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Ferries : les compagnies françaises sauvées des eaux ?

SNCM, My Ferry Link, Brittany Ferries : pour les trois opérateurs, le mois de janvier a été ponctué de bonnes nouvelles. Mais est-ce suffisant pour dire qu'ils sont sortis d'affaire ?

Les départs volontaires prévus dans le cadre du redressement de la SNCM vont pouvoir débuter. Le plan qui prévoit la suppression de 515 postes a été officiellement signé début février. Une validation qui, dans le contexte des derniers mois, fait office de bonne nouvelle pour l'entreprise.

Depuis la mi-janvier, cette dernière connaît globalement une accalmie après des semaines de violente tempête. Il faut dire que le gouvernement aura pesé de tout son poids pour lui éviter un naufrage immédiat. Dès le 31 décembre, il annonce le déblocage par l'État de 30 millions d'euros d'avance de trésorerie. Le 9 janvier, il obtient la levée de la grève en s'engageant à mieux encadrer la concurrence (voir encadré) et à débuter la mise en oeuvre du plan industriel validé par les actionnaires. Conséquence : le 22 janvier, la direction de la compagnie obtient le feu vert pour entamer les négociations en vue de la construction de deux nouveaux navires.

My Ferry Link remplit ses objectifs de trafic

En attendant, c'est en Bretagne qu'une commande vient d'être passée. Brittany Ferries a annoncé le 14 janvier avoir signé pour la construction d'un des plus grands navires à gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, long de 210 mètres et capable d'embarquer près de 2 500 passagers. Un contrat de 270 millions d'euros, pour une livraison prévue fin 2016. Un peu plus au nord, janvier aura aussi été l'occasion pour My Ferry Link de présenter ses bons résultats de trafic pour 2013, première année complète d'activités pour la jeune compagnie qui a débuté ses opérations entre Calais et Douvres en août 2012. Elle revendique ainsi un chiffre d'affaires de 74 millions d'euros et une part de marché sur le détroit du Pas-de-Calais de plus de 11% sur le fret et de presque 8% sur les passagers, soit des résultats globalement en ligne avec ses objectifs.

Mais ce flot de « bonnes » nouvelles signifie-t-il pour autant que la SNCM, Brittany Ferries et My Ferry Link, toutes trois mises à l'épreuve au cours des mois et années passés, sont désormais sauvées des eaux ? Dans ce trio d'opérateurs 100% français, Brittany Ferries est manifestement celle qui s'en sort le mieux. Même si les résultats de l'exercice 2013 ne seront dévoilés officiellement qu'en mars. « Nous devrions annoncer au minimum un retour à l'équilibre financier », indique Florence Gourdon, en charge de la communication de la compagnie.

Brittany Ferries crée une centaine d'emplois

Après quatre années consécutives de pertes (70 millions d'euros au total), le plan de retour à la compétitivité initié à l'été 2012 (augmentation du temps de travail, baisse de salaires et réduction du nombre de traversées en hiver) aurait donc tenu ses promesses, aidé en outre par une nette reprise de l'activité au Royaume-Uni, qui fournit 85% des clients de la compagnie. Remise à flots, la compagnie bretonne se dit désormais prête à repartir à l'offensive. En dehors de la commande du nouveau navire, « sans aucune aide financière de l'État », précise Florence Gourdon, elle annonce ainsi le renforcement à partir de fin mars de ses rotations entre Le Havre et Portsmouth (ligne lancée l'an dernier) et la création en conséquence d'une centaine d'emplois.

Cette nouvelle a cependant laissé DFDS Seaways perplexe. La compagnie danoise, qui a absorbé la Française LD Lines l'an dernier, est présente sur Le Havre-Portmouth depuis plusieurs années. Mais elle a justement décidé d'y réduire la voilure car « tout le monde sait que cette ligne n'est pas rentable », confie une source interne. La période s'avère décidément compliquée pour DFDS, qui risque aussi de ne plus pouvoir opérer la ligne Dieppe-Newhaven à partir de l'an prochain. Celle-ci fait, en effet, l'objet d'une délégation de service public, dont les conditions de renouvellement ne collent pas au modèle économique de la compagnie. Conséquence : elle vient de rendre un dossier de candidature vide, laissant My Ferry Link seule en lice pour l'instant.

La guerre est déclarée entre DFDS et My Ferry Link

%%HORSTEXTE:1%%Entre ces deux-là, la guerre fait plus que jamais rage. La disparition de SeaFrance en 2012 avait ouvert une brèche dans laquelle DFDS s'était engouffrée. Mais la création de My Ferry Link, avec le soutien actif d'Eurotunnel, l'opérateur du tunnel sous la Manche, qui possède les bateaux de la compagnie, est venue compliquer la tâche du groupe danois. Depuis, celui-ci accuse sa concurrente française de pratiquer un dumping tarifaire pour la pousser à quitter le marché hexagonal. Résultat : les deux belligérantes perdent massivement de l'argent sur le transmanche. Eurotunnel semble pourtant bien décidé à continuer de supporter les pertes de My Ferry Link. De quoi mettre la compagnie à l'abri ? Ce serait oublier qu'elle n'en a pas fini avec la Commission de la concurrence britannique. En juin 2013, cette dernière avait interdit à ses navires d'opérer dans le port de Douvres. Mais la décision a été cassée en appel au mois de décembre, forçant la commission à réexaminer l'affaire. Le verdict est attendu en avril.

Veolia veut se désengager de la SNCM

À première vue, une nouvelle interdiction signerait l'arrêt de mort de My Ferry Link. Mais l'État français a déjà fait savoir au cours des derniers mois qu'il ne laisserait pas la compagnie couler. Un volontarisme qu'il met également au service de la SNCM, dont les déboires judiciaires apparaissent plus sérieux encore. La compagnie corse se trouve en effet sous le coup d'une condamnation de Bruxelles, qui l'enjoint de rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales. Une somme qui dépasse largement son chiffre d'affaires annuel. Paris multiplie depuis des mois les recours, mais sans perspectives de succès pour l'instant. Pour Veolia, qui détient 33% du capital et cherche depuis longtemps à se désengager, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Plus question pour le groupe de rester à bord d'une compagnie à ce point menacée. Mais qui va accepter de prendre sa place au capital ? À quelques semaines des élections municipales, voilà une question à laquelle les élus locaux corses et marseillais voudraient au plus vite apporter une réponse.

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