Comment Lyon veut devenir la capitale mondiale de la gastronomie
Le projet de restructuration du Grand Hôtel-Dieu de Lyon a été présenté, mardi 29 mars à Paris, par le sénateur-maire Gérard Collomb. Un vaste programme qui place la gastronomie au cœur d’une stratégie de marque pour la ville et sa région.
Le classement en 2010 au Patrimoine immatériel de l’Humanité du "repas gastronomique des Français" avait initié l’idée de création de cités de la gastronomie dans des destinations portant haut les couleurs de l’art culinaire en France et travaillant en réseau. C’est ainsi que Tours, Rungis, Dijon et Lyon sont destinées, chacune à leur manière, à incarner le savoir-faire d’une gastronomie Made in France souvent bousculée, mais toujours internationalement reconnue.
Pour Lyon, ville aux 2000 restaurants (du "bouchon" au restaurant 3* Michelin) à la longue tradition culinaire, dont Paul Bocuse est sans doute l’illustre ambassadeur, le challenge dépasse bien le simple projet de Cité gastronomique. Voici la recette d’un projet structurant en 5 ingrédients :
Un patrimoine historique revalorisé
La future Cité Internationale de la Gastronomie (CIG) de Lyon ouvrira fin 2018 dans le Grand Hôtel-Dieu, dont les travaux de transformation menés par le groupe Eiffage ont débuté en janvier 2015. Ce site couvrant une superficie de 2 hectares est un patrimoine architectural de la cité lyonnaise, classé aux Monuments Historiques. Il aura vocation à s’inscrire dans une continuité historique et à s’ouvrir dans la ville.
Le bâtiment, qui a connu de multiples ajouts depuis sa construction au XVIe siècle, verra ses différents espaces aménagés pour donner vie à la CIG, mais également à des boutiques scénarisées à la manière d’étals de marché, de restaurants, d’un hôtel InterContinental 5* ou encore d’un centre de convention. Pour le visiteur, ce sera un parcours tantôt à ciel ouvert avec la cour du cloître, tantôt dans des architectures aux décors savamment préservés.
Un patrimoine culinaire expliqué
La Cité Internationale de la Gastronomie proposera à la fois des espaces permanents de découvertes et des expositions temporaires. Le lieu invitera tout d’abord à suivre le "Parcours du goût", dont la première étape sera l’histoire de l’alimentation de l’homme, suivie de l’évolution des cuisines du monde, des expériences sensorielles (que le visiteur pourra tester), à l’art de mettre la table. Chaque année, deux expositions temporaires mettront en lumière un produit et une destination. Les premiers élus pour 2019 seront le blé et le Japon.
Un pôle de compétence organisé
Au-delà de la vocation touristique et pédagogique du projet, c’est son intégration dans un pôle de compétence déjà existant qui est aussi structurant. La Cité de la Gastronomie s’intégrera en effet dans un éco-système vivant, constitué d’événements (de la Biennale du goût, des Bocuse d’Or, au salon professionnel Sirha, en passant par le Salon de l’Agriculture de Paris), d’une filière constituée de producteurs agricoles et viticoles et des industries touristique ou de l’agroalimentaire, ou encore de lieux d’enseignements tels que l’Institut Paul Bocuse ou l’école Tsuji.
Un terreau pour des échanges internationaux
Outre les contenus ludiques et expérientiels de l’espace muséal, les apports en termes de savoir et de recherches ne seront pas oubliés dans ce lieu placé sous la thématique de la nutrition et de la santé. Pour le professeur Martine Laville, présidente de centre européen nutrition-santé, la Cité internationale de la gastronomie doit faire la synthèse entre plaisir et santé, entre nutrition et gastronomie. Elle y contribuera tout au long de l’année en accueillant scientifiques et chercheurs internationaux qui plancheront lors de workshops ou de conférences sur l’évolution des pratiques alimentaires ou encore l’impact des aliments sur le corps.
Une destination événementielle avérée
Avec 5 millions de touristes chaque année, dont beaucoup de voyageurs d’affaires, Lyon Métropole bénéficie d’ores et déjà de la visibilité d’une ville-marque portée par l’identité Only Lyon. En termes d’infrastructures, l’aéroport international Saint-Exupéry, les quelques 17 000 chambres d’hôtels intra-muros, les 5 principaux lieux événementiels (Centre des Congrès, Eurexpo, Double Mixte, Espace de la Tête d’or, et Halle Tony Garnier), sans compter le Musée des Confluences et le tout nouveau stade de l’Olympique lyonnais ou les manifestations comme la Fête des Lumières sont déjà au compte de l’attractivité touristique du territoire. La Cité Internationale de la Gastronomie sera donc, à partir de 2019, un nouvel outil à mettre en avant pour les professionnels du tourisme et de l’événementiel pour drainer de nouveaux visiteurs dans la capitale des Gaules.