Franck Gervais (Pierre et Vacances) : « Nous ne pouvons plus payer le même niveau de loyers qu’avant »
Le groupe souhaite s’assoir avec les propriétaires pour trouver des « solutions à l’amiable », souligne Franck Gervais dans une interview exclusive à L’Echo touristique.
Franck Gervais prend la direction générale de Pierre et Vacances sur fond de tensions avec les propriétaires et de gestion de crise du Covid-19. L’ancien patron Europe d’Accor appelle à l’apaisement. D’autant que pour le numéro 1 européen des résidences de tourisme, la « déferlante » n’est pas terminée. L’impact de la crise sur le groupe a déjà représenté plus de 350 millions d’euros sur le chiffre d’affaires 2020.
L’Echo touristique : 740 propriétaires réclament leurs loyers en justice. Comment allez-vous gérer ce litige ?
Franck Gervais : Nous ne sommes pas contre les propriétaires. Nous sommes dans le même camp. Le modèle économique a fonctionné pendant 50 ans. Le groupe a toujours respecté ses engagements. En 2020, nous avons honoré le versement des loyers*, sauf pendant les périodes de fermeture administrative. Aujourd’hui, la crise dépasse tout le monde. Aucun texte ni aucun contrat n’a prévu cette déferlante. Nos résidences à la montagne sont privées de remontées mécaniques, les Center Parcs d’espaces aquatiques. Pierre et Vacances a fait beaucoup d’efforts. L’impact Covid sur le groupe représente plus de 350 millions d’euros sur le chiffre d’affaires de l’an passé. Et nous avons dû mettre au chômage partiel 90% des équipes. Rendez-vous compte qu’au 1er trimestre de l’exercice en cours, du 1er octobre au 31 décembre 2020, nous avons enregistré une baisse de deux tiers de notre chiffre d’affaires touristique ! Compte tenu des périodes de fermeture administrative, notamment en novembre, nous ne pouvons plus payer le même niveau de loyers qu’avant, comparé aux années précédentes où nous étions sur des taux de remplissage à plus de 80% sur les périodes de vacances de Noël par exemple.
Donc, les termes des contrats ont été respectés en 2020, sauf pendant les périodes de fermeture administrative. Et ils changent à compter de début 2021 ?
Franck Gervais : Le périmètre de la conciliation n’est pas arrêté. Sous l’impulsion du conciliateur, les partenaires financiers seront contactés cette semaine. Au regard de la situation actuelle, il faut que nous trouvions des solutions ensemble. Nous devons nous poser, et trouver des solutions à l’amiable, compte tenu des impacts de cette crise. Car face à de telles circonstances qui nous touchent de plein fouet, tout le monde doit faire des efforts.
A date, nous estimons atteindre un taux d’occupation de 30%, pas plus.
Le gouvernement a décidé de soutenir le secteur du tourisme, notamment ceux de la montagne. Quelles aides supplémentaires demandez-vous ?
Franck Gervais : Les remontées mécaniques ont obtenu une prise en charge de 70% des charges fixes pour les entités concernées. Nous poussons pour que, sous l’égide du SNRT (Syndicat national des résidences de tourisme et des apparthotels, Ndlr), de tel dispositifs soient élargis aux hébergeurs, y compris aux plus importants. Sinon, nous ne pourrons pas honorer nos accords.
Vous avez ouvert 47 résidences, malgré l’absence de ski alpin. Quel est le taux d’occupation ?
Franck Gervais : Malgré ces vents contraires et le maintien de la fermeture des remontées mécaniques, nous avons décidé d’ouvrir un grand nombre de nos résidences de montagne depuis le 13 février. Nous observons un beau frémissement. Mais à date, nous estimons atteindre un taux d’occupation de 30%, pas plus. Le niveau de revenus ainsi généré restera insuffisant pour couvrir nos charges. Pendant les vacances de Noël, nous avions moins de 20% de taux d’occupation sur neuf résidences. Le problème n’est pas d’ouvrir ou pas, mais d’avoir des clients.
*avec loyer garanti sur la durée du bail, peu importe le taux d’occupation.
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