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Et si on arrêtait de prendre l’avion, titre Libération

C’est une Une qui interpelle nombre de professionnels du tourisme et du transport. Faut-il passer de la responsabilisation à la contrainte ? Une question dérangeante, mais d’actualité.

C’est une Une qui ne peut laisser indifférent. Mercredi 3 avril, le quotidien Libération a titré « Climat – Et si on arrêtait de prendre l’avion ». Un titre provocateur, pour annoncer un dossier de 5 pages qui pose la question suivante : pour être efficace, faut-il passer de la responsabilisation à la contrainte ? Cette question a pris une acuité particulière depuis que la compagnie low cost Ryanair a rejoint le top 10 des pires émetteurs de CO2 en Europe pour l’année 2018, estime le journal.

Désormais, inutile de se voiler la face, le ‘flygskam’, soit la honte de prendre l’avion comme la désigne les Suédois, gagne du terrain. Que faire, alors même que le trafic aérien s’accroît inexorablement ? « Quand certains décident d’abandonner ce moyen de transport, d’autres demandent aux Etats de prendre des mesures, raconte Libération. Taxation du kérosène et des billets, interdiction des vols intérieurs, quotas sur les long-courriers… Faut-il désormais imposer plutôt que responsabiliser ? L’idée fait son chemin chez les jeunes qui manifestent lors des marches pour le climat, parmi les scientifiques et au sein même du mouvement des gilets jaunes ». Le transport aérien contribue à 2% à 3% des émissions de CO2 mondiales, rappelle le quotidien, sans jamais présenter la compensation comme l’une des solutions.

Voyager mieux ?

« Face au réchauffement climatique, notre industrie est en danger », indiquait récemment dans nos colonnes Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. « Jean-François a raison, il faut donc allumer des contre-feux », réagit Julien Buot, directeur d’Agir pour un Tourisme Responsable (ATR). Pour lui, ceux qui évoquent l’hypothèse d’arrêter de prendre l’avion sont souvent des grands voyageurs. Mais la surmédiatisation du sujet est utile, puisqu’elle permet de faire avancer l’industrie. « Nous avons eu un séminaire ATR entièrement dédié à la lutte contre le réchauffement climatique, avec un représentant du GIEC, en septembre 2018, chez Michel Salaün. Notre ligne, c’est la compensation (et la rendre peu à peu obligatoire dans le label ATR, NDLR), parce que le voyage compte parmi les postes d’émissions de CO2 incompressibles. Mais on peut aussi réduire ces émissions en voyageant mieux. Nous l’assumons pleinement : nous pouvons voyager plus longtemps, et moins loin, ce qui n’empêche pas de partir à l’autre bout du monde. » L’idée serait donc d’ajouter une dimension plus exceptionnelle à nos déplacements.

Qu’en pensent les TO ? Guy Zekri, directeur général de Beachcomber Tours, est partagé : « Je pense qu’on ne peut pas lutter contre le progrès… A moins de retourner à l’époque de la bougie ! Le principal, c’est qu’il y a une prise de conscience. Mais on ne peut pas transformer une économie, qui englobe des millions d’emplois, et changer les habitudes du jour au lendemain. J’ai confiance dans le progrès, malgré les dommages collatéraux qu’il engendre. Nous trouverons les solutions. Par exemple, les plastiques sont de plus en plus interdits. Cela prendra peut-être 50 ans, mais nous trouverons les outils pour transformer notre industrie, et la planète… si ce n’est pas déjà trop tard ! ».

Linda Lainé et Florian De Paola

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