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Hélion de Villeneuve : « Malgré la crise, Austral Lagons n’a pas perdu d’argent en 2020 »

Le voyagiste a limité la casse grâce à un très bon début d’exercice 2020. L’année 2021 s’annonce elle aussi compliquée, d’autant que les Seychelles et l’île Maurice imposent toujours des restrictions aux touristes internationaux.

L’Echo Touristique : Austral Lagons a été discret ces derniers mois. Comment avez-vous traversé la crise ?

Hélion de Villeneuve : D’abord, avant la crise, nous avons commencé par quatre très bons mois, de novembre 2019 à février 2020. Nous avons alors enregistré la plus grosse partie de notre chiffre d’affaires pour l’exercice 2020, qui atteint 24,5 millions d’euros. C’est environ -60% par rapport à une année normale pour Austral Lagons. Sur la période de mars à octobre 2020, notre activité s’écroule de 90%… Pourtant, nous n’avons pas perdu d’argent en 2020. Dès le début de la crise, nous avons pris les dispositions nécessaires. L’hiver 2019/20 réussi (jusqu’en février), cumulé aux aides de l’Etat, à la réduction drastique de nos coûts, et à une très bonne saison estivale en Polynésie, nous permettent de ne pas perdre d’argent sur l’exercice précédent. Mais ce n’est pas une bonne année, il faut être honnête. Et nous sommes loin du million d’euros que nous espérions gagner en 2020.

Quel a été l’impact de la crise sur l’entreprise, les salariés et l’activité ?

Hélion de Villeneuve : Malheureusement, quand j’évoque les dispositions nécessaires, cela inclut également une réduction de notre masse salariale. Nous avons dû nous séparer de plusieurs salariés, dans tous les services. Mais pas de façon drastique. Nous avons veillé à préserver nos compétences et notre savoir-faire. Par exemple, aucune destination n’est abandonnée, et nous croyons toujours en certains investissements que nous avons effectués avant la crise, comme l’Amérique latine ou l’Afrique. Ce seront des relais de croissances futurs pour Austral Lagons. Mais j’ai dû assurer la pérennité de l’entreprise. Ce n’est jamais facile, mais c’est aussi le rôle d’un chef d’entreprise.  

L’Île Maurice est un véritable poids lourd pour nous (…). La destination ne devrait pas rouvrir avant le mois de juin.

2021 se présente-t-elle sous un meilleur angle ?

Hélion de Villeneuve : Je suis loin d’en être convaincu, en tout cas pour ce qui est d’Austral Lagons… Le confinement du mois de novembre nous a fait beaucoup de mal, car c’est le plus gros mois de départs de l’année pour la Polynésie. Du coup, et ça devient une habitude, nous avons dû à nouveau annuler des voyages et les reporter. Et, au niveau comptable, nous attaquons l’exercice 2021 avec un mois à zéro. Nous savons d’ores et déjà que l’hiver sera très difficile, et nous avons fais une croix dessus. Nos deux plus grosses destinations de la saison, l’Île Maurice et les Seychelles, sont fermées. Alors, quelle que soit la reprise du marché en France, s’il reprise il y a, nous ne pourrons pas enregistrer de bons résultats cet hiver.

Pourtant, certaines destinations programmées par Austral Lagons sont ouvertes cet hiver ?

Hélion de Villeneuve : Absolument, et c’est désormais ce sur quoi nous communiquons auprès de nos partenaires. L’Île Maurice est un véritable poids lourd pour nous, et nous ne pourrons pas compenser cette perte, d’autant plus que la destination ne devrait pas rouvrir avant le mois de juin (la destination accueille les touristes internationaux sous certaines conditions, leur demandant notamment d’effectuer une quarantaine de 14 jours, au moins jusqu’au 15 février, NDLR)… Ce qui coïncide avec le début de la basse saison. Donc l’Île Maurice sera absente, ou presque, de nos résultats 2021. C’est une vraie problématique pour nous, mais nous devons composer avec et changer notre fusil d’épaule. Nos efforts doivent désormais se porter sur les destinations accessibles, comme la Tanzanie et Zanzibar, La Réunion, les Maldives, Dubaï ou encore le Costa Rica. De très belles alternatives sont possibles en attendant la réouverture d’autres destinations comme le Botswana ou l’Afrique du Sud.

L’ouverture des agences de voyages serait un signe très positif pour nous.

Les agences de voyages étant majoritairement fermées, comment vendre ces voyages ?

Hélion de Villeneuve : Depuis le début de la crise, notre site Internet est fonctionnel, et notre call-center B2C est ouvert. Cela pèse un peu plus de poids qu’à l’accoutumée, de l’ordre de 10 à 12%, mais nous ne pouvons pas nous reposer dessus. L’ouverture des agences de voyages serait un signe très positif pour nous, puisqu’elles susciteraient de nouveau la demande. J’ai lu que les agences du groupe Marietton devraient rouvrir leurs portes le 11 janvier. C’est très encourageant, encore plus à ce moment-là de l’année, puisque janvier et février sont traditionnellement des périodes de réservations très fortes pour Austral Lagons. Nous aimerions que d’autres réseaux suivent. Mais je comprends qu’il soit difficile, pour les distributeurs, de prendre ces décisions. Cela implique de sortir des salariés du chômage partiel, et cela représente un risque. La distribution subit cette crise tout autant que le reste de l’industrie, et il vaut mieux se serrer les coudes en pareille situation.

Est-ce qu’Austral Lagons pourrait se rapprocher, ou être approché, par des investisseurs ou d’autres voyagistes ? Des rumeurs circulent en ce sens…

Hélion de Villeneuve : Ce n’est pas à l’ordre du jour. En tout cas, si Austral Lagons intéresse des investisseurs, je trouve que c’est plutôt flatteur pour nous. Cela signifierait que c’est une belle entreprise, qui crée de l’envie, et qui a trouvé sa place sur le marché. Quoiqu’il en soit, nous sommes prêts à traverser l’année 2021. Les réservations sont ouvertes, et, si la situation sanitaire en France comme à l’étranger est fragile, nous avons déployé tout un arsenal commercial pour favoriser l’engagement de nos clients (actuellement, l’actionnariat d’Austral Lagons est partagé entre Hélion de Villeneuve et la holding HATM (45%), présidée par Philippe Tesson, NDLR). 

La flexibilité est essentielle cette année ?

Hélion de Villeneuve : En tout cas, nous cherchons à rassurer les clients. Par exemple, nous rembourserons intégralement un voyage qui ne pourrait plus s’effectuer pour cause de confinement en France, ou de fermeture de la destination, à cause du Covid-19. Nous proposons également toute une série d’assurances, qui permettent d’être couverts et remboursés s’ils tombent malade, si un test positif ou une prise de température à l’aéroport empêche leur départ, etc… Nous devons remettre les clients en confiance.

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