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Efficacité énergétique : l’hôtellerie face à ses obligations

La nécessité pour les hôteliers de réduire leur impact environnemental était au cœur d’une table ronde sur le salon Food Hotel Tech à Paris.

Depuis 2019, les établissements hôteliers doivent se conformer au décret tertiaire, une réglementation qui leur impose une réduction progressive de la consommation énergétique. « – 40% d’ici 2030, – 50% en 2040 et -60% en 2050 », rappelle Cyril Tomezyk, ingénieur commercial chez Enera Conseil, une entreprise qui accompagne ses clients dans la transition énergétique de leurs bâtiments.

Des enjeux réglementaires

Ce décret impose aux exploitants et propriétaires de bâtiments de plus de 1 000 m2 de déclarer annuellement leur consommation énergétique via la plateforme Operat (Observatoire de la performance énergétique, de la rénovation et des actions du tertiaire), gérée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Le non-respect de cette obligation peut entraîner une amende annuelle de 7 500 euros. Une somme qui peut sembler modeste en comparaison à une facture d’électricité d’un établissement de taille moyenne.

Alors que la date limite pour les premières déclarations avait été fixée au 31 décembre 2023, les délais ont été repoussés à plusieurs reprises. « Je pense néanmoins qu’on arrive au bout de la tolérance. Les premiers contrôles devraient débuter au deuxième semestre de cette année. En février 2024, seulement 30% du parc français avait effectué sa déclaration », résume Cyril Tomezyk conscient que « pour atteindre ces objectifs ambitieux, les hôteliers devront adopter une approche structurée ».

Des solutions pragmatiques…

Comme le rappelle Philippe Meunier, responsable marketing développement durable Europe chez Ecolab, « l’optimisation énergétique ne passe pas seulement par des rénovations lourdes, mais aussi par des gestes simples du quotidien qui, cumulés, font une vraie différence ». Il cite l’exemple de l’ajustement de la température, de la gestion du linge ou encore de l’utilisation optimale des équipements comme les lave-vaisselles. « Mesurer pour mieux réduire » est un principe fondamental selon lui.

« En tant que coopérative, nous ne pouvons pas obliger nos hôtels à agir, mais nous les incitons fortement à avancer sur ces sujets fondamentaux » indique Rachel Loison, directrice adjointe RSE de Best Western France.

« La labellisation Clé Verte est un excellent levier. Aujourd’hui, 70% de notre réseau, soit 220 établissements sur 320, est labellisé, ce qui reflète leur véritable engagement dans une démarche responsable », ajoute la responsable.

Ce label n’est cependant qu’une première étape. « Il inclut des critères stricts, dont 40% sont directement liés à la réduction de la consommation d’eau et d’énergie », précise-t-elle. Best Western France propose également des bilans carbones pour évaluer les émissions directes et indirectes, y compris celles liées aux déplacements des clients et à la gestion des déchets.

… et des technologies intelligentes

Pour Cyril Tomezyk, un premier bilan énergétique est essentiel afin d’identifier les optimisations possibles. « La technologie offre de nombreuses solutions. » Par exemple, des détecteurs de présence et des systèmes intelligents permettent de réduire automatiquement la température dans les chambres lorsque celles-ci sont inoccupées. 

Invité à s’exprimer lors de cette table ronde, Antoine Dromard, responsable du pôle hôtellerie chez Wifirst (opérateur wifi et fibre), rappelle que les équipements (wifi, téléphonie, télévision, vidéosurveillance…) dans les hôtels entraînent aussi une forte consommation énergétique. Il propose la solution « d’un réseau convergé » regroupant tous ces services sur une infrastructure unifiée pour réduire « de 30% » la consommation énergétique.

« Notre approche permet non seulement d’optimiser l’infrastructure et de réduire la consommation d’énergie, mais aussi de limiter le câblage, de libérer de l’espace technique et d’allonger la durée de vie des équipements », assure le spécialiste.

Des dispositifs financiers d’accompagnement

L’optimisation énergétique nécessite souvent des investissements importants. Heureusement, des aides financières permettent d’alléger la facture.

Parmi eux, les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), financés par les fournisseurs d’énergie ou des prestataires spécialisés. « Des aides spécifiques varient selon les régions : par exemple, dans le Grand Est, un projet de rénovation énergétique peut être financé jusqu’à 40% sous conditions », selon Cyril Tomezyk.

D’autres dispositifs, comme des subventions pouvant atteindre 50 000 euros, sont également disponibles pour des projets bas carbone en hôtellerie. Le représentant d’Enera Conseil précise également que « certaines banques proposent des prêts avantageux, voire des prêts à taux zéro (PTZ), pour financer des travaux d’efficacité énergétique ».

D’autres leviers incluent MaPrimeRénov’, accessible aux hôtels sous certaines conditions, ainsi que le Fonds Tremplin pour les PME. Bpifrance propose pour sa part des outils comme le Diag Eco-Flux, ou encore le Fonds éco-conception, qui peut financer des subventions allant jusqu’à 200 000 euros.

Un moteur de performance économique

Au-delà de la réglementation, l’engagement en faveur de l’efficience énergétique peut s’avérer un véritable atout commercial. Rachel Loison souligne que « la RSE doit venir de la direction et embarquer toutes les équipes. Lorsqu’elle est bien intégrée, elle devient un moteur de performance économique ». Selon elle, les entreprises engagées en RSE performent en moyenne 13% mieux que celles qui ne le sont pas, « depuis dix ans des études le disent ».

Elle évoque enfin l’évolution des hôtels de demain, qui, en plus d’être des lieux d’hébergement, deviennent « de véritables lieux de vie, ouverts aux habitants intégrant des activités comme des cours de yoga ou des restaurants fréquentés par les locaux ». « Cette tendance, déjà en marche, pourrait rendre la gestion énergétique encore plus stratégique pour les établissements hôteliers », conclut Rachel Loison.

1 commentaire
  1. jeremie dit

    Cette loi comme beaucoup d’autres est d’une stupidité abyssale et démontre la déconnection totale des élus avec le monde économique. Fixer un objectif de réduction de 50% de consommation énergétique à des entreprises qui faisaient deja le max pour réduire leur facture d’énergie, avec des ampoules led et la baisse de temp du lave vaisselle !!! Dans un hotel, la majorité de la conso est issue des clients (clim/chauffage), , on va fire quoi si le client veut 23 ou 24°c dans sa chambre, le virer, lui expliquer que c’est un sentiment de fraicheur? ou mettre les piscines à 15°c ?
    après, vu les prix actuels de l’Energie, les hôtels de demain ont du soucis à se faire pour arriver à garder une bonne rentabilité économique, entre chute du pouvoir d’achet et explosion des charges, seuls ceux accueillant une grosse part de clients étrangers pourra s’en sortir ..

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