test pour écrire des textes sur notre page Facebook ».
Olivier Chantreau, Cap Evasion et Jersey Tours à Nantes
« Je vais suivre une formation »
« Je n’utilise pas du tout les outils de l’IA car je n’y connais rien. J’ai l’impression qu’il faut d’abord apprendre à dresser ChatGPT avant de s’en servir ! Il faut dire que je n’ai plus d’agence physique et que je n’ai pas de concurrence sur la destination Jersey.
Mais l’intervention d’Arnaud Desmarest m’a permis de prendre conscience de certains usages pratiques, comme la retranscription d’entretiens et leur synthèse. En test, je pourrais demander à ChatGPT un brief sur le développement commercial de mes entreprises. Finalement, avec mon équipe de deux collaboratrices, je vais sans doute suivre une formation sur l’IA d’ici la fin de l’année avec l’aide de l’OPCO ».
Caroline Genot, Autour du Monde à La Baule
« Ce n’est pas ma priorité pour l’instant »
« Je ne me suis pas encore penchée sur l’IA. A la convention des EdV Centre Ouest à Djerba en 2023, j’ai été sensibilisée au sujet mais je ne me sers toujours pas d’outil. Je suis franchisée de moyen chez Havas Voyages, je n’ai pas de site internet.
A La Baule, nous ne sommes que quatre agences, mes clients viennent me voir car je suis connue localement. J’ai 40 ans de métier et ma collaboratrice 25. Je n’ai pas besoin de l’aide de ChatGPT pour monter un circuit.
J’apporte toute mon expérience à mes clients. Donc, l’IA n’est pas ma priorité pour l’instant, même si on me dit que cela fait gagner du temps ».
Et se poser la question de savoir comment l IA peut être une source polluante ? La consommation de CO2 générée par une simple recherche est véritablement considérable !